Des textes, des images, des vidéos … donnant un point de vue sur le travail et que la Compagnie souhaite partager. Certains sont carrément des coups de coeur.
C’était au Cinéclub CNAM – Travail & Cinéma le 30 mars 2023.
L’objectif du Cinéclub CNAM Travail et Cinéma : explorer le travail à partir d’un choix de films qui, non seulement éclairent des processus complexes, mais révèlent des aspects du travail peu accessibles autrement. Le 30 mars 2023, c’était « Droit dans les yeux », un documentaire de Marie-Francine Le Jallu
Un atelier d’écriture autour de métiers hautement improbables et incontrôlables
À partir de « L’astiqueur de flaques d’eau »
L’astiqueur de flaques d’eau et autres métiers incongrus. D’Anne Kovalevsky, conteuse lyonnaise, illustré par Gaël Dod, Croix-Roussienne, autrement dit originaire de la colline de la Croix-Rousse, à Lyon. Jacques André Éditeur – 2008
Pris dans l’engrenage du quotidien, vous n’osez rêver à un autre métier, une autre activité ? Gardien de nuages, Effeuilleur de marguerite, ou Berceur de marmotte sont des professions hautement poétiques. Si l’on entre dans le monde de ces deux enthousiastes conseillères d’orientation plutôt originales, tous ces métiers, rarement rémunérateurs, sont accessibles à condition d’une bonne endurance physique, de capacité à la rêverie ou d’une solide formation. Bien sûr, ils ne sont pas très connus des patrons du CAC 40 ni des journalistes des Échos, ils méritent pourtant d’être popularisés auprès des élèves de 3ème ou même de Terminale. D’ailleurs, pour les personnes intéressée un catalogue des centres de formation figure à la fin du fascicule. Ce livre m’a inspiré un charmant atelier d’écriture. Chaque mois, entre trois et sept personnes se retrouvent à Grigny, non loin du Rhône, dans l’arrière-salle d’un petit café joliment intitulé L’heure du Goût-Thé. Après avoir lu quelques extraits du livre, nous avons cherché ensemble d’autres métiers tout aussi poétiques. Nous avons trouvé : Éducateur de Doudous, Arpenteur de rues en impasse, Verdoyeur de nature, Polisseur de galet, Contrôleur de râleurs et même Gardien de mouche !
Débat avec les économistes Pierre-Yves Gomez et Thomas Coutrot, sur les enjeux du travail aujourd’hui
Le Collège des Bernardin, qui a organisé ce débat le 27 avril dernier, en propose la vidéo en ligne sur sa chaîne YouTube. Une heure à la fin de laquelle on se dit : ‘c’est déjà fini! »
Les deux intervenants écornent quelques idées reçues, notamment sur le fait que l’on travaillerait de moins en moins au cours d’une vie, que des outils performants suffiraient à préserver la santé, que les travailleurs ne seraient pas capables d’évaluer la qualité de leur travail, ou que ce seraient les normes qui feraient marcher les entreprises alors que c’est l’activité réelle déployée par les travailleurs, souvent envers et contre ces normes, telles que le taylorisme et ses avatars contemporains.
Un ouvrage co-écrit par Philippe Zawieja, co auteur en 2015 du Dictionnaire des risques psychosociaux, et Jean Francois Marmion, avec en plus les dessins de Mademoiselle Caroline. Un choix éditorial original pour transmettre de la connaissance sur un sujet complexe. La forme de BD rend la lecture fluide et claire. L’objectif de pédagogie est atteint et c’est important sur un sujet sur lequel chacun peut avoir un avis. Le lecteur suit Lucie, Théo et Anne pour explorer ce qu’est le burn out, forme ainsi dénommée d’épuisement professionnel. Quels en sont les symptômes ? Quelle en est l’origine ? Quelle part établir entre des notions proches mais à ne pas confondre comme le harcèlement ou le stress ? Au-delà de la définition indispensable du contour de cette notion, l’ouvrage évoque les modalités de diagnostic et de soin, sans omettre de signaler les solutions fausses ou limitées. Voilà un ouvrage sérieux qui aborde avec discernement un des maux du travail, pour apprendre à le repérer chez les autres et à s’en sortir sans pensée magique.
