
28 novembre, usine, accident. Le livre s’ouvre sur ce titre.
Puis quelques lignes dont voici la première.
« Toutes les usines ont leurs odeurs. La mienne sent la chaussette sale. »
Le ton est donné. Petits bruits d’un quotidien prolétaire est construit comme un puzzle, un assemblage de textes courts avec une date, un titre suivi d’un paragraphe direct, factuel.
Sylviane Rosière a tenu ce journal comme une chronique de son quotidien d’ouvrière. A à travers ce qu’elle écrit, se découvrent en creux ses conditions de vie au travail dans toute leur âpreté. Son usine au jour le jour se révèle dans ce qu’elle vit, qu’elle consigne dans les brèves vignettes portées par ce qu’on imagine un carnet.
Son récit de travail se lit de bout en bout sans le lâcher, comme si nous étions à côté d’elle, avec ses indignations, ses moments de joie, ceux qui l’entourent comme Olivier « qui revient après une absence et qui travaille désormais les mâchoires serrées » ou Fafa qui « a apporté des chocolats ce matin ».
Autant d’échos d’un vie, une vie du dehors une fois la journée de travail terminée, une vie avec les équipes pour répondre aux commandes qui viennent d’arriver, une vie avec des collègues souvent amis, une vie avec des chefs.
14 avril
Hier c’était mon anniversaire. Au travail j’avais mis les boissons et les gâteaux sur la table de contrôle. Le patron est passé, il a fait remarquer au régleur que la table n’était pas un garde-manger. P 81
Une poésie se dégage de ces pages, pudiques et vraies, sans jamais de jugement alambiqué. Une parole sans fard par Sylviane Rosière, ouvrière d’usine !
Dominique
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