» Le matin, à 9 h 30, je dis bonjour à mes fleurs « 

Cécile, créatrice de fleurs en porcelaine froide – Salers août 2023

 Propos recueillis et mis en texte par Roxane mars 2023 

Cécile fabrique ses fleurs

J’habite et je vis à Salers depuis 2019. C’est un pur hasard. Quand j’ai voulu partir des Landes, suite à une erreur de casting relationnel, j’ai voulu revenir en Corrèze au plus près de la montagne. Ma fille, elle a 17 ans, étant revenue de chez son papa, j’avais repéré un lycée pas mal à Mauriac et lors de ma demande de HLM, une dame avec qui je suis restée longtemps au téléphone m’a dit : « J’ai quelque chose qui va être parfait pour vous,  votre fille et votre gros chien… à Salers »   J’ai dit oui tout de suite, sans visiter.
Quinze  jours après, j’étais là…  dans ma cave, sans fenêtre. La plupart des boutiques de Salers sont les pas de porte d’anciennes boutiques des maisons  renaissance,  qui ouvrent sur la rue. J’allais la transformer en atelier boutique où aujourd’hui, je fabrique, expose et vends mes fleurs et bijoux en porcelaine froide. 

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Je peux dire, maintenant, que je suis bijoutière !

Karine, artisane bijoutière – Salers août 2022

Propos recueillis par Roxane et mis en texte par Dominique, février 2023 

Karine à son établi

Je fais des bijoux en argent et j’ai une boutique à Salers pour la saison d’été, dans une grange ancienne, superbement rénovée. C’est un très bel endroit, un peu caché, dans une ruelle qui aboutit à des escaliers. Le sol est pavé de petits cailloux polis, des pierres volcaniques et du basalte, qui sont assemblés en calade, c’est-à-dire sur la tranche sur une couche de chaux. 
C’est la deuxième année que nous y sommes installés avec Hubert mon conjoint,  également artisan bijoutier, avec qui j’ai monté notre atelier suite à notre reconversion professionnelle il y a 4 ans.

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Nous avons une vie à l’envers, nous ne sommes pas faits pour avoir une vie sédentaire

Maryline, créatrice verrier – Salers août 2022

Propos recueillis et mis en texte avec  Roxane – février 2023

Maryline et ses créations

Pascal, mon compagnon, a décrit comment nous sommes arrivés à Salers. J’ai envie d’en dire aussi quelques mots. Nous étions harassés, lassés des nombreuses expositions, pour vendre nos pièces. Nous avions besoin de nous sentir bien dans un environnement, d’avoir pignon sur rue et fidéliser ainsi une clientèle. Nous avons trouvé une boutique à Salers cette année-là. Dans un premier temps, nous y avons campé,  entre le petit atelier de démonstration, l’espace d’exposition de nos produits et l’espace cuisine et commodités. On avait de l’eau chaude ! Le soir, on poussait nos pièces, nos créations, pour ouvrir le canapé-lit. C’était vraiment très dur de rester dans cette boutique jour et nuit au milieu de nos pièces, quand bien même les avait-on créées et aimées. On ne souhaitait pas trop investir, puisqu’on ne savait pas non plus où on mettait les pieds. Au bout d’une saison on a su : on avait bien vendu. Alors nous avons saisi des opportunités et nous nous sommes installés dans une petite maison à côté du magasin. Comme cela les deux vies travail et profession étaient bien différenciées.

