» Le matin, à 9 h 30, je dis bonjour à mes fleurs « 

Cécile, créatrice de fleurs en porcelaine froide – Salers août 2023

 Propos recueillis et mis en texte par Roxane mars 2023 

Cécile fabrique ses fleurs

J’habite et je vis à Salers depuis 2019. C’est un pur hasard. Quand j’ai voulu partir des Landes, suite à une erreur de casting relationnel, j’ai voulu revenir en Corrèze au plus près de la montagne. Ma fille, elle a 17 ans, étant revenue de chez son papa, j’avais repéré un lycée pas mal à Mauriac et lors de ma demande de HLM, une dame avec qui je suis restée longtemps au téléphone m’a dit : « J’ai quelque chose qui va être parfait pour vous,  votre fille et votre gros chien… à Salers »   J’ai dit oui tout de suite, sans visiter.
Quinze  jours après, j’étais là…  dans ma cave, sans fenêtre. La plupart des boutiques de Salers sont les pas de porte d’anciennes boutiques des maisons  renaissance,  qui ouvrent sur la rue. J’allais la transformer en atelier boutique où aujourd’hui, je fabrique, expose et vends mes fleurs et bijoux en porcelaine froide. 

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« Le port, c’est un monde dans lequel je me sens exister »

Jean-Paul, agent consignataire au port de Saint-Nazaire

Parole mise en récit par François et Pierre

Le site portuaire de Saint-Nazaire – Montoir – Donges

La société d’agents consignataires au port de Saint-Nazaire travaille 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Ça ne s’arrête jamais. Un soir où j’étais d’astreinte, je reçois un appel. Il est 23 heures, je suis tout seul à la maison, devant mon petit écran. Le commandant d’un navire en attente sur rade a un problème. En raison du gros temps, le bâtiment au mouillage a tiré sur sa chaîne. L’ancre est accrochée au fond. L’équipage a les plus grandes difficultés à la relever. Il ne pourra donc pas monter au terminal à l’heure prévue pour décharger sa cargaison. Mon rôle d’agent consignataire, en tant qu’interlocuteur du bateau et de l’affréteur, est alors d’appeler la capitainerie du port pour signaler le problème.  À partir de là, l’information est répercutée auprès des services qui s’occupent des opérations d’accostage et de la rotation des navires, afin que les répercussions de ce contretemps soient gérées au mieux.

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Le travail à l’épreuve de la crise sanitaire

Quelques extraits

Les relations avec ses pairs

Dans les interactions, qui privilégie-t-on dans le travail à distance ?


Cet état de choc qui caractérise les premiers temps est général car très peu de collectifs ont été préparés à une telle situation. C’est néanmoins le cas d’une grande entreprise où, assez paradoxalement, le télétravail n’avait pas les faveurs de la direction :

« Ce que j’ai apprécié c’est que dans notre département on a compris assez tôt que, comme cela allait mal en Italie, nous serions aussi touchés. Nos équipes informatiques ont commencé à faire des tests dès fin février. Elles nous ont demandé d’être tous connectés à 21 heures 30 pendant une heure trente de connexion, depuis nos domiciles. Cette heure tardive à Paris permettait d’être en lien avec nos collègues d’Outre atlantique et avec ceux en poste en Extrême-Orient. Là, nous avons constaté quelques problèmes de bande passante, des ralentissements ici ou là… C’était un peu compliqué. Nos équipes ont analysé cela, fait en sorte que chacun dispose bien d’un ordinateur et ont refait un test. Cette fois cela a super bien marché, image et son. »
Bilie, assistante dans un grand groupe

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Quand ils entrent dans le bâtiment, les gens n’en reviennent pas

Tony, technicien aéronautique

Parole de novembre 2022, mise en récit par Pierre

Devant le siège de l’usine de Montoir, le « SO-30P Bretagne », un moyen courrier de 1947

