P.S. « Même ceux qui auraient aimé effectuer plus de télétravail me disent combien ils sont contents de revenir sur le site, de retrouver leurs collègues »

Zoé, Chef de service dans une ONG internationale, représentante du personnel

Parole de mai 2022, collectée par Jacques, mise en texte par François

Ce texte est un post-scriptum au récit publié en juin 2020 : “le télétravail a supprimé toute créativité et fait du mal au collectif “ 

Avec près deux ans de recul, j’affirme que le télétravail nuit au collectif de travail. Nous ne sommes pas une entreprise de trois cents salariés mais une association qui réunit environ quatre-vingt-dix personnes, toutes basées à Paris. A mes yeux, le travail à distance porte atteinte aux liens entre les différents métiers ; il contribue à des cloisonnements qui sont dommageables. Depuis deux ans, hors des périodes de strict confinement, chaque responsable de service ou de pôle est invité à rassembler son équipe au siège au moins deux jours par semaine. Ces collectifs de cinq à vingt personnes n’ont pas trop souffert du télétravail, mais notre grand collectif oui.

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Il faut se prémunir des « cimetières mentaux »

Laurence, chargée d’évaluation des politiques publiques

Parole du 7 avril 2022, mise en texte par François

Shiva s’épuise

Quand le confinement de mars 2020 a été annoncé, nous étions techniquement bien préparés. L’agence de la transition écologique (ADEME) avait déployé dès 2018 de nombreux outils numériques dont des applications de travail collaboratif, des dispositifs de visio-conférence, des rencontres et webinaires internes de toutes sortes et des démarches d’amélioration continue et de développement personnel, ainsi qu’une progressive dématérialisation des contrats d’aide aux entreprises. Nous disposions en outre déjà d’ordinateurs portables. A mon domicile, je suis équipée depuis trois ans d’un écran et d’un fauteuil ergonomique (achetés à mes frais) car, comme nombre de mes collègues, je télé-travaillais un jour par semaine. Avec nos prestataires, nous échangions déjà chaque semaine par téléphone et ne nous déplacions guère, histoire d’améliorer le ratio : « temps/homme » qui revient très cher à l’État.

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Contre l’isolement : le « Café des Geeks »

Julie, chargée de recrutement

Parole du 4 mars, mise en texte par François

Entretien de recrutement

L’entreprise dans laquelle je travaille depuis un peu plus de quatre ans assure des services et du conseil en informatique. Elle rassemble un peu moins de deux cents personnes, essentiellement des ingénieurs et des administrateurs basés en région parisienne. Le cœur de mon emploi, c’est l’identification des besoins en personnel qu’expriment les différents services techniques et ceux à vocation transverse tels le marketing, la communication, le juridique…

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Débrancher sa caméra en visioconférence : ce n’est pas qu’une affaire de débit internet

Pascale, coach et facilitatrice en intelligence collective.

Parole du 15 décembre 2020, mise en texte avec Roxane

Le télétravail, c’est paradoxal pour moi. Je peux en dire tout et son contraire. Il est outil d’équilibre et de déséquilibre individuel et collectif. Tout le monde est très content que cela se mette en place, mais il y a des travers sur le plan social et psychologique qui ne sont pas encore analysés. 

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P.S. D’ici l’année prochaine on va perdre beaucoup de clients.

Véronique, responsable d’un service de gestion des payes en sous-traitance

Parole du 15 novembre 2020, mise en texte avec Roxane. Post-scriptum au texte de Véronique du 15 Juin 2020 : “gérer des payes dans la cacophonie de la crise sanitaire”

Au premier confinement le président de la République avait  balancé : «Tout le monde reste à la maison, en télétravail ou pas».  À la suite du déconfinement, autour du 11 mai, j’ai repris le travail complètement au bureau. À mon grand soulagement. Au deuxième confinement le même président a dit : “Tout le monde travaille, avec une option sur le télétravail si c’est possible”. C’est devenu une obligation. Sauf pour les entreprises industrielles, métallurgiques et artisanales.    

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Quand la distance conduit à repenser comment on travaille ensemble

Corine, directrice du Centre Associatif de Vénissieux

Parole du 3 juillet 2020, mise en texte avec Martine et Christine

Quand le confinement est arrivé, les huit salariés du Centre sont passés prendre ce dont ils avaient besoin pour travailler : nos ordinateurs portables et des dossiers sur nos clés USB. L’un de nous a emporté le serveur fixe chez lui, pour gérer les envois de dossiers. Je me demandais bien quelles activités nous pourrions mener avec les associations si tout était fermé.