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Le chalumeau est devenu mon meilleur ami, je vis avec lui depuis 45 ans

Pascal, souffleur de verre au chalumeau – Salers, août 2022

Propos recueillis et mis en texte par  Roxane – janvier 2023

Pascal et ses créations

Il y a de cela neuf ans,  en balade dans le Cantal, nous nous sommes arrêtés à Salers. Là, un artisan  travaillant la corne m’a suggéré de prendre une boutique dans ce village touristique. Intéressé, je l’ai cherchée et trouvée facilement. 
Avec Marilyne ma compagne, on s’y est installé sans trop prévoir d’y rester. J’ai tout de suite apporté mon petit matériel et je me suis mis à travailler dur pour avoir suffisamment de stock à vendre et combler les espaces, garnir les rayonnages. J’essayais de produire en même temps que je vendais. Je mangeais dans une petite cuisine aménagée au fond avec un petit coin toilette, je dormais sur un canapé que je déployais chaque soir. C’est dire la petite vie de saltimbanque !

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Souvigny  : foire des troubadours et saltimbanques. 

Jean-Paul, maroquinier – Salers août 2022

Propos recueillis et mis en texte par Roxane – mars 2023

La boutique de Salers

Chaque été, nous nous installons à Salers jusqu’à fin septembre, et depuis 25 ans, vers la fin juillet, je laisse la boutique à S. mon épouse pour aller à Souvigny. Je suis un grand fidèle de la foire de Souvigny, pas seulement pour le business mais surtout pour l’ambiance. 

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Ma maison, mon territoire 

S. maroquinière – Salers août 2022

Propos recueillis et mis en textes par Roxane, mars 2023

L’atelier

Je m’appelle S., maroquinière, je travaille avec mon mari Jean-Paul maroquinier, il m’a appris son métier. Quand je me lève le matin vers 7h 30, ma première préoccupation, après la douche, est de nourrir mes cinq chats. Ensuite je monte à l’atelier au second étage. J’y vais en chausson ! C’est dire combien mon travail s’entremêle avec mon quotidien. Je consulte notre liste de fabrication pour voir son adéquation avec notre stock et avec notre répartition des tâches. C’est souvent mon mari, Jean-Paul, qui va à la presse, c’est toujours lui qui a le rôle de découpe, et moi plutôt celui de la diminution d’épaisseur du cuir avec la refendeuse.

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 Ce sont des rencontres qui ont déterminé ma vie professionnelle

Jean, vendeur de savons artisanaux à Salers – août 2022

Propos recueillis par Roxane et mis en texte par Christine – février 2023

La boutique de savons, dans une ancienne cuisine d’un hôtel du XVII° s à Salers

Je suis arrivé à Salers grâce aux Artisans que j’ai côtoyés pendant près de dix ans alors que je fabriquais des vêtements de création, avec ma compagne de l’époque. Nous les vendions dans des salons de métiers d’art et dans des expos artisanales. J’ai alors connu de multiples artisans de création, dont des savonniers. En 2000, alors que je me séparais de ma compagne, j’ai décidé  qu’il fallait  que je reste dans l’artisanat, c’était un milieu qui me plaisait bien. J’ai alors pensé à revendre des savons. J’ai donc pris du stock auprès des maîtres savonniers fabricants dont on m’avait donné l’adresse, pour les vendre dans des expos artisanales, ou des foires, qui ne duraient jamais plus de deux jours. Faire des expos régulièrement est un travail harassant du fait des déménagements de matériels et de stocks et ce à tous vents. 

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Je fais, je défais, je refais et c’est comme cela que j’avance

Fanny, créatrice de bijoux macramé – Salers août 2022

Les créations de Fanny

Propos recueillis et mis en texte par Roxane – mars 2023

Quand je me suis installée créatrice de bijoux, je vendais sur les marchés, dans  des salons d’artisanat, un peu partout en France. En 2010 je crois, dans le Cantal, j’ai rencontré, notamment, Céline une potière et qui m’a proposé d’intégrer la Fabrik à Aurillac, une boutique collective d’artisans. J’y ai exposé mes bijoux en macramé, en dépôt-vente, en tant qu’invitée. Je ne tenais pas de permanence. C’était tranquille ! Au bout de quatre ans, l’équipe m’a dit “ Les invités normalement restent trois mois. On te propose d’intégrer la boutique en tant que permanente ou il faudra laisser ta place à d’autres invités….” 