Une lecture de l’ouvrage par François, des échos picorés par Christine dans les récits que nous avons publiés
La pandémie qui se déclare aux premiers jours de 2020 a-t-elle conduit à des modifications radicales de nos existences et plus particulièrement des conditions de travail de millions de salariés ? Nombre d’études ont été consacrées aux personnels des hôpitaux publics qui ont été largement soutenus notamment lors du premier confinement (mars – mai 2020). Eloges des pouvoirs publics et applaudissements chaque soir à vingt heures exprimaient tout à la fois notre admiration pour leur engagement mais aussi l’espoir de voir ces équipes vaincre un mal terrifiant. De même, les effets du télétravail contraint ont été largement documentés tant dans leurs dimensions professionnelles que familiales.
Roman initiatique ? Poème épique en trois parties, 64 chapitres et 363 pages ? Traité technique ou documentaire ? Tout cela à la fois. L’apprentissage occupe le premier tiers de l’ouvrage. Le mécano, dès sa formation, une école de la soumission, est initié par un moniteur critiqueur, qui fait peur. Mais après 95 candidatures, quand il ne reste que douze personnes en formation, réduites ensuite à quatre conducteurs ayant réussi l’examen, ce formateur se révèle être un homme au grand cœur. Il devient enfin humain.
Soirée de lancement du livre le 4 avril 2023 à Paris
Les tribunes réunies dans ce livre ont été publiées dans la presse à partir du début de la pandémie de Covid-19, et jusque fin 2022. C’est alors aussi que se créaient les Ateliers pour la refondation du service public hospitalier, auxquels s’est associée la Compagnie Pourquoi se lever le matin !, réalisant et publiant une quarantaine de récits de travail avec les acteurs du soin. On trouvera notamment dans ce dossier les récits de deux auteurs du livre, Philippe « Vu d’en haut, du moment qu’on opère les gens tout va bien » et Fabienne « Chercheuse engagée dans la cité« .Nous les retrouvons aujourd’hui avec la parution de ce livre, chez Hémisphères éditions, revendiquant l’accès à des soins de qualité, défendant un service public au service du public, hors marché. La soirée de lancement du livre se tiendra, en présence des auteurs, le 4 avril de 18h30 à 20h30 chez l’Éditeur (3 quai de la Tournelle – Paris V°)
Un livre où Corinne Gaudart et Serge Volkoff éclairent les mécanismes de la « culture de la hâte », et ses effets
Note de lecture
Éd. Les Petits matins – 18€
Au fil de ce livre, nous déplions les multiples aspects de la dimension temporelle du travail. Son premier mérite, et non des moindres, est de partir de l’activité. Ainsi, chaque chapitre du livre commence par le récit de situations que les auteurs, ergonomes, ont observées et analysées. Puis ils décortiquent les conséquences de la culture de la hâte et les stratégies, individuelles et collectives, qui permettent que le travail se fasse, malgré tout, et trop souvent au détriment de la santé. Ils croisent ces histoires singulières avec les tendances statistiques liées par exemple à l’âge, ou au contrat de travail, qu’il soit CDI, saisonnier ou en intérim. Ils tracent des pistes sur les conditions qu’il faudrait réunir pour la santé des travailleurs, tout au long de leur carrière, et pour la qualité de leur travail. Conditions qui sont généralement incompatibles avec la culture de la hâte.
Où l’on découvre le récit hallucinant du travail des domestiques, par Alizée Delpierre
Note de lecture
Ed. La découverte. 200p – 20€
« Penser l’envers des faits, c’est donner à voir les ressorts les mieux dissimulés du monde social, en restituant toute son épaisseur humaine ». Tel est le projet de la collection « L’envers des faits » co-dirigée par Pascal Pasquali et Fabien Truong au sein des éditions « La Découverte ». L’ouvrage d’Alizée Delpierre illustre ce projet de manière exemplaire. Dans les représentations que nous avons des personnels au service des familles les plus fortunées, nous entrevoyons des femmes et quelques hommes vêtus très strictement : robes noires et tablier blanc pour les unes, queue de pie pour les autres. Nous les imaginons, dans des immeubles haussmanniens, assurant, avec une discrétion absolue, mille et une activités.
