Les dernières nouvelles de la Compagnie – février 2023

Nouveaux récits de travail, réflexions sur la réforme des retraites, partenariat avec l’ITMD autour de « travail et invisibilité », rencontres de Travail&Culture, note de lecture…

Trois nouveaux récits dans le thème « Travail et territoire« 

Quand nous avons créé la librairie, nous avions envie de permettre aux habitants de fréquenter une librairie indépendante. C’est important pour une ville, surtout quand le livre peine à diffuser dans les écoles, les collèges ou les maisons de quartier, quand les budgets pour le livre sont très serrés.” : « Libraire engagée dans la ville”, le récit d’Agathe, co-gérante de la librairie de l’Embarcadère à Saint-Nazaire. Où elle raconte leur travail d’animation des comités de lecture (littérature, féministe, jeunes…), où elle observe la ville “La population de Saint-Nazaire est en train de changer…”.  


C’est vrai qu’il y a une certaine fierté. J’ai envie de dire : Voilà, je travaille là…«  Magali travaille sur le site du terminal méthanier de Montoir-de-Bretagne. Elle raconte son parcours professionnel : “j’ai postulé au terminal méthanier de Montoir-de-Bretagne comme assistante de secrétariat. Très vite, je me suis un peu ennuyée. […] Le travail auquel on me formait consistait à pouvoir intervenir sur de la maintenance préventive ou corrective. Après avoir été certifiée, je suis arrivée un beau matin dans l’équipe. J’étais devenue électricienne. Aujourd’hui, je suis administratrice…

Pour Claudie, employée aux impôts à Saint-Nazaire, Les usagers ont besoin d’être autre chose qu’un cas parmi d’autres je ne m’y reconnais pas dans la façon de faire : un collègue, à l’entrée, essaye de dégager un maximum de gens en les renvoyant sur internet. […] plus les gens sont dans la difficulté, moins ils sont en capacité de demander de l’aide dans leurs démarches. Ils n’ont pas la tête à aller tapoter sur impot.gouv. Ce serait tellement plus facile de se déplacer et de dire : « Ça ne va pas, je veux rencontrer quelqu’un. » Ce à quoi on me rétorque : « Tu n’es pas là pour être assistante sociale ». […] cela me semble relever d’un mépris des classes populaires.”

A paraître prochainement, les récits de Corinne, bibliothécaire à la médiathèque des Chantiers de l’Atlantique, Marie, assistante sociale à la communauté des Compagnons d’Emmaüs, Catherine, chauffeure de bus à la Société des Transports de l’Agglomération Nazairienne

Le travail en débat : réforme de la retraite, ou comment marchandiser le travail 

Un billet, par Pierre et Olivier
[…] L’actuel projet de réforme des retraites correspond à un projet de société où les temps de vie ne sont considérés comme « utiles et productifs » que lorsqu’ils relèvent de la subordination au monde de la finance, à la hiérarchie sociale et à des inégalités considérées comme constitutives de l’ordre économique et social. […] Cet ordre économique, réduisant le travail à une marchandise qu’on achète ou qu’on vend sous forme de prestations, ignore sa réalité et sa complexité, et finalement ignore sa composante humaine. Cette déshumanisation du travail qui finalement le détruit, abîme les femmes et les hommes, mais ne menace-t-elle pas aussi notre capacité collective à faire face aux urgences écologiques et sociales ? Billet à lire intégralement ici

Sur ce sujet, où de nombreuses voix se sont élevées pour rappeler l’impérieuse nécessité de résoudre la crise du travail et d’en améliorer les conditions, plutôt que de rallonger brutalement la durée de la vie professionnelle, voir aussi les dernières parutions du blog de notre ami Jean-Marie Charpentier

Partenariat entre la Compagnie et l’ITMD (Institut du Travail et du Management Durable) : une première pierre autour de la question “Travail et Invisibilité”

Nous nous sommes rencontrés et nous sommes convenus qu’entre “Mettre en mots des histoires de travail” et “Le lieu de controverse sur le travail”, nous avions un centre d’intérêt commun, le travail réel, et des pistes de coopération.
C’était en novembre 2022. L’ITMD préparait, avec le CRTD du CNAM, une journée d’étude sur le thème Invisibilité et Travail. Une belle journée qui s’est tenue le 20 janvier, où nous avons pu apporter de nombreux extraits de récits de travail faisant écho à ce thème, dont plusieurs ont été dits par un comédien pendant la journée. Voir ici le compte rendu de la journée, dont la pluridisciplinarité a fait la richesse. Voir aussi travail et travailleurs invisibles versus tyrannie de la visibilité, l’intervention que Christine a présentée, pour la Compagnie.

Écrire et dire le travail : quatrièmes rencontres de l’association « Travail et Culture » à Lens

Pierre, au titre d’auteur de « L’urgence c’est de vivre », était invité à cette rencontre, intitulée « Écrire et dire le travail ». C’était le 30 novembre dernier.
Échanges avec une assistance où figuraient peu de salariés et de militants sociaux mais beaucoup de gens qui parlent du travail. La variété des interventions a été à l’image de la multiplicité des points de vue qui, sur la question du travail, s’entrecroisent et se superposent. Parle-t-on de l’emploi ? de la tâche ? de l’activité ? du métier ? des conditions de travail ? 
Encore une raison de lire le très intéressant livre de Marie-Anne Dujarier « Troubles dans le travail ».