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« Quand on fait un travail de création, il y a une partie où l’on décide et une partie où on ne décide rien. Ça vient tout seul. »

Véronique, Artiste graveur & aquarelliste – Salers août 2022

Propos recueillis par Roxane et mis en texte par François – février 2023

Véronique au travail

Après avoir vécu en région parisienne, je me suis installée depuis deux ans à Besse, une commune distante de dix kilomètres de Salers. Cela fait une trentaine d’années que je viens dans le Cantal chaque été et aux congés de Toussaint. Comme mon mari est auvergnat, cela facilite les contacts.
J’ai mon atelier juste à côté de la maison. Il est assez grand et comme il est à l’étage, je bénéficie d’une belle vue et de beaucoup de lumière qui perce par de vastes baies vitrées. Mes matinées débutent par une petite séance de yoga. Cela m’aide à me mettre en forme, à me décontracter. Après, je me rends dans mon atelier pour organiser ma journée en fonction des différentes activités à venir. Si la journée va être consacrée à des tirages, je commence par préparer une table qui sert à chauffer les plaques de cuivre. Quant à l’encre, il faut la manipuler pour l’attendrir. Mais j’ai aussi des journées consacrées à la préparation d’une exposition et d’autres durant lesquelles je vais stimuler ma créativité. 

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« Je donne une nouvelle vie à des objets abandonnés. »

Karine Céramiste plasticienne – Salers août 2022

Propos recueillis par Roxane et mis en texte par François – mars 2023 

Créations à partir d’objets récupérés

Petite fille, comme beaucoup d’enfants, je passais mes vacances chez mes grands-parents. Ils habitaient un petit hameau à l’écart de tout. Cependant il y avait ce qu’à l’époque on appelait un dépotoir. C’était pour moi un terrain de jeu et je m’y rendais avec mon grand-père. Nous récupérions de vieux objets que les gens avaient abandonnés. À  la maison, il les rafistolait pour en faire des jouets, des trottinettes… Je sais que mon activité d’aujourd’hui a un lien avec ces moments partagés. Prendre des objets que je trouve beaux même s’ils sont oxydés et abîmés est passionnant. Leur usure, leur patine sont la marque du temps et je discerne un vécu, une histoire, une époque. Outre leurs formes, j’apprécie tout particulièrement les objets qui ont conservé un peu de leurs couleurs, surtout quand elles sont vives. Par expérience, je sais qu’ils vont m’offrir plus de chance d’aboutir à une création qui va me satisfaire. Ainsi, je donne une nouvelle vie à des objets abandonnés, des objets qui ne servent plus.

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“C’est une très belle chose de devoir prouver à l’autre parce que ça oblige à se  prouver à soi-même. »

Jennifer couturière – Salers août 22

Propos recueillis et mis en texte par Roxane – novembre 2022

Jennifer dans la boutique de Salers

Nous ne connaissions pas du tout le Cantal, ni famille, ni amis. Nous avons regardé le taux d’ensoleillement, le taux de pollution et nous y sommes partis en vacances, par deux fois. Ça nous a plu. Conquis, on s’y est installé. La raison majeure ? C’était surtout ma fille… elle  est asthmatique. Ça explique beaucoup de choses ! À Lille où nous habitions, la pollution était terrible. Ici, ma fille va beaucoup mieux. Au fil du temps, j’ai pensé que notre intégration était dûe à nos enfants. Nous avons  été bien accueillis dans notre village,  tout de suite, à l’école, nous  avons rencontré  d’autres parents et nous nous sommes fondus dans un petit groupe d’amis. Et ça a continué. Un jour, en me baladant à Aurillac, dans les rues, j’ai vu : « La Fabrik », une boutique d’artisans créateurs. Vivement intéressée, j’ai postulé pour exposer mes produits en tant que couturière. C’était en 2017 et, dans le même temps, je créais ma marque : « Coquinette et Coquinou ». Coquinette ma fille et Coquinou mon garçon, c’est des petits surnoms qui disent bien ce qu’ils veulent dire. 