La chronique « ouvrez les guillemets » du 20 février
C’est en ligne et en accès libre sur Médiapart. Retour sur l’augmentation des accidents mortels du travail :+33% en 2019, dans la chronique vidéo de Usul et Ostpolitik (15 mn). Et retour sur les dernières années qui ont vu les conditions de travail se détériorer et les CHSCT disparaître. A suivre, avec la parution le 10 mars prochain de « l’hécatombe invisible » de Matthieu Lépine, animateur du compte twitter « Silence des ouvriers meurent »
Quand la vraie vie, chômage des seniors, montant réel des retraites, quotidien du travail… est en contradiction flagrante avec une réforme des retraites annoncée au nom de la « justice » et du « progrès », ça ne passe pas. À lire ici, sur le blog de Jean-Marie
Trois ans d’un travail chamboulé par l’épidémie et ses suites pour finir sur la réforme des retraites. En empruntant le plus court chemin à dominante budgétaire, c’est comme si tout ce qui nous arrive dans le travail au fond n’existait pas. On ne retient que l’équilibre comptable fondé sur un déséquilibre social.
Le plus lourd dans l’affaire, c’est l’oubli du travail, de tout ce qu’il représente, tant dans son organisation que dans ses conditions. La toise des 64 ans avec quelques menus aménagements est une réponse hors du travail réel. Cela, alors que l’on sait combien les métiers et les salariés du back-office sont à la peine au sens propre. Cela, alors que l’on sait la part des conditions de travail, des contraintes physiques ou psycho-sociales dans de nombreux métiers en difficulté de recrutement, sans parler même des rémunérations. Cela, alors que les toutes premières mesures d’âge concernent les salariés, hommes ou femmes, dont on se sépare couramment bien avant 60 ans. De tout cela, il n’est guère question ou alors si peu. La suite, à lire ici, sur son blog
Avant les années 80′, la précarité était surtout associée à l’exclusion sociale et à sa conséquence la plus dramatique : les sans-abri. Si la marginalité était majoritairement subie, elle était néanmoins choisie par certains adultes rétifs à toute subordination patronale, à la vie réglée par une bureaucratie rigide et par son triptyque : « Métro – Boulot – Dodo » . Elle était vécue par nombre de jeunes adultes au sortir de leur formation comme une période transitoire avant l’accès à un CDI. Si aujourd’hui le modèle fordien de l’emploi – un emploi à durée indéterminé assuré durant toute la carrière dans la même entreprise – demeure encore majoritaire, il s’effrite. Pour saisir les multiples formes du précariat durable contemporain, Nicolas Roux conduit une enquête auprès de deux populations : d’une part des salariés agricoles œuvrant au fil des saisons dans les vignobles et maraîchages en Languedoc-Roussillon et d’autre part des artistes intermittents domiciliés en milieu urbain. Grâce sa méthodologie – des entretiens conduits à quelques années de distance avec un échantillon stabilisé de personnes – l’auteur est en mesure de mettre à jour les motifs de l’entrée en précariat. En outre, il éclaire finement les voies et moyens que mobilisent ces deux groupes pour résister à l’incertitude née de la discontinuité des emplois.
Le livre de Scarlett Salman est un grand livre de sociologie consacré à un phénomène de plus en plus répandu : le coaching. A partir d’une recherche engagée depuis le début des années 2000 et ayant conduit à l’écriture d’une thèse, l’analyse de Scarlett Salman, fondée sur un important terrain qu’elle sait nous faire partager, est d’une grande finesse. Issu des conséquences plus ou moins proches du « nouvel esprit du capitalisme », le coaching, avec son trio prescripteur RH-coach-coaché est analysé et mis en scène dans tous ses états. Le riche terrain de la sociologue illustre les modulations de ces relations avec un verbatim abondant et bien choisi. Le processus du coaching est disséqué dans toutes ses dimensions.
Le Centre de Recherche sur le Travail et le Développement (CRTD) et le Laboratoire Interdisciplinaire de Sociologie Économique (LISE) organisent et animent un ciné-club au CNAM autour du travail, à partir d’un choix de films et de documentaires qui mettent en lumière des aspects du travail peu accessibles autrement. Ce 20 octobre, c’était un documentaire de 2019 : « Nouvelle cordée », suivi d’un débat avec les participants.
