Santé et travail, paroles de chômeurs

Note de lecture de cet ouvrage qui va a rebours de bien des idées reçues sur les chômeurs.

Dominique Lhuilier, Dominique Gelpe, Anne-Marie Waser (Sous la direction de), Editions Éres, collection Clinique du travail, Toulouse, 2024, 316 p., 23 €.

« Qui s’intéresse aux chômeurs ? Si on est régulièrement abreuvé des « chiffres du chômage », convié à se réjouir d’améliorations sensibles et quantifiées, que sait-on des vies qui se déroulent lors de ce temps de suspension de l’activité professionnelle ? » (p. 7). Ces deux phrases placées en introduction explicitent les points aveugles que les trois co-directeurs de l’ouvrage se proposent d’éclairer. A cette fin, ils ont organisé une recherche-action associant durant deux années une dizaine d’autres collègues, plus d’une vingtaine de psychologues du travail œuvrant au sein de Pôle emploi ainsi que différentes associations mobilisées pour favoriser l’insertion de chômeurs.
Ce dispositif va permettre d’une part de recueillir de précieux récits de vie qui nous donnent à voir de l’extrême diversité des situations qui conduisent des salariés privés d’emploi à s’inscrire auprès de Pôle emploi (devenu depuis le 1er janvier 2024 France Travail). Au fil des récits, les représentations sociales réduisant les chômeurs à des « fainéants » ou à des « inaptes à la charge des actifs » sont sinon réduites à néant au moins largement ébranlées. La précarisation croissante dans de nombreuses branches professionnelles conduit ainsi les « actifs en emploi » à surinvestir les missions qu’ils assurent. Ils s’exposent ainsi – à leur corps défendant – à des affections qui mettent en danger leurs capacités à occuper leur emploi au niveau des standards fixés par leur employeur.

D’autre part, le collectif d’enquête a organisé de nombreux ateliers rassemblant des chômeurs afin de faire émerger des processus d’écoute et de coopération. C’est dans ces temps que vont s’élaborer de manière lente mais probante des « savoirs de l’expérience ». Entendre comment l’un des participants a tenté un pas de côté dans sa réinsertion, écouter comment un autre à su interroger les conséquences d’une usure physique ou psychique pour réorienter sa recherche d’emploi… génère des ressources dont va s’emparer tel ou tel membre de l’atelier. Ces ateliers mettent en lumière le caractère multidimensionnel des causes qui conduisent au chômage et invalident des injonctions simplistes au retour à l’emploi. Cependant ces échanges ne disqualifient nullement la pertinence du travail en face à face réalisé par les professionnels de l’insertion.

Des études socio-démographiques nous alertent sur les altérations de santé que subissent les chômeurs. Être au chômage multiplie par trois le risque de suicide en comparaison avec des personnes en emploi. En 2016, un rapport du Conseil économique, social et environnemental a mis en évidence que 14.000 décès sont chaque année directement imputables au chômage. Mais au-delà de ces statistiques, les auteurs ont cherché à analyser les problèmes de santé et les évènements traumatisants qui ont conduit des salariés au chômage et entravent leur retour à l’emploi. Les deux premiers chapitres de l’ouvrage nous font accéder à un riche panel de verbatim. Ils mettent en évidence deux processus :
– d’une part des parcours professionnels où la santé est sacrifiée. Ainsi des sur-engagements choisis conduisent à des sur-sollicitations qui affectent à la longue la santé physique ou/et psychique. Il en est de même de l’épuisement qui naît du cumul de vivre au quotidien une surcharge professionnelle et de lourds engagements familiaux
– d’autre part, des chômeurs évoquent des difficultés chroniques à réussir leur insertion professionnelle. Ainsi, la quête ininterrompue d’un CDI, hachée par des CDD, mine tout autant un projet d’ancrage social que plus gravement l’image de soi. De même, des scolarités non choisies ou interrompues suite à une grave déstabilisation de leur famille peut générer une détérioration significative de leur estime de soi. En outre, de tels processus conduisent certains à la consommation de stupéfiants fragilisant de fait l’accès à l’emploi souhaité ou/et à un emploi stable.

Au terme de ces deux chapitres, nous sommes convaincus que pour appréhender le chômage dans ces causes et multiples conséquences, il convient de revenir non seulement au vécu personnel et familial de chacun, mais surtout au travail tel qu’il a été vécu par ces personnes. En outre, certains récits apportent de surcroit la preuve que le retour à un emploi, prenant en compte la singularité du parcours personnel et professionnel, peut participer – à sa mesure – à la restauration de la santé.

