La technologie permet de produire des raisonnements même si ce ne sont pas du tout des raisonnements humains

Parole de Jean-Baptiste, recueillie par Pierre et mise en récit par Dominique

Calculatrice programmable des années 80

Au début des années quatre-vingt, les moyens techniques étaient très modestes comparés à aujourd’hui, et pourtant je pouvais résoudre des équations avec une calculatrice programmable découverte au lycée grâce à un ami. Il fallait taper du « langage machine », plein de codes barbares, mais cela m’a passionné. Cette expérience s’est prolongée et étendue lorsque je suis entré dans une école spécialisée en informatique. J’ai alors vu que l’on pouvait apprendre à la machine une stratégie de calcul en y plaçant un algorithme. Il suffisait de lui indiquer ce qu’il fallait faire, par exemple : « Si telle condition, alors tu fais ça ; sinon tu fais autre chose ». Ou encore : « Continue telle suite d’opérations tant que telle condition n’est pas remplie ». J’avais le sentiment de pouvoir piloter la machine qui produisait alors des raisonnements logiques dont le résultat me surprenait parfois et m’émerveillait.

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« Les utilisateurs peuvent oublier qu’ils ont affaire à des machines »

Christophe, étudiant de Master 2 en Intelligence Artificielle

Pour valider mon master 2 en intelligence artificielle (IA), j’ai effectué un stage de 6 mois dans une entreprise du secteur aéronautique, pour explorer une solution d’aide à la prise de décision en utilisant un “grand modèle de langage“ (en anglais LLM, Large Language Model).
Je dois commencer par expliquer comment est organisée la maintenance des avions, au sein des compagnies aériennes. Un avion est un assemblage de nombreux systèmes, c’est très complexe. En cours de vol, il est en permanence en liaison avec le sol. Il envoie automatiquement des messages au centre de contrôle (MCC, Maintenance Control Center). C’est, intégrée dans chaque compagnie, une grande salle où des ingénieurs surveillent les vols en temps réel pour fournir une assistance, qui décharge les pilotes de certaines tâches. Quand une anomalie, un dysfonctionnement, une panne… surviennent, l’ingénieur décide en fonction des messages qu’il reçoit ce qu’il convient de faire : demander au pilote de se dérouter vers l’aéroport le plus proche, le laisser poursuivre son vol jusqu’à destination, puis anticiper une petite réparation sur le tarmac ou envoyer l’avion ailleurs pour une opération plus lourde. Tout cela en minimisant les retards ou annulations des vols suivants. Tous les dysfonctionnements ne sont pas dramatiques : par exemple, si une panne de gyroscope est détectée, dans la plupart des cas ce n’est pas grave parce qu’il y en a plusieurs. Pour l’aider dans son travail, l’ingénieur au sol dispose de la « notice » fournie par le constructeur avec l’avion. Elle est constituée de milliers de pages où sont décrits l’ensemble des systèmes de l’avion, tous les paramètres à prendre en compte et les conséquences des pannes. Bien sûr, ce sont des pages d’écrans, même si certains ingénieurs utilisent encore parfois la documentation papier.

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Le PC avait été un changement, l’IPad a été une rupture

Thelma, VRP – Voyageur Représentant Placier – en cosmétiques

Filmer et re-filmer les rayons jusqu’à ce que l’IA reconnaisse les produits

Quand j’ai commencé à travailler, il y a plus de trente ans, pour gérer mes stocks, je devais compter tous les produits, teinte par teinte, référence par référence. J’allais dans les réserves, puis en rayon, et je disais « là il en faut 10 », « là il en faut 12 ». Je comptais les produits à la main pour déclencher le volume juste de nouvelles commandes, que je validais avec le chef de rayon. Je négociais avec lui les opérations spéciales, ce qu’on appelle des mises en avant, comme des îlots avec les marques, tout ce qui fait que le consommateur trouve les produits au bon endroit et ait envie d’acheter. Après la visite ou à la fin de la journée, je passais les commandes au service clients depuis une cabine téléphonique. Par moments, nous étions un peu bousculés par les gens qui attendaient dehors. Mais tous les itinérants travaillaient dans les cabines, c’étaient comme nos bureaux.

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Un métier qui évolue : des poulies au joystick… et tac

Emin – Machiniste cintrier au théâtre

« C’est incroyable le nombre d’actions à faire sur un plateau »

Je  travaille dans le spectacle vivant en tant qu’intermittent du spectacle depuis 8 ans. J’ai tout de suite beaucoup travaillé : un jour à un bout de Paris et le lendemain à un autre, parfois en 48 heures d’affilée. Le milieu des théâtres à Paris est un petit milieu. Tout le monde se connaît. Si j’ai beaucoup tourné d’un théâtre à l’autre, depuis trois ans, je ne tourne plus que sur deux opéras parisiens, l’Opéra-comique et le théâtre des Champs Elysées. Je travaille sur des opéras, des concerts et des spectacles de danse. Je suis machiniste, c’est mon métier depuis le début. Le machiniste est celui qui intervient sur le plateau et c’est incroyable le nombre d’actions à faire sur un plateau. Alors que les électros, font la lumière, les sondiers font le son – on les appelle ainsi, c’est un vrai terme dans le glossaire – les machinistes font tout le reste. C’est nous qui passons la serpillère mais c’est aussi nous qui accrochons un comédien qui s’envole à 10 mètres de haut. 

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Quels impacts des technologies numériques sur le travail ?

Participez à ce projet en racontant, avec la Compagnie, ce que le numérique fait à votre travail.

IA : deux lettres qui suscitent intérêt, voire fascination, autant que peurs et suspicions. Machines génératrices de textes, d’images, de sons, ou de lignes de code, systèmes de tri et d’analyse de données, de diagnostic médical ou technologique, de pilotage de robots ou d’usines entières, elles s’invitent aujourd’hui au travail. Elles déferlent de plus en plus vite, dans tous les corps de métier ou presque.
Mais que changent-elles concrètement dans l’exercice de son activité ? Apportent-elles un plus permettant par exemple de se libérer de tâches astreignantes ? Introduisent-elles de nouvelles contraintes ? Comment s’en débrouille-t-on, soi-même et avec les autres ? Qu’est-ce qu’on vous demande, qu’est-ce que ça vous demande ?

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