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“A l’avenir, il va falloir compter avec l’autonomie dont ont fait preuve les salariés pendant la crise et se baser davantage sur la confiance”

Bruno, responsable d’audit dans le secteur financier

Parole du 3 juillet, mise en texte avec Jacques

Je suis responsable d’audit dans le secteur financier. Je couvre un périmètre constitué d’une quinzaine de pays, le plus souvent dans des pays émergents. Mon job principal c’est de piloter, animer et coordonner les équipes d’audit dans ces différents pays. J’ai aussi en charge la supervision de missions d’audit réalisées et dont le « terrain de jeu » est international. Ils sont “multi-pays” et “multi-métiers” et travaillent sur demande de la Direction générale. Enfin, comme membre du comité de Direction, je contribue au pilotage stratégique et opérationnel de l’activité dans de nombreux domaines. L’essentiel de mon activité c’est de suivre des équipes d’audit qui sont à l’étranger. Donc, c’est du téléphone, des mails et de la visio.

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« Le télétravail a supprimé toute créativité et fait du mal au collectif »

Zoé, chef de service dans une ONG internationale, représentante du personnel

Parole du 24 juin mise en texte avec Jacques

Je suis chef de service à Paris dans une dans une ONG internationale.  Mon poste se répartit en trois activités : un suivi administratif et logistique, l’accompagnement des bénévoles et le développement d’offres de mobilisation autour de projets concernant le soutien à des personnes.  Concrètement, comme je suis chef de service j’encadre quatre personnes et je dois donc discuter avec elles de leurs propres projets. Je fais aussi beaucoup de relationnel pour accompagner les bénévoles qui ont des personnalités très diverses. Enfin, je coordonne des projets moi-même. Au total, ça consiste à faire beaucoup de réunions, entre 4 et 6 heures par jour, surtout avec les salariés des différents services de l’association. Ça suppose de bien connaître les métiers des uns et des autres puisque la coordination de projet consiste à s’assurer de la complémentarité des actions des différentes parties prenantes. Je dois assurer beaucoup de réunions de management qui sont un mélange d’information et de communication, de 5 à 8 heures par semaine. Je suis aussi représentante du personnel et je fais souvent le tour des services pour voir qui va bien et qui ne va pas bien. J’ai des heures de représentation. 

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Au four et au moulin

Alfred, responsable d’un service d’économie agricole dans la fonction publique de l’État

Parole du 12 juillet, mise en texte avec François

Cadre de la fonction publique de l’État, je suis actuellement responsable d’un service d’économie agricole dans une direction départementale des territoires, c’est un service déconcentré interministériel. Auparavant, j’ai été le secrétaire général de cette même structure. Avec cinq cadres intermédiaires, j’ai donc en responsabilité entre trente et quarante personnes. Ce chiffre varie dans l’année en fonction des missions du service et plus particulièrement de la gestion des aides de la politique agricole commune (PAC) pour laquelle nous recrutons des vacataires pour conforter les équipes de titulaires.

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Gérer des payes dans la cacophonie de la crise sanitaire

Véronique, responsable d’un service de gestion des payes en sous-traitance

Parole du 15 juin 2020, mise en texte avec Roxane

Quelque jour avant le 17 mars nous devions partir en voyage à Ténérife. Pressentant les évènements, nous avons décidé d’annuler. On a bien fait, le président Macron annonçait le confinement dès le mardi 17 à midi. Le lundi, j’ai décidé d’aller travailler au bureau, à la grande joie de mes patrons.  Je suis responsable d’un service de gestion des paies, en sous-traitance pour différentes entreprises clientes, et par là, la gestion du personnel, des contrats de travail, des licenciements ou des ruptures … Chacune de mes 11 collaboratrices et moi avons récupéré une clé USB auprès des informaticiens. À tour de rôle, nous avons installé le logiciel « paie », chez nous. Ce fut facile, les dossiers sont dans le « Cloud ». D’une heure à l’autre on s’est retrouvées en télétravail sans être préparées à ça. Là, ça s’est compliqué !