Le troisième chapitre : « Le travail a-t-il un sexe ? » va nous permettre d’accéder grâce à de larges extraits d’entretiens et d’ateliers aux singularités propres au genre de chômeuses et chômeurs. Les auteurs rappellent que 70% des travailleurs pauvres sont des femmes, qu’elles occupent 82% des emplois à temps partiel et que 85% des familles monoparentales sont sous la seule responsabilité de femmes. Ce sont dans les métiers du commerce, des services et du « care » que ces femmes sont très majoritairement employées. Des récits de femmes, ressortent plus particulièrement l’occultation des douleurs récurrentes voire de brimades et maltraitances subies, … jusqu’au jour où la médecine est appelée au secours de corps usés et d’images de soi endommagées. Du côté des hommes, le virilisme, historiquement présent dans de nombreuses branches professionnelles mais aussi le « présentéisme », demeurent et se développent face aux injonctions de productivité. S’y soustraire, c’est prendre le risque d’être « placardisé » voire licencié. Voir le récit de Vincent Un « retour à la normale » qui ne peut pas être un « retour en arrière » . En contrepoint de ces constats, les auteurs nous rapportent aussi que les temps de chômage peuvent néanmoins favoriser des processus de reconstruction : « Emerge dès lors un désir de rééquilibrer l’usage de soi au travail du côté de l’usage de soi par soi ». (p. 117).

Le chapitre intitulé « Au fil des générations » » nous offre deux focus sur les deux bouts de la chaîne de générations : les jeunes et les seniors. Si nous avons conscience que ces deux groupes sont plus particulièrement frappés par le chômage, les auteurs nous révèlent la multiplicité des causes et des conséquences d’insertions professionnelles chaotiques subies par les jeunes adultes catégorisés par l’acronyme anglais très réducteur de « NEET » (Ni en emploi, ni en études, ni en formation). Au-delà de la diversité de situations, un grand nombre de jeunes qui vivent une insertion professionnelle hachée ou/et insatisfaisante s’avèrent peu attentifs à la dégradation de leur santé. Des temps de chômage subis ou des pauses volontaires peuvent parfois s’avérer salutaires, notamment quand ceux-ci sont accompagnés par des institutions et dispositifs dédiés : Missions locales, Garantie jeunes, …

Les seniors, cibles de la chasse aux coûts salariaux, sont statistiquement plus de la moitié à connaître des problèmes de santé contre 29 % pour l’ensemble des actifs. Certains, loin de renoncer à retrouver un emploi, parient sur une reconversion qui fera l’impasse de leur expérience professionnelle. Il s’agit pour eux de conserver coûte que coûte leur image d’actif aux yeux de leurs proches mais aussi de subvenir aux besoins de leurs enfants voire de leurs propres parents. Voir le récit de Pierre, Rechercher un emploi : une contrainte douloureuse et blessante. Néanmoins, les plus éloignés du marché adoptent des conduites qui nuisent à leur santé : suralimentation, tabagisme, alcoolisme, …

Les récits rassemblées dans le cinquième chapitre éclairent les difficultés que rencontrent les chômeurs pour accéder aux soins et aux droits attachés à des situations d’incapacité. Dénis et euphémisations de douleurs récurrentes retardent des prises en charge pourtant nécessaires. Les chômeurs évoquent souvent leurs difficultés à se repérer dans l’archipel des institutions médico-sociales d’autant que médecins du travail ou généralistes attentifs sont de moins en moins accessibles pour tout un chacun. Aussi, les PASS (Permanences d’Accès aux Soins de Santé) constituent pour les personnes les plus précaires une option des plus pertinentes. Voir le récit de Thibaud : « Construire, en équipe et avec chaque patient en situation de précarité, le parcours de soins le plus adapté et durable »

La notion de travail de santé, au cœur du chapitre six, pose une redoutable question : « Comment tenir de front vie professionnelle et souci, soin de soi ? » (p. 198). Si les auteurs ne nient pas l’importance d’approches hygiénistes : alimentation équilibrée, postures préventives, activités physiques régulières, repos compensateur, … ils nous invitent à des approches qui placent l’entretien de la santé en adéquation avec les tâches à accomplir. Cet équilibre implique néanmoins deux conditions : qu’il existe d’une part sur le poste de travail des marges de manœuvre pour le personnaliser et que d’autre part des logiques de coopération entre salariés puissent se développer. Or, force est de constater que nombre d’univers professionnels, soumis à des modes de management désincarnés et/ou digitalisés, font obstacle à cet équilibre.

Dans le septième chapitre, « L’accompagnement des chômeurs », les auteurs mettent en lumière la complémentarité de l’accompagnement individuel et de celui réalisé lors de groupes de pairs-aidants.

Lors des entretiens en face à face, les personnes privées d’emploi et confrontées à des problèmes de santé expriment tout à la fois leur vulnérabilité et leur anxiété vis-à-vis d’une reprise du travail. Dès lors, toute proposition du professionnel d’insertion énoncée de manière précipitée lors des premiers échanges sera souvent reçue comme une injonction blessante même si elle s’avère pertinente. Or, c’est un temps d’écoute qui est attendu afin de pouvoir déplier le vécu des activités passée et de l’actuelle situation de santé.