Quand je suis entré dans la vie active, j’ai travaillé ici ou là dans le domaine de la chaudronnerie, du tournage, du fraisage. Un jour, je rencontre quelqu’un qui me dit : « Tiens, ils cherchent du monde à l’Aérospatiale ». Je ne savais même pas qu’il y avait cette entreprise dans la région de Saint-Nazaire – Montoir. Lorsque, venant de la Mayenne, j’étais arrivé dans la région en 1989 pour suivre mes parents du côté de Pontchâteau, on ne parlait que des Chantiers : 
« – Tu travailles où ?
– Je travaille aux Chantiers de l’Atlantique… » 
À l’époque, il y avait  plus de 10 000 personnes employées là-bas. L’image de la région, c’était celle des paquebots. En fait, j’ai été embauché à l’aérospatiale, dans l’usine de Montoir. Là, j’ai d’abord travaillé  sur la zone des panneaux sous voilures avant d’être affecté à la fabrication de la « case de train » du programme Airbus A330. Cette « case » est l’endroit où les roues de l’avion viennent se loger après le décollage. Puis, j’ai passé quelques années sur la ligne d’assemblage du fuselage de l’A300. À la longue, j’ai eu des problèmes de dos et je me suis retrouvé dans un service adapté. J’ai alors repris des études et j’ai décroché un diplôme qui, parmi les 563 métiers répertoriés chez Airbus, m’a permis d’en choisir un qui soit compatible avec mes soucis de santé. Je suis donc maintenant technicien aéronautique – un « col blanc » – chargé de remédier aux défauts de montage et d’améliorer le process sur le programme des A350. 

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Je peux dire, maintenant, que je suis bijoutière !

Karine, artisane bijoutière – Salers août 2022

Propos recueillis par Roxane et mis en texte par Dominique, février 2023 

Karine à son établi

Je fais des bijoux en argent et j’ai une boutique à Salers pour la saison d’été, dans une grange ancienne, superbement rénovée. C’est un très bel endroit, un peu caché, dans une ruelle qui aboutit à des escaliers. Le sol est pavé de petits cailloux polis, des pierres volcaniques et du basalte, qui sont assemblés en calade, c’est-à-dire sur la tranche sur une couche de chaux. 
C’est la deuxième année que nous y sommes installés avec Hubert mon conjoint,  également artisan bijoutier, avec qui j’ai monté notre atelier suite à notre reconversion professionnelle il y a 4 ans.

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“Avant la grève, Il n’y avait pas de véritable politique de transports urbains”

Catherine, conductrice de bus

Parole d’octobre 2022, recueillie par Pierre, mise en récit par Christine

Devant la gare SNCF

« Tu vois, c’est la dame qui m’emmenait à l’école quand j’étais petit » : c’est ce que j’ai entendu dernièrement dans la bouche d’un jeune homme qui montait dans mon bus avec son fils. Depuis trente ans que j’exerce ce métier, je fais un peu partie des murs. Il y a même des usagers qui m’appellent par mon prénom, surtout depuis la grève de 2004. Il faut dire que j’étais en première ligne pendant le conflit, qui a été très médiatisé. Des journalistes nous ont raconté que leur rédaction, comme lors de toutes les grèves, leur demandait d’interroger des usagers mécontents de notre arrêt de travail. Mais ils n’en trouvaient pas à Saint-Nazaire. C’était impressionnant de voir à quel point l’opinion publique était avec nous.

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Nous avons une vie à l’envers, nous ne sommes pas faits pour avoir une vie sédentaire

Maryline, créatrice verrier – Salers août 2022

Propos recueillis et mis en texte avec  Roxane – février 2023

Maryline et ses créations

Pascal, mon compagnon, a décrit comment nous sommes arrivés à Salers. J’ai envie d’en dire aussi quelques mots. Nous étions harassés, lassés des nombreuses expositions, pour vendre nos pièces. Nous avions besoin de nous sentir bien dans un environnement, d’avoir pignon sur rue et fidéliser ainsi une clientèle. Nous avons trouvé une boutique à Salers cette année-là. Dans un premier temps, nous y avons campé,  entre le petit atelier de démonstration, l’espace d’exposition de nos produits et l’espace cuisine et commodités. On avait de l’eau chaude ! Le soir, on poussait nos pièces, nos créations, pour ouvrir le canapé-lit. C’était vraiment très dur de rester dans cette boutique jour et nuit au milieu de nos pièces, quand bien même les avait-on créées et aimées. On ne souhaitait pas trop investir, puisqu’on ne savait pas non plus où on mettait les pieds. Au bout d’une saison on a su : on avait bien vendu. Alors nous avons saisi des opportunités et nous nous sommes installés dans une petite maison à côté du magasin. Comme cela les deux vies travail et profession étaient bien différenciées.

