La technologie permet de produire des raisonnements même si ce ne sont pas du tout des raisonnements humains

Parole de Jean-Baptiste, recueillie par Pierre et mise en récit par Dominique

Calculatrice programmable des années 80

Au début des années quatre-vingt, les moyens techniques étaient très modestes comparés à aujourd’hui, et pourtant je pouvais résoudre des équations avec une calculatrice programmable découverte au lycée grâce à un ami. Il fallait taper du « langage machine », plein de codes barbares, mais cela m’a passionné. Cette expérience s’est prolongée et étendue lorsque je suis entré dans une école spécialisée en informatique. J’ai alors vu que l’on pouvait apprendre à la machine une stratégie de calcul en y plaçant un algorithme. Il suffisait de lui indiquer ce qu’il fallait faire, par exemple : « Si telle condition, alors tu fais ça ; sinon tu fais autre chose ». Ou encore : « Continue telle suite d’opérations tant que telle condition n’est pas remplie ». J’avais le sentiment de pouvoir piloter la machine qui produisait alors des raisonnements logiques dont le résultat me surprenait parfois et m’émerveillait.

Continuer à lire … « La technologie permet de produire des raisonnements même si ce ne sont pas du tout des raisonnements humains »

« Je ne suis pas mon handicap ! »

Noëlle, assistante de direction – office-manager

Un poste aménagé, avec un siège destiné à une personne handicapée

Assistante de direction, office-manager, présidente de la FFMAS1 Nouvelle-Aquitaine, référente handicap, mentor… mon quotidien est tout sauf monotone ! Pourtant, depuis douze ans, je jongle avec une collection de pathologies : fibromyalgie, cervicalgies sévères générant névralgies d’Arnold et névralgies cervico-brachiales, lombalgies chroniques, hernies discales et une myélopathie qui a nécessité, il y a quelques mois, une opération lourde. Le chirurgien a ouvert trois vertèbres cervicales et posé des vis. Je suis encore en convalescence.
Mais ne nous y trompons pas : ces pathologies font partie de ma vie, elles ne sont pas ma vie !

Continuer à lire … « « Je ne suis pas mon handicap ! » »

La Compagnie collabore à Nonfiction

Saint-Nazaire au travail : les chantiers de l’Atlantique, une série à suivre dans la chronique de la Compagnie sur le site de Nonfiction

Entre la presse conventionnelle et les revues scientifiques, Nonfiction entend ménager « un espace de rencontre et de débat des sciences sociales à la fois entre elles, avec les arts et les lettres, et avec le grand public ». La Compagnie Pourquoi se lever le matin, dont le projet est de participer aux débats de société en donnant le point de vue du travail, ne pouvait qu’y trouver une place de choix. 

Continuer à lire … « La Compagnie collabore à Nonfiction »

Nonfiction

Le quotidien des livres et des idées

À la fois média participatif et revue scientifique, Nonfiction propose à tous les curieux de suivre au quotidien l’actualité de la recherche et des idées.

Continuer à lire … « Nonfiction »

« C’est faire un peu de tout qui me plait »

Guillaume, employé dans un ESAT

Atelier dans un ESAT (1)

Je vais au travail en bus de ville. Quand j’arrive en avance vers 8 heures 15, j’ai le temps. Je vais à mon casier pour prendre ma gourde. Je n’ai ni tenue particulière, ni chaussures de sécurité car mes pieds ne sont pas adaptés aux chaussures de sécurité. Je garde mes baskets.
Maintenant on commence à 8 heures 30. Avant on commençait à 9 heures. On finit à 16 heures 15. La pause c’est de 10 heures 25 à 10 heures 35 le matin. On mange à midi 25, on reprend à 13 heures 20. Et l’après-midi c’est pareil, 14 heures 25 à 14 heures 35.