Au-delà des ateliers classiques de rédaction de curriculum vitae ou d’identification d’emplois vacants, la recherche-action a mis en lumière la force émancipatrice d’ateliers organisés de manière régulière. Ceux-ci permettent l’énonciation de faits, d’émotions, de doutes, … qu’il est difficile d’évoquer lors d’entretiens fussent-ils bienveillants. Tout au long de ceux-ci, les participants valorisent la possibilité « d’être entendu sans avoir à justifier ni à faire la preuve de son mal-être » (p. 249). Ce sont aussi des temps où chacun va pouvoir énoncer les voies et moyens qu’il envisage, puis met en œuvre pour construire des conciliations plus harmonieuses entre santé et travail mais aussi entre vie au travail et vie personnelle, familiale et sociale. Ces « mises en récit » (p. 260) déconstruisent des représentations figées de soi et ouvrent aussi à une perception plus lucide des univers de travail contemporains.

L’ample restitution de propos recueillis tout au long de la recherche-action pilotée par les trois chercheurs conduit le lecteur à s’approprier une image multifactorielle et intégrée du chômage vécu par des salariés victimes d’accidents de santé. C’est en soi un levier puissant pour déconstruire des représentations et des programmes d’action publique simplistes et stigmatisants. C’est surtout un ensemble de recommandations, dûment étayées, pour accompagner sur la voie de vies plus harmonieuses des populations fragilisées par des activités peu respectueuses de leur santé physique et mentale.

La crise d’attractivité du secteur social et médico-social : un enjeu de santé au travail

Un point de vue construit par Serge Jamgotchian à partir de sa pratique d’évaluation des risques professionnels

La crise d’attractivité que traversent les établissements et services sociaux et médico-sociaux à but non lucratif est largement partagée et documentée. Les difficultés de recrutement et de fidélisation se traduisent notamment par un accroissement du nombre d’intérimaires. Cette perte d’attractivité serait-elle le symptôme d’une perte de sens au travail si ce n’est d’un mal-être ou d’une souffrance au travail ? N’est-elle pas également le signe d’une transformation des trajectoires professionnelles et de nouvelles aspirations des salariés ? En quoi l’évaluation et la prévention des risques psychosociaux en s’inspirant des « ergodisciplines » peut-elle concourir à rendre plus attractifs ce secteur et les métiers du « prendre soin » ? En définitive, il ne semble pas possible, ni souhaitable, d’espérer restaurer l’attractivité des structures du « prendre soin » si l’on ne prend pas soin des institutions dont c’est le métier et de celles et ceux qui y travaillent.

L’article est disponible en ligne, ici.

J’ai pris une claque

Avec le film Petites mains (sous-titré : La lutte avec classe), sorti le 1er mai, tout un symbole !

Je suis ressortie de la salle le cœur gros comme ça avec l’impression d’avoir reçu une grande claque.

Des histoires parallèles se croisent. Le travail réel des femmes de chambre dans les suites du palace et celui de celles qui font le piquet de grève  devant le palace ; les femmes de chambres, les internes (en CDI) et les externes, (en sous-traitance) ; les amours, les vies de couple, les vies familiales des personnels / personnages ;  la femme de chambre expérimentée (interne), qui jamais ne fait grève et qui doit s’enquiquiner à former une petite jeune qui vient d’arriver (externe), embauchée pour « casser la grève » ; le bagagiste qui a la chance de plus que tripler son salaire car il est en contact avec le riche client (« 500€ pour changer la chaîne de la télé ») et les femmes de chambre, invisibles, qui ne gagnent que 12€ par « unité » de 45 minutes ; le client qui débourse « 16€ pour un coca, 74€ pour un sandwich club de pain de mie » ou l’équivalent, pour une nuit, du salaire annuel d’une femme de chambre ; la « vieille » femme de chambre qui fait tout pour dégoûter la jeune qui vient d’arriver : « Mais qu’est-ce tu fous là ? », sous-entendu, à ton âge, tu ferai mieux de retourner à l’école, conseil que cette dernière finira d’ailleurs par suivre.   

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Mal travail – Le choix des élites

Un livre de François Ruffin, nourri de paroles qui entrent en résonance avec nos récits de travail

Si l’auteur écrit avec la verve du journaliste, il s’exprime ici à partir de son travail de parlementaire, dans sa circonscription, sur le terrain, et à l’Assemblée nationale sur le sujet de la Branche AT-MP de la Sécurité sociale, avec ses auditions et ses nombreuses lectures. Il y a beaucoup de travail dans ce livre du député-reporter. Puissent tous nos parlementaire et leurs équipes enquêter ainsi et maîtriser aussi finement les dossiers qui leur sont confiés ! Le livre commence par un constat : la fierté craque.