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Le chalumeau est devenu mon meilleur ami, je vis avec lui depuis 45 ans

Pascal, souffleur de verre au chalumeau – Salers, août 2022

Propos recueillis et mis en texte par  Roxane – janvier 2023

Pascal et ses créations

Il y a de cela neuf ans,  en balade dans le Cantal, nous nous sommes arrêtés à Salers. Là, un artisan  travaillant la corne m’a suggéré de prendre une boutique dans ce village touristique. Intéressé, je l’ai cherchée et trouvée facilement. 
Avec Marilyne ma compagne, on s’y est installé sans trop prévoir d’y rester. J’ai tout de suite apporté mon petit matériel et je me suis mis à travailler dur pour avoir suffisamment de stock à vendre et combler les espaces, garnir les rayonnages. J’essayais de produire en même temps que je vendais. Je mangeais dans une petite cuisine aménagée au fond avec un petit coin toilette, je dormais sur un canapé que je déployais chaque soir. C’est dire la petite vie de saltimbanque !

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« Je cherche à ce que la fascination que j’éprouve pour ce territoire industrialo-portuaire embarque les visiteurs »

Aurélie, guide-conférencière à « Saint-Nazaire Renversante »

Parole de février 2023, mise en récit par Pierre

Le car de « Saint-Nazaire Renversante » devant le terminal des conteneurs, vu du terminal roulier – Photo Farid Makhlouf

Les deux choses que je trouve fascinantes et que j’aimerais vraiment transmettre quand je fais visiter les Chantiers de l’Atlantique, c’est d’abord le rapport d’échelle entre l’objet monumental qu’est un paquebot et la main humaine de celui qui le construit ; puis tout le travail de planification que demande la fabrication de tels navires. J’aime conduire les visiteurs au pied de ces choses colossales et uniques pour qu’ils les voient en train de se faire.
La première partie de la visite des Chantiers se passe dans un autocar qui emmène les passagers, entre le port et l’estuaire de la Loire, à travers les 120 hectares de l’entreprise. Ils aperçoivent à travers les vitres les différents ateliers. Ils longent les espaces où sont entreposés à ciel ouvert les morceaux de puzzles en acier destinés à être assemblés en « panneaux » puis en « blocs » qui sont autant de parties plus ou moins complètes des futurs bateaux. Puis les visiteurs sont bientôt invités à mettre pied à terre pour entrer à l’intérieur de la forme de montage.

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Souvigny  : foire des troubadours et saltimbanques. 

Jean-Paul, maroquinier – Salers août 2022

Propos recueillis et mis en texte par Roxane – mars 2023

La boutique de Salers

Chaque été, nous nous installons à Salers jusqu’à fin septembre, et depuis 25 ans, vers la fin juillet, je laisse la boutique à S. mon épouse pour aller à Souvigny. Je suis un grand fidèle de la foire de Souvigny, pas seulement pour le business mais surtout pour l’ambiance. 

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Ma maison, mon territoire 

S. maroquinière – Salers août 2022

Propos recueillis et mis en textes par Roxane, mars 2023

L’atelier

Je m’appelle S., maroquinière, je travaille avec mon mari Jean-Paul maroquinier, il m’a appris son métier. Quand je me lève le matin vers 7h 30, ma première préoccupation, après la douche, est de nourrir mes cinq chats. Ensuite je monte à l’atelier au second étage. J’y vais en chausson ! C’est dire combien mon travail s’entremêle avec mon quotidien. Je consulte notre liste de fabrication pour voir son adéquation avec notre stock et avec notre répartition des tâches. C’est souvent mon mari, Jean-Paul, qui va à la presse, c’est toujours lui qui a le rôle de découpe, et moi plutôt celui de la diminution d’épaisseur du cuir avec la refendeuse.