Continuer à lire … « « C’est faire un peu de tout qui me plait » »

Le temps est un mot du travail

Mise en lumière des différents temps ressentis dans le travail

Top !
Temps de travail, temps de sommeil,
Temps de transport et temps de loisir,
Temps des jeux, temps de peine, temps de prière,
Temps de lecture, de cinéma, temps pour rêver à rien,
Temps de paix temps de guerre, de peurs et temps d’espoirs infinis,
Temps invisibles, temps contraints, temps libres et temps de la négociation,
Temps des compromis difficiles, temps des conflits, temps perdus et temps gagnés,
Chronomètre, pointeuses, cadences, temps de la prime, temps des retenues sur salaire,
Temps de l’effort, temps de la reconnaissance, temps de la fierté collective, temps de la joie,
«  NOUS  AVONS  L’ETERNITÉ  ET  UN   JOUR »  –   THEO   ANGELOPOULOS 
Temps du doute, temps des hésitations, temps des projets qui unissent,
Temps de la fraternité dans l’atelier, dans les usines et dans la Cité,
Temps de procédures, temps des bricolages temps des initiatives,
Secondes, minutes, heures, jours et semaines, années, siècles,
Temps de l’enfance, temps de l’adolescence, et de la maturité,
Temps du cœur, de l’amour, temps des roses et du muguet,
Temps court, temps des copains et de l’aventure,
Temps de pluie, de liberté, de félicité,
Brume, soleil,
Top !

Continuer à lire … « Le temps est un mot du travail »

De « Que sait-on du travail ? » à « Travailler mieux »

La suite de l’état des lieux, avec des propositions concrètes

Christine Erhel & Bruno Palier (dir.) Travailler mieux, Paris, PUF – La vie des idées, 2025, 221 p, 18 €

« Travailler mieux » vient à la suite du projet de médiation scientifique coordonné par Bruno Palier, dans le cadre d’un partenariat entre Sciences Po et le journal le Monde, qui a donné lieu en 2023 à la parution de « Que sait-on du travail? », état de l’art pluridisciplinaire des connaissances sur le travail, proposant 36 contributions de chercheuses et chercheurs en SHS.
Face aux difficultés rencontrées par les personnes au travail et parce que les travaux académiques identifient aussi des pistes d’amélioration, une deuxième séquence a été lancée depuis l’automne 2024, en partenariat avec la Vie des idées : rassembler des propositions concrètes en faveur de meilleures situations au travail. Le recueil de ces propositions est présenté dans « Travailler mieux », dont François nous propose ici une note de lecture.


Dans l’introdution de « Travailler mieux », Bruno Palier écrit qu’après avoir formulé leurs constats, l’ensemble des contributeurs ont eu à coeur de « souligner les enjeux des transformations du travail liées à la digitalisation ou au changement climatiques » (p. 8). Ces enjeux s’avèrent d’autant plus forts que, par le biais de comparaisons internationales, les constats concernant la France leur apparaissaient plutôt alarmants. Quelles en étaient les causes ?

Continuer à lire … « De « Que sait-on du travail ? » à « Travailler mieux » »

Ouvrière d’usine !

Le livre est paru en 2010 aux éditions libertaires – 10€

 28 novembre, usine, accident. Le livre s’ouvre sur ce titre.
Puis quelques lignes dont voici la première.
«  Toutes les usines ont leurs odeurs. La mienne sent la chaussette sale. »
 Le ton est donné. Petits bruits d’un quotidien prolétaire est construit comme un puzzle, un assemblage de textes courts avec une date, un titre  suivi d’un paragraphe direct, factuel.
Sylviane Rosière a tenu ce journal comme une chronique de son quotidien d’ouvrière. A  à travers ce qu’elle écrit,  se découvrent en creux ses conditions de  vie au travail dans toute leur âpreté. Son usine au jour le jour se révèle dans ce qu’elle vit, qu’elle consigne dans les  brèves vignettes portées par ce qu’on imagine un carnet.
Son récit de travail se lit de bout en bout sans le lâcher, comme si nous étions à côté d’elle, avec ses indignations, ses moments de joie, ceux qui l’entourent comme Olivier «  qui revient  après une absence et qui travaille désormais les mâchoires serrées » ou Fafa  qui «  a apporté des chocolats ce matin ».
Autant d’échos d’un  vie, une vie du dehors une fois la journée de travail terminée, une vie avec les équipes pour répondre aux commandes qui viennent d’arriver, une vie avec  des collègues souvent amis, une vie avec des chefs. 
14 avril
Hier c’était mon anniversaire. Au travail j’avais mis les boissons et les gâteaux sur la table de contrôle. Le patron est passé, il a fait remarquer au régleur  que la table n’était pas un garde-manger.
P 81
Une poésie se dégage de ces pages, pudiques et vraies, sans jamais de jugement alambiqué. Une  parole sans fard par Sylviane Rosière, ouvrière d’usine !