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La force du récit pour donner la parole au travail

À lire sur le blog de Jean-Marie Charpentier

Pour preuve, en voici quelques extraits
Quand les salariés parlent de leur travail, quand des récits révèlent les « mondes sociaux » du travail, c’est en fait le travail qui parle. Et c’est ce dont on a besoin dans le moment présent.
C’est une part du travail réel et du rôle des acteurs que l’on peut révéler, mettre au jour grâce au récit. Or, il fait défaut. Le manque de récit dans le travail et l’entreprise rejoint d’ailleurs un manque que l’on constate plus largement dans la société, dans le champ politique. 
Le récit s’appuie sur l’enquête, l’entretien, la parole donnée aux acteurs. Il faut pouvoir sentir comment les choses se mettent en place, comment un métier se déploie, s’organise. Pas de récit sans enquête, sans attention aux faits, sans « passeurs du réel ». Le récit raconte ce qui peut être dit et fait dans un groupe ou un collectif. Il a une force de légitimation des acteurs, en l’occurrence des salariés quand il s’agit du travail.

Cet article de Jean-Marie est à paraître dans le n°500 de la revue Cadres CFDT en avril 2024. On peut le lire en avant-première sur son blog.

Santé et travail, paroles de chômeurs

Dominique Lhuillier, Dominique Gelpe et Anne-Marie Waser présentaient leur ouvrage le 27 mars dernier au CNAM

Les médias évoquent de manière récurrente les difficultés rencontrées par nombre de branches professionnelles pour pourvoir des emplois vacants. Ils rappellent parallèlement que le taux de chômage demeure en France supérieur à 8% de la population active. « Suffirait-il de traverser la rue », ou de : « Faire le tour des brasseries installées en front de mer pour obtenir un emploi » ? Mais que savons-nous du vécu professionnel et personnel des personnes en quête d’emploi sachant que 40 % d’entre eux ne sont pas indemnisées. Cet angle mort conforte la diffusion d’idées reçues sur leurs situations : ils seraient des « tire au flanc », des « assistés profitant de la solidarité nationale », … Dès lors, ces représentations légitiment aux yeux du grand public le développement de normes destinées à réduire les droits des demandeurs d’emploi à une prise en charge.

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Le piège du prêt-à-penser

Sandra Enlart évoquait son essai « Quand le bien et le mal s’invitent au travail » lors d’une Master Class de l’ITMD le 21 mars dernier

Presses Universitaires de France – 2022

Lors de la Master class organisée par l’ ITMD le 21 mars 24. Sandra Enlart parle de son dernier essai : « Quand le bien et le mal s’invitent au travail » , une étude sur les discours moraux dans et sur l’entreprise.  Le monde de l’entreprise, comme le monde du travail en général, est traversé par des croyances et des discours moraux. Qui sont les bons, qui sont les méchants ? Qu’est-ce qui est bien, qu’est-ce qui est mal ? Ces certitudes fonctionnent souvent sur un mode moral binaire : les bons – les méchants, le vrai – le faux, les ringards – les modernes. Elle note ainsi une antienne  chez les managers, les salariés, les syndicats d’une part  et une autre chez les chercheurs ou critiques d’autre part. Des  refrains  dans et hors l’entreprise, teintés de morale qui ont pour intention de responsabiliser, de définir le bien, le juste, le vrai… sans  que quiconque ait  évalué la véracité des  propos tenus. Elle a voulu comprendre les implicites, les postures sous-jacentes, les aveuglements, les croyances, ces « comment on pense », d’un côté comme de l’autre, sans  porter de jugement moral ou philosophique.

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Quand les femmes n’ont plus le droit de travailler ni d’étudier

Deuxième saison de “Outside Kaboul”, un Podcast de Caroline Gillet, sur France Inter

En ce 8 mars, un peu par hasard, j’ai écouté le Podcast « Outside Kaboul » sur Radio France.  La journaliste Caroline Gillet a recueilli pendant plus de deux ans, dès 2021, le témoignage de Marwa et Raha, deux jeunes femmes afghanes actuellement en exil en France. Elle publie leurs paroles dans le podcast. Au passage Caroline Gillet cite et loue les technologies numériques, inconnues lors de sa formation de journaliste , comme étant au cœur de la réalisation de ce podcast. Elle n’est jamais allée à Kaboul, elle n’a rencontré physiquement Marwa, exilée à Paris, que tard après les premières paroles échangées. Ces récits co-construits par ces 3 femmes, une encore à Kaboul, Raha, l’autre exilée en France, qui a pu s’inscrire dans une haute école française, nous ramènent à la condition des femmes, bien sûr. La leur et la nôtre dans un pays occidental.

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L’arrivée des femmes dans la sphère du travail : une aventure pour elles et pour les hommes

Au XIX° siècle, déjà

Femme au bureau

Elle entre dans la salle du conseil, tailleur noir, talons hauts, un vêtement féminin mais sans ostentation. Les administrateurs, réunis pour la circonstance, la découvrent ce jour-là. L’accueil est courtois. Elle s’assoit  naturellement à une place laissée libre mais rien ne se passe. Ils attendent que le patron de Margaret arrive. Mais Margaret est elle-même le patron. Après trois minutes ou plutôt plusieurs secondes de flottement, tout rentre dans l’ordre et elle peut présenter son projet. Plusieurs vont lui couper la parole mais elle en a l’habitude. Dans les réunions, les femmes se font interrompre plus souvent que les hommes, y compris à niveau de responsabilité équivalent. L’arrivée des femmes dans la sphère du travail est toujours une aventure. Pour elles mais aussi pour les hommes.