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Le télétravail au féminin

Par Claire Robert, graphiste et dessinatrice de presse

Voir aussi son texte :  » la solitude de la dessinatrice de presse indépendante « , publié sur notre site. Et notre billet du 8 mars dernier « paroles de femmes sur leur travail et sa pénibilité », avec plein de liens vers des paroles de travailleuses publiés par la Compagnie Pourquoi se lever le matin!

Retrouvez, sur le site de Claire, le portfolio de ses dessins . Vous y serez accueillis par son brocoli arborant fièrement un coquelicot. Eh oui, « nous voulons des coquelicots! ». Il sera question de travail dans les dessins réalisés pour des organisations syndicales comme la CGT, Sud ou la Confédération paysanne, pour des ONG comme Amnesty, Emmaüs, et bien des organisations dont vous pourrez aussi, à cette occasion, découvrir les activités militantes, notamment autour des enjeux de l’alimentation. Sans oublier le livre « La raison des plus forts – chroniques du procès France Télécom » paru aux Éditions de l’Atelier en 2020, dont Claire a abondamment illustré les audiences.

La solitude de la dessinatrice de presse indépendante

par Claire, graphiste et dessinatrice de presse

 » Souvent, le dimanche, les jours fériés ou le soir à 22h30, elles montent des maquettes syndicales sur les droits des salariés à la Caisse d’épargne ou chez les fonctionnaires, et elles ont envie de pleurer. »

Je suis graphiste, maquettiste et dessinatrice de presse indépendante depuis 27 ans. Ça veut dire que j’ai connu le métier aux tous débuts d’Internet, du temps où les correcteurs et les rédacteurs en chef prenaient le RER pour se déplacer chez toi le jour du bouclage et que tu pouvais leur offrir un café et leur donner ton avis sur les articles du journal, mais ça, c’est de la vieille histoire.
Entre les années 2000 et 2020, les travailleurs indépendants se regroupaient dans des bureaux partagés pour mettre en commun les frais de chauffage, d’Internet, d’imprimante couleur et de papier-cul. On pouvait faire de joyeuses mises en commun de professions précaires : illustrateurs, typographes, photographes, correcteurs, webmasters, éditeurs, réalisateurs, monteurs, iconographes, journalistes, militants associatifs… Parfois on avait même une salle de réunion !

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 Ce sont des rencontres qui ont déterminé ma vie professionnelle

Jean, vendeur de savons artisanaux à Salers – août 2022

Propos recueillis par Roxane et mis en texte par Christine – février 2023

La boutique de savons, dans une ancienne cuisine d’un hôtel du XVII° s à Salers

Je suis arrivé à Salers grâce aux Artisans que j’ai côtoyés pendant près de dix ans alors que je fabriquais des vêtements de création, avec ma compagne de l’époque. Nous les vendions dans des salons de métiers d’art et dans des expos artisanales. J’ai alors connu de multiples artisans de création, dont des savonniers. En 2000, alors que je me séparais de ma compagne, j’ai décidé  qu’il fallait  que je reste dans l’artisanat, c’était un milieu qui me plaisait bien. J’ai alors pensé à revendre des savons. J’ai donc pris du stock auprès des maîtres savonniers fabricants dont on m’avait donné l’adresse, pour les vendre dans des expos artisanales, ou des foires, qui ne duraient jamais plus de deux jours. Faire des expos régulièrement est un travail harassant du fait des déménagements de matériels et de stocks et ce à tous vents. 

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Je fais, je défais, je refais et c’est comme cela que j’avance

Fanny, créatrice de bijoux macramé – Salers août 2022

Les créations de Fanny

Propos recueillis et mis en texte par Roxane – mars 2023

Quand je me suis installée créatrice de bijoux, je vendais sur les marchés, dans  des salons d’artisanat, un peu partout en France. En 2010 je crois, dans le Cantal, j’ai rencontré, notamment, Céline une potière et qui m’a proposé d’intégrer la Fabrik à Aurillac, une boutique collective d’artisans. J’y ai exposé mes bijoux en macramé, en dépôt-vente, en tant qu’invitée. Je ne tenais pas de permanence. C’était tranquille ! Au bout de quatre ans, l’équipe m’a dit “ Les invités normalement restent trois mois. On te propose d’intégrer la boutique en tant que permanente ou il faudra laisser ta place à d’autres invités….” 