Les dernières nouvelles de la Compagnie

Le grand portique des Chantiers navals, dominant la vile

Il se passe à Saint-Nazaire ce pour quoi nous avons créé la Compagnie « Pourquoi se lever le matin! » : donner la parole au travail, par sa mise en récit, et partager ces textes. Au départ, écrire quelques récits, avec un fin connaisseur du territoire. Puis, rencontrer des adhérents du Centre de Culture Populaire, autour des textes. Ensuite, cela s’enchaîne comme une boule de neige. Des lecture publiques dans des bars, à la bibliothèque ou à la librairie, avec les adhérents d’une section syndicale, à la fête du 1er mai.. De nouveaux volontaires se présentent pour raconter leur travail, pour collecter des récits… Une histoire à lire ici

Continuer à lire … « Les dernières nouvelles de la Compagnie »

Travailler à Saint-Nazaire et alentour

Écrire, lire et écouter le travail, avec la Compagnie « Pourquoi se lever le matin! » et le Centre de Cuture Populaire

Continuer à lire … « Travailler à Saint-Nazaire et alentour »

J’ai envie de couper des cheveux, pas d’utiliser des produits toxiques

Isabelle, coiffeuse à domicile

De la main droite, je tire la mèche avec le peigne. Je la tire, je la dresse, je la remonte, je l’attrape avec la main gauche, et avec la droite je coupe au raz des doigts. Voilà, c’est ça. Le peigne et les ciseaux dans la même main, c’est bien ça le geste, maintenant je le fais sans y penser. Et je recommence. Tac tac, tac tac, tac tac. Ça a l’air simple, mais il faut tenir le rythme. En protégeant la lame dans le poignet, pour ne pas blesser… Ce sont des ciseaux bien particuliers, évidemment, des ciseaux de professionnelle, avec lesquels je peux couper très épais en une seule fois, sans effort. Des ciseaux à 350 euros, quand même.

Continuer à lire … « J’ai envie de couper des cheveux, pas d’utiliser des produits toxiques »

« Retour de congés »

Un mot du travail, un mot de la fin août

Arrivés rue Caulaincourt, Jean et Odette rangèrent leurs bicyclettes dans la cour de l’immeuble. En détachant les lourdes sacoches, ils se remémorèrent ce jour de juin où, en s’approchant du portail d’entrée des établissements ETI spécialisés dans le traitement des peaux à Montreuil, ils avaient remarqué un groupe de camarades qui distribuaient des tracts confirmant l’adoption définitive de la loi accordant aux salariés douze jours de congés payés. Un peu surpris de voir ce droit enfin arraché au patronat pour l’ensemble des travailleurs, ils avaient loué une toile de tente et rassemblé le minimum nécessaire pour camper : petit réchaud à alcool, poêle et casserole. Les berges de l’Oise les avaient accueillis pour de longues baignades et balades à bicyclette. Un jour, ils avaient même pu s’offrir une friture dans une ginguette et ils avaient dansé. En passant devant la loge, ils furent accueillis par un sonore : « Ah ! vous r’voilà ! Point travailler et être payé, on dirait bien que ça vous a réussi. La p’tite dame a même forci ! ». Heureux, ils se sourirent. L’an prochain, en faisant des économies, ils repartiraient, mais à la mer cette fois. Pour cela, Jean accepterait de travailler quelques heures de plus à son poste de tannage et Odette ferait tous les soirs la fermeture de la boulangerie à la place de son amie Suzette de nouveau enceinte.