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Les dernières nouvelles de la Compagnie – janvier / février 2024

Nos publications, nos discussions, nos projets, nos lectures et nos films … on vous dit tout

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Révéler le métier par son récit

La démarche de la Compagnie Pourquoi se lever le matin ! fait école

L’association française de communication interne (Afci) https://www.afci.asso.fr/ qui réunit les communicants internes de nombreuses entreprises françaises vient de démarrer un atelier visant à collecter des récits de métiers de ses adhérents. Vincent Brulois, administrateur de l’Afci, présente ici la méthode de recueil et de production des récits de métier de communicants. Elle est basée sur la méthode mise au point par La Compagnie Pourquoi se lever le matin !

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Mémoire ouvrière en Val d’Aubois – Journal de recherche

Note de lecture

A la lecture du titre, nombre de lecteurs pourront assez légitimement se poser deux questions. D’une part, en quoi un ouvrage destiné à rendre compte d’une  mémoire ouvrière peut-il apporter une contribution significative à un champ dont la bibliographie s’avère fort abondante voire redondante ? D’autre part, où situer le Val d’Aubois ? Dans les Vosges frappées par la désindustrialisation ou dans le Massif central en lien avec l’épuisement de quelque mine ? C’est le sous-titre qui nous éclaire sur l’originalité du propos, conforté dans l’introduction par l’explicitation du projet de Laurent Aucher : « Saisir la sociologie en actes : tel est, me semble-t-il, le premier intérêt de ce carnet » (p.17). L’auteur affirme donc vouloir révéler les conditions très concrètes de son travail de chercheur en sciences sociales. Tel un modeste artisan fier des outils qu’il a lui-même fabriqués, il nous conduit dans les coulisses de son enquête. 

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Et si on parlait principe de rémunération ?

En réaction à l’annonce d’Emmanuel Macron pour la rémunération au mérite des fonctionaires

Emmanuel Macron, parmi les annonces faites lors de sa conférence de presse, a annoncé son intention de déployer la rémunération au mérite au sein de la fonction publique, notamment à l’Éducation Nationale, présentant cette mesure comme l’un des éléments de réponse aux difficultés que rencontre l’école et aux difficultés de recrutement des enseignants.

Au cours du temps, de nombreux qualificatifs ont été utilisés pour qualifier la rémunération conçue comme la contrepartie du temps passé au service de l’employeur. Par exemple le salaire à la pièce ou à la tâche, le salaire à la qualification de la personne ou de l’emploi et le salaire au mérite. Ces qualificatifs ne sont pas neutres car définissant le statut des salarié-e-s et donc celui du travail et les outils de sa rémunération. La rémunération au mérite est-elle vraiment différente de la rémunération à la pièce ou à la tâche, enfermant le salaire dans la seule contrepartie d’une production évaluée par la hiérarchie, par le management pour reprendre les termes de l’entreprise ? Et pourquoi la rémunération à la qualification, caractéristique des statuts de la fonction publique et des entreprises publiques adoptés en 1946, a-t-elle été présentée depuis plusieurs décennies comme inadaptée, dépassée et frein à leur modernisation ?

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La ferme des Bertrand : un film de Gilles Perret

Un film de Gilles Perret pour voir et comprendre le travail dans une petite exploitation agricole

Gilles Perret vient en voisin filmer la ferme de la famille Bertrand depuis 1972, date du premier documentaire qu’il leur a consacré. Il revient en 1997, puis en 2022. La ferme des Bernard sort cette année, en 2023. Dans ce troisième documentaire, nous nous promenons dans le temps et dans l’espace. Les trois époques s’entrelacent, retour en arrière, comparaisons avec les techniques qui, progressivement prennent le pas sur le travail physique, très dur, de ces paysans montagnards : « Le travail, tout le temps, mais nous pensons qu’il n’y a pas d’autres façons de faire pour essayer de s’en sortir ». Le film commence par la visite d’une autre ferme et de sa trayeuse qui, munie d’une caméra détecte les pis de la vache, les lave et va automatiquement se fixer sur les tétines.

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Le travail à l’épreuve de la pandémie, la discussion continue

Ce sera le 16 janvier lors de la prochaine MasterClass de l’ITMD

MASTERCLASS LE 16 janvier 2024 – Par visioconférence de 18H30 à 20H
Inscriptions en ligne, sur le site de l’ITMD.