La précarité durable – Vivre en emploi discontinu – Nicolas Roux

Note de lecture proposée par François
Avant les années 80′, la précarité était surtout associée à l’exclusion sociale et à sa conséquence la plus dramatique : les sans-abri. Si la marginalité était majoritairement subie, elle était néanmoins  choisie par certains adultes rétifs à toute subordination patronale, à la vie réglée par une bureaucratie rigide et par son triptyque : « Métro – Boulot – Dodo » . Elle était vécue par nombre de jeunes adultes au sortir de leur formation comme une période transitoire avant l’accès à un CDI. Si aujourd’hui le modèle fordien de l’emploi – un emploi à durée indéterminé assuré durant toute la carrière dans la même entreprise – demeure encore majoritaire, il s’effrite. Pour saisir les multiples formes du précariat durable contemporain, Nicolas Roux conduit une enquête auprès de deux populations : d’une part des salariés agricoles œuvrant au fil des saisons dans les vignobles et maraîchages en Languedoc-Roussillon et d’autre part des artistes intermittents domiciliés en milieu urbain. … lire la suite

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Les dernières nouvelles de la Compagnie – janvier 2023

Nos publications, nos discussions, nos projets, nos lectures, on vous dit tout dans ces dernières nouvelles de la Compagnie Pourquoi se lever le matin !

Deux nouveaux récits dans le thème « Travail et territoire »

Monument à l’abolition de l’esclavage – Saint-Nazaire

« Quand les lycéens découvrent leur ville », le récit d’Amaury qui enseigne l’histoire et la géographie au Lycée Aristide Briand de Saint-Nazaire.
Extrait :  » Lorsque j’aborde les questions au programme d’histoire et géo, comme l’urbanisme, l’industrialisation ou la Seconde Guerre mondiale, le cas de Saint-Nazaire s’impose comme une évidence. Les élèves comprennent ce que le mot industrialisation veut dire, ils ont aussi la possibilité de voir l’ancienne base sous-marine, les traces de la guerre et du passé. « 
« Ici, accueillir, c’est dans l’ordre des choses« , le récit de Claire, salariée dans une association nazairienne qui accueille des sans-abris et les oubliés de la société.
Extrait :  » Notre vocation n’est pas de mettre en place des dispositifs de réinsertion. Si on peut aider les gens dans la difficulté, on le fait. À partir de là, ils cheminent… ou pas. Il n’y a aucune obligation de cheminer. S’ils ne veulent pas donner leur nom ni leur prénom, ils ne le donnent pas. Simplement, ils peuvent venir dans ce lieu vivant et ouvert« .
Retrouvez l’intégralité de ces textes dans ce dossier, où paraîtront prochainement les récits d’Agathe – co-gérante de la libraire associative « L’Embarcadère » à Saint-Nazaire, Tony – salarié chez Airbus à Montoir et Magali – salariée au terminal méthanier de Montoir

Quand les mots du travail font débat

Il nous arrive régulièrement, au sein de la Compagnie, de buter sur des mots. Que faire avec ceux qui ont été embrigadés par la novlange managériale, comme gouvernance, performance ou efficience (1) ? Comment s’accorder sur le sens d’un mot que chacun voit à sa manière ? La « norme », par exemple, ne convoque pas les mêmes représentations selon que l’on est ingénieur, sociologue, ergonome, enseignant, psychologue, DRH ou animatrice d’ateliers d’écriture. Il en va ainsi de bon nombre de vocables qui traversent nos récits de travail.
Face à cette difficulté, nous avons engagé un travail de glossaire (2). Nous avons choisi une vingtaine de termes, chacun étant mis en lumière par une des personnes de notre collectif, à partir de son propre point de vue, ou de son histoire, dans ce maquis polysémique. Il ne s’agit en aucun cas d’un essai de synthèse de définitions académiques.C’est pour nous une manière d’engager la discussion. Affaire à suivre…

(1) On trouvera une liste édifiante de mots en « ance », « ence » ou « ing » dans cet article : « Le poison de la novlangue managériale dans l’hôpital public » – J Vernaudon – LVSL avril 2022
(2) Inspirés par l’expérience que nous en avions faite, avec les Ateliers pour la refondation du service public hospitalier, autour des mots du soin

Des enjeux, inconvénients ou avantages à être visible, ou à se rendre invisible : on en parle le 20 janvier au CNAM

Nos récits de travail sont riches en propos sur la visibilité ou l’invisibilité du travail et du travailleur. Pour certains, c’est le propre de leur métier. Pour d’autres, l’organisation ne veut pas, ou n’est plus capable, de voir le travail. La machine de gestion fabrique de l’invisibilité du travail. Les statuts fabriquent l’invisibilité de certains travailleurs. Alors que le travail réel a besoin tout autant de se donner à voir que de protéger de l’invisibilité.
Dans le cadre du partenariat entre l’ITMD et la Compagnie Pourquoi se lever le matin !, des extraits de récits seront lus pendant la journée

L’inscription est gratuite mais obligatoire, ici, sur le site de l’ITMD

Aux bons soins du capitalisme : le coaching en entreprise

Qui n’a entendu cette histoire du cadre partant négocier chez son chef des moyens, ou des renoncements, et en ressortant avec une ordonnance de coaching ? Cette pratique est devenue monnaie courante dans les grandes entreprises. Scarlett Salman, chercheuse en sociologie, l’a analysée.

À lire, ici la recension de l’ouvrage par Jacques

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