L’épisode du 24 juin de « Entendez-vous l’éco ? », sur France Culture
« Après deux ans de covid, notre rapport au travail semble avoir profondément changé. De plus en plus de jeunes, et des moins jeunes, réclament des emplois qui ont du sens, de meilleures conditions de travail et des salaires qui reflètent leur utilité sociale. »
Deux sociologues et un économiste en débattaient ce 24 juin, à partir de la question : « qu’est-ce que le travail ? ». A écouter en podcast sur le site de France Culture
Un colloque “Consentir? Pourquoi, comment et à quoi ?” a eu lieu les 9 et 10 juin 2022 à l’ESCP Business Europe. J’y suis intervenu avec mon complice Jean-Marie Charpentier dans le cadre d’une table ronde, présidée par Michel Lallement du CNAM, intitulée Consentement dans l’organisation et le travail.Notre communication à deux voix avait pour titre Communication en entreprise et consentement. Jean-Marie y intervenait en tant que représentant de l’Afci (association française de communication interne) et moi en tant que représentant de l’APSE (association pour la sociologie de l’entreprise).
Dans les entreprises, les managers, comme les communicants, ont souvent pour mission de «faire passer le message » de la direction dans ce qu’on appelle, souvent par abus de langage, des « stratégies de changement » à coups de « kits de communication », destinés à décliner celui-ci aux différents publics… que l’on considère alors comme des « cibles ».
Extrait » … Ces pratiques de dialogue dans le travail prennent un sens particulier dans une période post-pandémie qui fait bouger les unités de temps, de lieu et d’action. En tenant compte de leurs limites (pérennité parfois problématique, instrumentalisation fréquente…), on est là malgré tout face à une logique inverse de celle fondée sur la seule transmission qui a occupé toute la place dans le management et la communication. On voit bien que la question de la soutenabilité et du consentement au travail est de plus en plus liée avec le fait de se mettre d’accord et avec le pouvoir d’agir sur le cours des choses … »
« Un management public sous l’influence du privé » : c’est à écouter sur le site de France Inter, dans Entendez-vous l’éco ? Comment le New Public Management désorganise le travail des fonctionnaires, à l’hôpital et ailleurs. Avec un détour par le statut des fonctionnaires, comme garant de leur autonomie dans le travail et du service rendu. Des éclairages apportés à ce que les travailleurs de la santé expriment dans leurs récits de travail (ici sur notre site). A lire en complément, l’article de Julien Vernaudon publié par Le Vent Se Lève : Le poison de la novlangue managériale dans l’hôpital public ; de ce « langagement » destiné à enrôler les soignants dans ce nouveau management.
Une conférence de l’APSE, avec les interventions de Jacques Viers et Jean-Marie Charpentier, co-auteurs du livre que nous vous présentions lors de sa parution.
Parution le 18 02 2022 aux Editions Amsterdam 192 pages – 12 €
Quelles conséquences des nouvelles technologies sur le travail, sur la quantité d’emplois mais aussi sur leur qualité ? Les machines ont-elles remplacé les ouvriers ou leurs emplois sont-ils partis ailleurs ? Les nouvelles technologies poussent-elles à la déqualification, ou est-ce le contraire ? Quelles conséquences sur l’intensification du travail, notamment dans les « usines à colis » de la logistique, secteur employant aujourd’hui beaucoup plus de salariés que l’automobile ? Les nouvelles technologies sont-elles seules responsables des évolutions du contrôle managérial et l’ubérisation des emplois ?
Des échos de la journée de rencontre du 28 février 2022
Le 28 février se tenait une journée de rencontre organisée autour de l’hôpital public, partant du clivage des univers de travail entre l’hôpital vu d’en haut… et l’hôpital vu d’en bas. Les échanges ont largement fait écho aux récits de travail engagés par la Compagnie avec les Ateliers pour la refondation du service public hospitalier. Que ce soit par leur contenu, voir notamment le récit « Vu d’en haut, du moment qu’on opère les gens, tout va bien« , ou par la diversité des acteurs impliqués dans ce projet. François participait à cette journée pour la Compagnie. Il nous la raconte.