« Les masters class de l’ITMD ou comment entendre des points de vue sur le travail »

Nous avons l’honneur d’inviter François Granier qui nous présentera à partir de ses travaux quels enseignements et quels scénarios pour le futur  du travail? Francois Granier est sociologue, chercheur associé au sein du Lise (Laboratoire Interdisciplinaire pour la Sociologie Economique – Cnrs/Cnam) et  membre de l’association « La Compagnie. Pourquoi se lever le matin! »

Le travail à l’épreuve de la pandémie

Écouter le podcast de la conférence APSE du 12 décembre, visualiser le support de présentation

Le mardi 12 décembre 2023 à Paris au Café du Pont-Neuf mais également en ligne, François Granier a présenté son ouvrage « Le travail à l’épreuve de la pandémie – Scénarios pour demain » paru aux éditions « Raison et Passions », en septembre 2023. Plus de vingt-cinq participants étaient assis à l’étage du Café du Pont Neuf à Paris alors qu’une vingtaine étaient « en ligne ». En introduction, Jacques Viers a présenté les finalités de l’association « La Compagnie. Pourquoi se lever le matin ! » et rappelé ses méthodes de recueil de récits de travail. François a présenté son ouvrage de manière très pédagogique en projetant des extraits des 55 récits de travail qu’il a analysés. Il a aussi évoqué les coulisses de la fabrication du livre avec les membres de la Compagnie et débattu de l’approche sociologique qu’il a utilisée pour construire l’ouvrage: l’analyse culturelle des organisations (Sainsaulieu- Piotet). Il a également discuté les scénarios proposés dans l »ouvrage.

L’enregistrement de la conférence et du débat est en ligne, ici, sur le site de l’APSE. Nous vous proposons de l’écouter en visualisant le support utilisé pour la conférence.
L’ouvrage est toujours disponible : commande en ligne auprès de la Compagnie Pourquoi se lever le matin !

Nous poursuivons le débat lors de la prochaine MasterClass de l’ITMD. Inscription en ligne.

Le travail à l’épreuve de la pandémie

Une interview de François Granier, à lire sur le site de « Non Fiction »

Le vécu des travailleurs, les revendications d’autonomie et les questions qu’a pu susciter le télétravail, les difficultés des entreprises pour répondre à ces évolutions, les « futurs possibles » : 5 questions posées à François, auxquelles il répond dans l’interview publiée ce 7 janvier par le site « Non fiction ».

Le travail à l’épreuve de la pandémie

On en parle sur « Babélio »

 » Le confinement de mars 2020 et les avatars qui lui ont succédé ont généré nombre d’études et de recherches sur la question du travail comme expérience existentielle, comme activité groupale ou individuelle. L’espace de travail, par exemple, s’est imposé comme un objet d’étude de premier plan qui a intéressé les sociologues des organisations, les psychologues du travail, les ergonomes, les chercheurs en sciences de gestion… Les travaux sont pléthoriques sans que tous atteignent pour autant une scientificité à la hauteur de leurs ambitions et prétentions. Dans ce contexte de surabondance éditoriale, la publication le travail à l’épreuve de la pandémie. Scénarios pour demain portée par François Granier, sociologue confirmé se référant au courant de l’analyse culturelle des organisations instituée par le regretté Renaud Sainsaulieu, apporte un souffle inédit au coeur de cette production somme-toute conventionnelle. »

Rencontre au CCP de Saint-Nazaire autour des réalisations de la Compagnie

C’était le 21 décembre 2021, à l’invitation des « Jeudis populaires » du Centre de Culture Populaire.

Le 21 décembre, à l’invitation des « Jeudis populaires » Pierre est venu échanger avec les adhérents du « Centre de Culture Populaire de Saint-Nazaire » autour du projet et des réalisations de la « Compagnie Pourquoi se lever le matin ! ».
La démarche de la Compagnie a suscité d’autant plus d’intérêt que le CCP œuvre depuis 60 ans pour conjuguer travail et culture. De son côté, la Compagnie a produit plusieurs ouvrages qui ont donné la parole aux travailleurs de Saint-Nazaire. Ce fut le cas particulièrement pour le livre « Le train comme vous ne l’avez jamais lu » (éd. de l’Atelier) qui a été réalisé en grande partie grâce à la coopération des cheminots nazairiens ; et pour « L’urgence c’est de vivre » (ed. de l’Atelier) dont l’objet a été de recueillir les récits des personnels qui forment la chaîne de soins du service d’oncologie de la Clinique mutualiste.