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Il y a télétravail et télétravail

Frédéric, responsable marketing dans une société informatique

Parole du 6 mai 2020, mise en texte avec Roxane

Avant le 17 mars, au début de l’épidémie, ceux qui avaient des enfants pouvaient rester à la maison et les autres travailler sur place. Mais à partir du 17 mars, jour du confinement les bureaux ont été fermés et tout le monde a dû s’installer à la maison.

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PS – Le vrai rythme, on le prendra en septembre

Joumana, directrice d’une entreprise d’insertion, l’association les Potagers du Garon.

Post-scriptum du 18 juin 2020, au texte du 6 avril – J’ai une folle envie que ça finisse – mis en texte avec Martine

Le début était un peu nouveau. On a commencé par notre réunion hebdomadaire du mardi après-midi, pour justement parler de l’impact du confinement, comment on voit les choses, comment ça s’est passé et pour recréer un peu de lien. C’est une très bonne chose ça permet une reprise en douceur, de ne pas se plonger directement dans les dossiers. La salle est grande, on est loin les uns des autres pour respecter les  gestes barrière  On a eu aussi une séance d’analyse de la pratique qui a porté sur le confinement. Et on a organisé deux recrutements.

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Les journalistes prennent des risques pour informer

Guillaume, responsable du web d’un magazine

Parole du 8 avril 2020, mise en texte avec Christine

La presse parle beaucoup des soignants, des caissiers, des routiers. Il faut le faire. Mais je trouve que l’on parle assez peu des journalistes. Or quand on sort de bonnes informations, c’est grâce à leur travail. Ils prennent des risques pour informer. Des collègues sont allés dans les hôpitaux et en sont ressortis malades. Certains ont été hospitalisés alors que ça allait mieux. Psychologiquement, c’est lourd pour tout le monde. Des journalistes se sont mis en retrait, ils ont des proches atteints de maladies chroniques ou s’occupent de leurs enfants. Ils font du travail de desk chez eux. D’autres continuent à aller sur le terrain, avec leurs cartes de presse. Certains restent dans la rue mais beaucoup rentrent dans les bâtiments. Il y en a qui sont sur-actifs, comme des malades à peine guéris du Covid qui veulent revenir tout de suite au travail. 

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“Cette situation de télétravail massif modifie les représentations”

Blaise, conseiller RH dans les assurances

Parole du 21 avril 2020, mise en texte avec Jacques

Dans la période actuelle du confinement, le télétravail  a été imposé comme la solution de l’entreprise pour gérer la continuité de  son activité. Aucun salarié n’est au chômage partiel,  sauf ceux qui doivent  garder des enfants ou aider à domicile une personne dépendante. Actuellement 95 % des salariés sont en télétravail. Il s’agit donc d’un télétravail à 100 %, sans retour sur site. Ca change complètement les règles du jeu. Mais, comme nous avons une pratique du télétravail intensif – plusieurs jours par semaine – depuis une dizaine d’années, l’entreprise a pu rapidement fournir les outils qui conviennent et donner les bonnes consignes.

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J’ai une folle envie que ça finisse

Joumana, directrice d’une entreprise d’insertion, l’association les Potagers du Garon.

Parole du 6 avril 2020, mise en texte avec Martine

La première semaine après le 16 mars, j’ai distribué beaucoup de papiers, des attestations de déplacement, des consignes sanitaires à respecter durant le travail. Je répétais ça, en continu. Maintenant j’y vais pour voir les équipes et redonner les consignes, pour être sûre que c’est respecté. C’était assez chargé, je me suis rendue trois demi-journées sur le terrain voir les deux équipes d’ouvriers qui interviennent aux Potagers, distribuer les fiches de salaire, leur expliquer comment s’actualiser à pôle emploi, un peu tout ce que Cécile fait d’habitude.  Maintenant, elle les appelle. Je fais le lien entre mes collègues et les maraîchers.

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Décoder le covid, en l’Etat…

Aymeril, expert en numérique, en mission pour l’Etat

Parole d’avril 2020, mise en texte avec Vanessa

Avant le confinement, j’accompagnais des entrepreneurs. Je fais du conseil en stratégie d’entreprises et du coaching de dirigeants. Au tout début du confinement, j’étais « tranquille ». Comme je travaille de chez moi, Je n’étais pas impacté particulièrement par les mesures. Cependant, face à ce constat d’effondrement et de crise sanitaire, je me suis demandé ce que je pouvais faire.

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