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“On est tous comme ça. On a cette mentalité de vouloir travailler”

Patrice, ajusteur chez MAN-Energy Solutions, constructeur de moteurs diésel géants

Parole d’octobre 2022, recueillie et mise en récit par Pierre

Les établissements MAN, dans l’enchevêtrement des usines du site industriel

Je suis un «casseur d’angles». C’est comme ça que notre ancien patron, à son époque, appelait ceux qui, comme moi aujourd’hui, ébavuraient les bielles dans les ateliers de l’usine MAN-ES de Saint-Nazaire. Lorsqu’elles sortent de fabrication, ces pièces de moteur diésel ont des angles vifs. Il faut les effacer. Depuis que je suis arrivé dans l’usine comme ajusteur, il y a 20 ans, la technique n’a pas changé. Je me sers toujours de la lime comme j’ai appris à le faire à l’école. Il faut sentir la matière. Je passe un coup et j’enlève peut-être deux millimètres d’acier… En deux ou trois coups de lime, c’est vite fait. Certains utilisent la meule équipée d’une lime-aiguille en carbure. Mais je n’aime pas ça…

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« Quand on fait un travail de création, il y a une partie où l’on décide et une partie où on ne décide rien. Ça vient tout seul. »

Véronique, Artiste graveur & aquarelliste – Salers août 2022

Propos recueillis par Roxane et mis en texte par François – février 2023

Véronique au travail

Après avoir vécu en région parisienne, je me suis installée depuis deux ans à Besse, une commune distante de dix kilomètres de Salers. Cela fait une trentaine d’années que je viens dans le Cantal chaque été et aux congés de Toussaint. Comme mon mari est auvergnat, cela facilite les contacts.
J’ai mon atelier juste à côté de la maison. Il est assez grand et comme il est à l’étage, je bénéficie d’une belle vue et de beaucoup de lumière qui perce par de vastes baies vitrées. Mes matinées débutent par une petite séance de yoga. Cela m’aide à me mettre en forme, à me décontracter. Après, je me rends dans mon atelier pour organiser ma journée en fonction des différentes activités à venir. Si la journée va être consacrée à des tirages, je commence par préparer une table qui sert à chauffer les plaques de cuivre. Quant à l’encre, il faut la manipuler pour l’attendrir. Mais j’ai aussi des journées consacrées à la préparation d’une exposition et d’autres durant lesquelles je vais stimuler ma créativité. 

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L’urgence c’est de vivre – au cœur d’un service de cancérologie

Les inédits – 11 récits

Disponible en librairie – 19 €

Oncologue, dosimétriste, secrétaire médicale, kinésithérapeute, aide-soignante, infirmière, agente de service hospitalier, assistante sociale… chacune et chacun raconte la réalité de son travail au quotidien, auprès des malades : les gestes techniques, les relations avec les autres intervenants, l’accompagnement des familles… Vingt récits ont été publiés par les Éditions de l’Atelier, en voici la liste. Ils donnent la parole à l’éventail le plus large des métiers de la chaîne soignante. Onze autres récits n’ont pas pu être insérés dans le livre. Ils ont été diffusés au personnel de la clinique, mais il avait fallu faire, avec l’éditeur, des choix cruels pour l’ouvrage imprimé. Avec son accord, nous les publions aujourd’hui. Ce sont les inédits de « L’urgence c’est de vivre – Au cœur d’un service de cancérologie ». Chaque récit est ponctué par le regard porté par Pierre sur sa propre expérience d’accompagnant. Il explique ce cheminement dans cet avant-propos.

11 récits à lire, et à retrouver sur notre site, écrits avec :

« En oncologie, il faut y aller en douceur »

Christine, kinésithérapeute – Les inédits de « l’urgence c’est de vivre »

Se lever, aller aux toilettes ou prendre une douche : de petites choses anodines auxquelles les bien-portants ne prêtent pas attention. Mais les gestes de la vie quotidienne sont d’une grande importance pour une personne malade. Maintenir ces gestes élémentaires valorise le malade qui n’est plus, alors, condamné à rester  au fond de son lit : il retrouve des activités qui le rapprochent un peu de la normalité. Ne seraient-ce que quelques pas dans le couloir le font sortir un petit peu du contexte de la maladie.