Continuer à lire … « « Retour de congés » »

Un recueil de récits du travail de communicant interne publié par l’Afci

Vient de paraitre : « À mots ouverts Tout ce que je veux vous dire sur mon métier, la communication interne »

Illustrés par les aquarelles de Bénédicte Tilloy, ces textes sensibles et incarnés révèlent la richesse et la complexité d’un métier encore trop souvent méconnu ou mal compris.
Le recueil s’ouvre sur un avant-propos de Jean-Marie Charpentier, administrateur de l’Afci, et se clôt par une analyse de Florence Osty, sociologue du travail

Dans le but de mettre au jour et en même temps de comprendre l’évolution de la communication interne et de ceux et celles qui en font leur métier, l’Afci (Association française de communication interne) a impulsé un atelier nommé Récits de métier. Son objectif était clair, sa méthode simple. Il s’agissait d’entrer dans le métier et de révéler ce que signifie travailler en communication interne dans les organisations.

Continuer à lire … « Un recueil de récits du travail de communicant interne publié par l’Afci »

Prendre du plaisir dans son métier, c’est le plus important

Nicolas, horloger

Lorsque j’étais gamin, j’étais fasciné par l’atelier où mon père exerçait son métier d’horloger. Il manipulait là des quantités de petits outillages, il connaissait l’emplacement des minuscules tours, plaçait les axes et remontait les rouages qui, comme par magie, donnaient naissance aux « mouvements » du mécanisme. Comme Obélix dans le chaudron de potion, je suis tombé dans l’horlogerie quand j’étais petit. J’ai voulu en faire mon métier. Quand, à l’école, on nous demandait de mimer un métier, j’imitais l’horloger. Mon destin était peut-être de faire ce métier-là.

Continuer à lire … « Prendre du plaisir dans son métier, c’est le plus important »

Tatoueuse : un métier-passion

Iza, tatoueuse

Le client qui entre dans mon atelier de tatoueuse a déjà une idée de ce qu’il veut que je grave sur sa peau… Mon rôle est de recevoir cette personne – plus souvent une femme qu’un homme – comme quelqu’un qu’il faut d’abord écouter. Est-ce que l’étoile, le phénix, le lotus qu’il ou elle me demande de tatouer correspondent bien à sa morphologie, à sa personnalité, à son besoin ? Souvent, je me rends compte alors qu’il s’agira d’un tatouage réparateur : recouvrir une cicatrice, une trace de brûlure, mais aussi soigner une blessure morale, un mal-être psychologique. Moi qui ai fait des études de psycho et qui rêvais de devenir éducatrice ou travailleuse sociale, je me retrouve dans mon élément.

Continuer à lire … « Tatoueuse : un métier-passion »

Les gâteaux de Denis

Denis, artisan pâtissier

Dans l’atelier du pâtissier

Je me suis installé comme artisan pâtissier en 2005 à Guérande. Mon atelier se trouve à Pénestin depuis 2013, entre estuaire de la Vilaine et Océan, entre Morbihan et Loire-Atlantique. Je vends ma production sur place dans mon atelier et en différents lieux à Saint-Nazaire et alentours.

Continuer à lire … « Les gâteaux de Denis »

Vacances

Un mot du travail, vu de la salle des profs, du bureau et même… en poésie

Le mois de mai, avec ses week-end à rallonge, c’était le début de la débandade…
Dans la salle des profs, une étrange hâte semblait pousser les collègues à explorer plus distraitement leur casier, à slalomer entre deux conseils de classe, deux paquets de copies à corriger, et le parking où les attendait leur voiture. Depuis un moment déjà, les élèves n’y croyaient plus… Les jeux étaient faits. Le soleil les invitait à l’insouciance et à l’impertinence.
Puis arrivait juin. Les derniers résultats étaient inscrits sur les bulletins scolaires, les orientations étaient bouclées. Pour peu que l’établissement fût centre d’examen, les élèves savaient qu’ils seraient libérés prématurément. En dépit des révisions et d’une vague angoisse d’avant les épreuves du bac ou du brevet des collèges, c’était la grande glissade vers la fin du mois.

Continuer à lire … « Vacances »

Le travail, avec mes collègues proches, se faisait dans une ambiance qui ne tenait absolument pas compte de mes moments de faiblesse.