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CinéClub’ CNAM Travail & Cinéma

Prochaine séance le 18 janvier autour du film « Divertimento »

Le CRTD et le LISE organisent et animent un ciné-club au CNAM autour du travail, à partir d’un choix de films et de documentaires qui mettent en lumière des aspects du travail peu accessibles autrement.
Divertimento : A 17 ans, Zahia Ziouani rêve de devenir cheffe d’orchestre. Sa sœur jumelle, Fettouma, violoncelliste professionnelle. Bercées depuis leur plus tendre enfance par la musique symphonique classique, elles souhaitent à leur tour la rendre accessible à tous et dans tous les territoires. Alors comment peut-on accomplir ces rêves si ambitieux en 1995 quand on est une femme, d’origine algérienne et qu’on vient de Seine-Saint-Denis ? Avec détermination, passion, courage et surtout le projet incroyable de créer leur propre orchestre.
Le visionnage du film sera suivi d’un DÉBAT avec : Marie-Castille Mention-Schaar, réalisatrice du film, Yaïr Benaïm, chef d’orchestre et Sylvie Rouxel, sociologue. Pour recevoir le lien de la séance (en visioconférence) avec la projection du film et le débat (en direct) : demande d’inscription obligatoire sur le site du LISE

Les dernières nouvelles de la Compagnie – novembre / décembre 2023

Nos publications, nos actions, nos lectures, podcasts et vidéos … on vous dit tout

Saint-Nazaire, territoire industrialo-portuaire

Le travail dans le territoire de Saint-Nazaire raconté par ceux qui le font, c’est aujourd’hui une trentaine de récits où découvrir ce que le territoire fait au travail, et vice-versa. Les analyses respectives des économistes Thomas Piketty et Julia Cagé, et du député de la Somme François Ruffin confirment la nécessité de s’intéresser à la réalité du travail dans les territoires, notamment les zones rurales, et néanmoins industrielles. La Rédaction de Médiapart les a réunis pour échanger autour de leurs données, issues de statistiques électorales et du terrain. Nous en parlons dans ce billet.

« Parfois, je dois me contorsionner »

Dernier récit publié : “Souder, souder, raccorder, raccorder… des tubes et des tubes…”, le travail de Brahim, soudeur sur les grands chantiers de par le monde, actuellement salarié d’un prestataire des chantiers de Saint-Nazaire. « … Il y a une chose qui me plait aux Chantiers de Saint-Nazaire, et que je n’ai vue nulle part ailleurs : chaque matin, en arrivant au travail, tout le monde se salue. Tous les ouvriers, pas seulement les soudeurs, viennent te dire : « Salut ! ». […] Quand il y a un travail difficile, ils m’appellent et ils me disent: « Toi, tu es capable de le faire ». Par exemple, quand le soudeur n’arrive pas à pointer sa torche pour souder dans un recoin, j’y vais et je soude avec un miroir. C’est un miroir professionnel, qui permet de regarder tout le tour de la soudure. Je ne vois pas ce que fait ma main, je soude seulement en regardant dans le miroir, où l’image est à l’envers. Peu de soudeurs savent le faire.  »
Dans le prochain récit, à paraître, on découvrira comment une installation industrielle d’envergure, plutôt que d’être abandonnée pour obsolescence, peut être transformée grâce à la coopération des cadres, des ouvriers et des techniciens.

Le livre est en vente ici

Le 12 décembre, François est convié par l’APSE à présenter le livre. Il évoquera notamment les coulisses de la réalisation des récits de travail lors de la pandémie : pourquoi et comment recueillir des récits sur le vécu des transformations du travail à cette occasion ? Quelles questions méthodologiques et déontologiques se sont posées ?
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C’était le 14 septembre à l’université de l’APSE, un atelier animé par la Compagnie Pourquoi se lever le matin ! « Mettre en mots des histoires de travail » :  c’est ce que nous faisons. Nos mots sont les paroles de ceux qui racontent leur activité, ce sont ensuite les mots du récit que nous publions. On y trouve beaucoup de mots de métier. Parfois, quelques néologismes de l’entreprise, souvent des mots en « ing » comme reporting ou en « ence » comme efficience. Ou des mots récupérés par l’organisation, comme la « qualité ». Nous-même au sein de la Compagnie avons chacun nos mots pour les lectures transverses que nous faisons des récits. Tous ces mots sont habités, voire surpeuplés dans une sacrée cacophonie.
Les participants à l’atelier étaient invités à réagir à un mot du travail : manageur. Pour découvrir ce qu’ils ont produit, ainsi que l’usage que l’on trouve, ou pas, de ce mot dans les récits de travail que nous avons publiés, lire la suite…

Ce livre, qui faisait partie de la sélection du Prix Afci 2023 1, est une véritable référence sur le tripode travail-management-démocratie. J’ai été enthousiasmé par sa lecture. L’auteur s’intéresse à la manière dont le management des entreprises influe sur le processus de socialisation des salariés : comment celui-ci peut-il humaniser et émanciper au lieu de déshumaniser et infantiliser, comme il tend à le faire actuellement. Comment pourrait-il contribuer à former des citoyens responsables et participatifs ? Lire la suite

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Le travail à l’épreuve de la pandémie, quels scénarios pour demain ?