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Être à son compte, travailler pour soi, c’est le principal, même si nous n’avons pas de gros revenus. C’est notre choix de vie !

Stéphane, fabricant de jouets en bois – Salers Août 2022

Propos recueillis par Roxane et mis en texte par Christine – février 2023

Stéphane dans la petite Fabrik

Nous fabriquons les grands classiques du jouet en bois comme le petit pic-vert qui descend sur son « tronc », des yoyos, des puzzles, des petites voitures… Ils existaient il y a bien longtemps, nous ne les avons pas inventés. Mais nous avons tâché de dépoussiérer le genre en y mettant notre patte. Nous avons créé un petit robot de bois tout articulé en 2017. Pour lui, ça a vite bien marché. Il y a eu un vrai engouement de la part des adultes alors que les autres jouets sont plutôt destinés à la petite enfance, de 0 à 6 ans. Ma compagne a créé « les jouets de Fanny » en 2010. A l’époque, j’étais artisan en menuiserie traditionnelle. J’avais appris la menuiserie un peu par défaut parce que je ne savais pas quoi faire. Et puis j’y ai trouvé quelque chose qui m’a vraiment plu. Aujourd’hui, nous sommes tous les deux dans le même bateau, nous fabriquons des jouets en bois dans la vallée de la Jordane, à trois-quarts d’heure de Salers. 

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Il fallait que j’ose faire ce que j’aime

Fanny, créatrice des  » Jouets de Fanny » – Salers, août 2022

Propos recueillis et mis en texte  par Roxane – Février 23 

Fanny dans la petite Fabrik.

Mon papa, sur son lit d’hôpital, m’a dit : « Vas-y, fonce, moi j’aurais rêvé faire un truc comme ça !» Lui, il était mécanicien auto, doué de ses mains. Il bricolait tout : sculpture, électricité, bois… Il était fort en tout ! Quand j’étais petite, je le suivais sur les brocantes, les bourses d’échanges et je voyais ses yeux de collectionneur pétiller devant les jouets anciens, les Dinky Toy, les automates… De son lit, il disait « Parle-moi des jouets. Je t’aiderai, je te donnerai des conseils.» Et moi à son chevet, je lui racontais la création des « Jouets de Fanny ». On était en novembre 2010. Et j’étais libérée : j’avais choisi et j’avais l’aval de mon père.

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La « Fabrik » : un collectif d’artisans associés pour tenir boutique

Stéphane, artisan associé de la Fabrick, Salers août 2022

Parole recueillie par Roxane et mise en texte par Christine – février 2023

Dans la « petite Fabrik », à Salers

L’association « La Fabrik » a été créé il y a dix ans. C’est le nom de notre collectif d’artisans et aussi celui de notre boutique. Au départ, les collègues étaient cinq. Lorsque nous avons intégré le groupe Fanny et moi, avec nos jouets en bois, nous sommes arrivés dans le nouveau local, beaucoup plus grand que le premier. Aujourd’hui, nous sommes dix artisans qui nous relayons pour tenir nos boutiques, « la Fabrik » à Aurillac depuis 2012, à laquelle s’est ajoutée « la petite Fabrik » à Salers, en 2017. Bali Coco fait de la maroquinerie. Paul, lui, travaille le noyer. Il fait des lampes, des planches à découper et aussi du bijou : des bagues en bois. « Coquinette et coquinou » fait de la couture zéro déchet. Céline est potière. Karine travaille à partir de boîtes métalliques qu’elle recycle et sculpte. Fanny crée des bijoux en macramé. Marianne travaille le tissu, des sacs, des vêtements. Elle travaille beaucoup avec des troupes de théâtre. Nous exposons aussi, en dépôt vente, les créations d’autres artisans.  

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