Alexis, technicien dans une Société de Service en Informatique

« …des robots mono-bras, qui tournent dans tous les sens sur une ligne de construction… »

Après la période Covid, tout seul à la maison, j’ai suivi une formation d’informaticien en ligne avec «Openclassrooms». Puis j’ai monté une auto-entreprise de dépannage informatique qui proposait des petites réparations à distance, chez moi. Le bouche à oreille dont j’ai bénéficié parlait de la qualité de mon travail et de ma relation humaine. Ces personnes privées me faisaient confiance, quand bien même elles exposaient leur l’intimité à travers les photos et textes dans leur ordinateur de famille. J’ai créé cette entreprise pour retrouver le gout des vrais contacts humains. Ce qui avait été bafoué, dans mes précédents métiers. Dans la vente, le rapport client vendeur est dicté par la direction et par la recherche de profit ! Donc la relation devient manipulation. Ce qui ne m’allait pas du tout.

Puis, dans les aléas de la vie, je me suis fait embaucher par une société basée à Lyon, mais qui m’a envoyé travailler à Silex, à Annonay, une entreprise historique, de 1500 personnes, qui fabrique des véhicules pour le transport. Je devais m’occuper de la maintenance informatique de l’usine.

Continuer à lire … « Le travail, avec mes collègues proches, se faisait dans une ambiance qui ne tenait absolument pas compte de mes moments de faiblesse. »

« Les utilisateurs peuvent oublier qu’ils ont affaire à des machines »

Christophe, étudiant de Master 2 en Intelligence Artificielle

Pour valider mon master 2 en intelligence artificielle (IA), j’ai effectué un stage de 6 mois dans une entreprise du secteur aéronautique, pour explorer une solution d’aide à la prise de décision en utilisant un “grand modèle de langage“ (en anglais LLM, Large Language Model).
Je dois commencer par expliquer comment est organisée la maintenance des avions, au sein des compagnies aériennes. Un avion est un assemblage de nombreux systèmes, c’est très complexe. En cours de vol, il est en permanence en liaison avec le sol. Il envoie automatiquement des messages au centre de contrôle (MCC, Maintenance Control Center). C’est, intégrée dans chaque compagnie, une grande salle où des ingénieurs surveillent les vols en temps réel pour fournir une assistance, qui décharge les pilotes de certaines tâches. Quand une anomalie, un dysfonctionnement, une panne… surviennent, l’ingénieur décide en fonction des messages qu’il reçoit ce qu’il convient de faire : demander au pilote de se dérouter vers l’aéroport le plus proche, le laisser poursuivre son vol jusqu’à destination, puis anticiper une petite réparation sur le tarmac ou envoyer l’avion ailleurs pour une opération plus lourde. Tout cela en minimisant les retards ou annulations des vols suivants. Tous les dysfonctionnements ne sont pas dramatiques : par exemple, si une panne de gyroscope est détectée, dans la plupart des cas ce n’est pas grave parce qu’il y en a plusieurs. Pour l’aider dans son travail, l’ingénieur au sol dispose de la « notice » fournie par le constructeur avec l’avion. Elle est constituée de milliers de pages où sont décrits l’ensemble des systèmes de l’avion, tous les paramètres à prendre en compte et les conséquences des pannes. Bien sûr, ce sont des pages d’écrans, même si certains ingénieurs utilisent encore parfois la documentation papier.

Continuer à lire … « « Les utilisateurs peuvent oublier qu’ils ont affaire à des machines » »

Les dernières nouvelles de la Compagnie – mai 2025


« Fête du Travail », ce n’est pas du tout « Journée internationale pour les droits des travailleuses et des travailleurs ». Ces mots sont déjà habités. À lire et à discuter, ici.

9 mots du travail mis en discussion en avril

  • Argent : tout ça pour quoi ?
  • Bonne année : les voeux aux salariés, une cérémonie millimétrée. Rebonds : tentatives pour faire bref, sans langue de bois, pour sous-traiter à une IA. Un exercice pas si anodin. Les voeux d’un Président poète
  • Cadre : une fiction pas si fictionnelle. Rebond : déserteur
  • Collaborateur : inclusif ou piégé ? Un mot qui gomme les différences de statut au travail
  • Indicateurs : des objets qui prolifèrent. Rebond : de l’indicateur au critère
  • KPI : se prononce « KaPiHaï », pour Indicateur Clé de Performance. Rebond : du « KaPiHaï » au « KaPiAïe »
  • Manager : un mot rare dans les récits de travail. Rebond : encadrement de proximité, entre marteau et enclume
  • Perruque : l’activité clandestine bien entendu, pas le postiche capillaire
  • Recruter, rebond : « Quand l’IA s’en mêle »
Continuer à lire … « Les dernières nouvelles de la Compagnie – mai 2025 »