Rencontre-débat autour du livre, organisée par l’APSE le 12 décembre (en présence et à distance)

Le livre est en vente ici, sur notre site

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Dans le cadre de son atelier de réflexion sur le thème du télétravail et du travail hybride, et dans le prolongement des échanges à l’occasion de l’Université APSE en septembre dernier, l’APSE vous convie à une rencontre-débat autour de l’ouvrage le travail à l’épreuve de la pandémie, scénarios pour demain (éditions Raison et Passions, 2023), en partenariat avec la Compagnie Pourquoi se lever le matin ! Nous recevrons François Granier, chercheur associé au LISE (Laboratoire Interdisciplinaire pour la Sociologie Economique), qui propose dans cet ouvrage une analyse sociologique à partir de 50 récits de travail recueillis par la Compagnie pendant la période de pandémie, et en particulier les confinements qui plongent des millions de personnes dans le télétravail, du jour au lendemain. Ces récits questionnent notamment les innovations qui ont pu émerger, les effets sur les relations socioprofessionnelles, les valeurs mobilisées pour redonner du sens au travail dans ce contexte. Sans poser un avis sur le devenir du télétravail ou du travail « hybride », l’analyse portée nous invite à explorer des scénarios possibles pour le futur, notamment sur les articulations entre temps et lieux de travail, sphère professionnelle et sphère personnelle.

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Travail & Territoire

Un échange entre deux économistes et un député, qui donne à réfléchir sur le rapport entre les résultats électoraux et l’attention portée au travail

Élections et inégalités en France – 1789 / 2022

En 1981, le vote des classes populaires était quasiment identique entre les territoires urbains et les territoires ruraux, ces derniers étant aussi des territoires ouvriers. Aujourd’hui, le RN s’est installé dans ces territoires et les électeurs des zones urbaines et rurales votent de manière très différente. Voici un des enseignements que tirent Thomas Piketty et Julia Cagé de leur travail sur les données électorales et socioéconomiques depuis 1789, analysées à une maille microscopique : celle des quelques 36 000 communes de France. La Rédaction de Médiapart les a réunis dans un débat avec François Ruffin, député d’une circonscription rurale de la Somme, autour de la question : « Ranimer la gauche, mais comment ? ».

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Les dernières nouvelles de la Compagnie – octobre 2023

Nouveaux récits, avec le travail militant de deux personnes à Saint-Nazaire, nos lectures du mois…

Est-ce un travail que de militer ? La réponse est oui à la lecture du récit d’Enoch : Hébergement solidaire, un bénévolat à plein temps. « … c’est dans la dynamique de cette lutte que s’est formé le « Collectif urgence sociale ». Rapidement, après la création de ce collectif, s’est imposée l’idée d’occuper deux maisons propriétés de la ville de Saint-Nazaire pour loger ceux qui en avaient besoin. Ces maison étaient abandonnées depuis des années et ne faisaient l’objet d’aucun projet immobilier. C’est ainsi que l’occupation et la création des Maison d’Hébergement Solidaire ont eu lieu. » … « Il fallait trouver la façon dont on pourrait assurer l’alimentation, la fourniture des produits d’hygiène, de ménage »… « Dans le même temps, le collectif menait les chantiers de rénovation : isolation, enduits, cloisonnement, pose de menuiserie, fabrication d’escaliers. Personnellement, en tant que technicien du bâtiment, je suis assez polyvalent. Je me suis donc joint aux habitants des maisons pour réaliser les travaux » … « Cette forme de militantisme n’est pas une occupation qu’on fait à côté. C’est un travail qui prend tout le temps, parfois soixante heures par semaine et qui ne fonctionne pas sur le modèle de l’emploi salarié. Il n’y a pas de rapports de subordination entre les membres du collectif. » … « Pour vivre, je touche l’ « Allocation de solidarité spécifique », qui est l’équivalent d’un RSA.  Mais, maintenant que l’opération « maison d’hébergement solidaire » est finie, que les personnes sont à l’abri et que, pour l’instant, le dossier urgence est clos, je vais reprendre une activité salariée.« 

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L’évaluation ergologique. Ce que les chiffres ne montrent pas

Un ouvrage d’Ingrid Dromard.

Une note de lecture proposée par Serge, où l’on retrouve les questions de l’invisibilité du travail réel pour l’organisation et de la vanité de la gouvernance par les nombres. Questions qui traversent le récit de Virginie, agent d’accueil dans une CPAM, le « terrain » de recherche de l’autrice du livre.

Octarès éditions – 26€

Développée sous l’instigation du philosophe Yves Schwartz, la démarche ergologique  se fonde sur un dialogue et une confrontation heuristique entre des savoirs  hétérogènes mais néanmoins commensurables : des savoirs « institués » (académiques) d’un côté ; des savoirs d’expérience, « investis » dans les situations de  travail de l’autre. L’évaluation dite ergologique au cœur de cet ouvrage se réfère à  cette démarche pour montrer ce qui dans l’activité de travailleurs au sein d’une  Caisse d’Allocations Familiales est irréductible aux objectifs chiffrés et aux critères  de la commande publique. C’est sur ce terrain institutionnel que l’autrice a mené une  recherche doctorale dont cet ouvrage est le prolongement. Cette évaluation qualitative se veut complémentaire des évaluations quantitatives ayant cours habituellement  dans les organisations de travail.

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