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« Au bout de sept ans dans ce service, je ne sens pas de lassitude »

Clémence, infirmière en hospitalisation complète – Les inédits de « l’urgence c’est de vivre »

Nous avons plusieurs types de patients en hospitalisation complète.  Certains sont là de façon transitoire. Ce sont par exemple des personnes qui vivent seules et que nous gardons en surveillance après leur chimio. D’autres retournent profiter de leur maison pendant quelques semaines, mais reviennent régulièrement. Je me souviens d’un monsieur qui vivait dans la rue. Nous l’avons gardé longtemps avec nous, le temps de trouver un foyer où il puisse être pris en charge. Forcément, on s’attache davantage aux personnes qui restent longtemps. 

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« Je sais que les patients ont confiance en nous, les brancardières »

Marion, brancardière – Les inédits de « l’urgence c’est de vivre »

« Allez hop ! C’est la balade aujourd’hui ! ». Le patient qui m’accueille ainsi est un homme que je vais emmener sur son fauteuil, le long des couloirs. Il veut prendre les choses à la légère. La balade, c’est le scanner, la radio, les rendez-vous médicaux… Rien de bien réjouissant… Mais ça lui fait du bien de sortir de la chambre !  

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« Chaque patient attend de moi une explication »

Isabelle, infirmière coordinatrice – Les inédits de « l’urgence c’est de vivre »

Tôt le matin, je reçois un appel d’un monsieur qui a trouvé mon numéro de téléphone d’ « infirmière coordinatrice » dans le classeur remis aux patients de cancérologie. Il m’explique que la chimiothérapie qu’il est en train de subir à domicile a déclenché une grosse toxicité cutanée au visage. Depuis mon bureau je dois alors imaginer ce dont il s’agit par rapport à sa thérapie, et comprendre, en reprenant les consultations précédentes, si cette toxicité est nouvelle ou pas.

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« Le patient ou la patiente se transforment en véritables guerriers »

Nathalie, infirmière à domicile – Les inédits de « l’urgence c’est de vivre »

Quand je fais des toilettes à domicile chez un patient lambda, je ne suis souvent guère mieux considérée qu’une femme de ménage. La différence c’est qu’au lieu de me servir d’une serpillère, je tiens un gant. Dès que je suis amenée à faire un pansement, le regard change et on commence à me voir comme une infirmière, c’est-à-dire comme une professionnelle de santé. Ce problème n’existe pas lorsque j’ai affaire à des patients atteints de cancer.

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« Je n’oublie jamais que nous préparons des produits dangereux »

Geneviève, préparatrice en pharmacie hospitalière – Les inédits de « l’urgence c’est de vivre »

Ici, on fait du sur-mesure. Et on le fait au fur et à mesure. Quand je prépare une chimiothérapie, je sais qu’il y a un patient dans une salle d’attente et que ça n’est pas une partie de plaisir pour lui. Donc j’établis des priorités. Par exemple, si un patient a une prescription pour cinq médicaments, je démarre par le premier puis je m’attaque à la première molécule d’un autre patient, pour que chaque traitement puisse commencer. Après quoi, je préparerai la première prescription pour faire la suite. C’est une organisation compliquée pour les préparatrices qui débutent, mais j’ai appris par où commencer et sur quoi me focaliser pour optimiser l’attente des patients. C’est une question d’expérience.

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« Aucun patient en hôpital de jour ne reste anonyme »

Françoise, secrétaire médicale en oncologie, programmation – Les inédits de « l’urgence c’est de vivre »

Secrétaire médicale en cancérologie depuis 1992, j’occupe le poste de programmation en hôpital de jour d’oncologie-médecine depuis septembre 2012, date de l’ouverture de la Cité Sanitaire et donc du transfert de la Polyclinique de l’Océan devenue « Clinique Mutualiste de l’Estuaire ».

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