1er mai

Quand les mots du travail sont déjà habités : « Fête du Travail », ce n’est pas du tout « Journée internationale pour les droits des travailleuses et des travailleurs »

Photo : Dans mon jardin, 1er mai 2025

Comme l’œillet portugais ou la rose mitterrandienne, le brin de muguet porte l’espoir de jour meilleurs. Il se traque dans les sous-bois, il s’achète auprès de militants politiques ou associatifs, chez le fleuriste, et même à un vendeur à la sauvette puisque, ce jour-là, c’est permis. On se l’offre, on se l’accroche à la boutonnière avant d’aller au défilé. Où, selon l’actualité sociale de l’année, on sera plus ou moins nombreux. Ainsi le 1er mai 2023, en plein conflit contre la réforme des retraites, fut grandiose.

Continuer à lire … « 1er mai »

Recruter

Recrutement et candidature, des mots du travail vieux comme le monde, sont aujourd’hui dans le viseur des intelligences artificielles

Avec la nécessité de disposer de personnels très qualifiés, l’Armée française a dû développer des modalités de recrutement sophistiqués. Ce mot retrouve ainsi son usage sous l’Ancien Régime. Après des batailles meurtrières, les chefs militaires étaient enjoints de reconstituer leurs effectifs sans retard.

Hors de ce contexte, recruter s’avère être un processus millénaire et multiforme. Dans le croissant fertile entre Tigre et Euphrate, le paysan en quête de bras fait d’abord appel à ses enfants et à défaut à toute personne de sa famille. Cette modalité mise en œuvre dans les hautes sphères du pouvoir caractérise le népotisme. Elle rassure le responsable suprême qui escompte – a priori – être servi avec loyauté. Mais l’Histoire ne compte plus les empereurs, rois, Princes de l’Église, … trahis par des membres de leur premier cercle. « Tu quoque mi filii » se serait écrié César mourant sous l’arme de Brutus qu’il considérait comme son fils. 

Continuer à lire … « Recruter »

Argent

Pour mettre un peu de poésie dans les débats sur les mots de la rémunération du travail

Par le travail, tu gagneras l’argent à la sueur de ton front… Et tu perdras ton temps à vouloir le gagner ! 
Et gare à la tentation de vouloir gagner du temps en compressant la semaine de 35 heures en quatre jours pour arranger les gens.
Comme tout le monde, je prendrai le train à la gare ou chercherai une place pour me garer, mais je m’égare … 

Continuer à lire … « Argent »

Cadre

Un mot du travail : des jeunes ingénieurs des années 1950 à ceux qui choisissent aujourd’hui de déserter

Juin 1951
André, entouré de ses parents, reçoit son diplôme d’ingénieur. Sa mère dactylo et son père instituteur sont légitimement fiers de leur fils. La reconstruction de la France n’est pas terminée et André est rapidement recruté par la Société d’Etudes et de Travaux et est affecté sur un chantier en Bourgogne. Il épaulera le chef de chantier issu du rang car il maîtrise les toutes nouvelles techniques de béton armé. André découvre une communauté très soudée mais il s’y intègre aisément. A midi, sa gamelle est réchauffée au bain-marie avec celle des ouvriers. Au-delà des calculs qu’il effectue dans une caravane, en bottes et « bleu », il est très présent sur le chantier. Jour après jour, il a la satisfaction de voir que la construction du pont respecte globalement les délais impartis.

Continuer à lire … « Cadre »

Collaborateur

Un mot du travail : inclusif ou piégé ?

Il ne faisait pas bon se voir traiter de  “collaborateur” après 1945. Le DRH s’appelait alors Monsieur le Directeur du personnel et il avait des subordonnés. Ou plutôt des subordonnées. Aujourd’hui, il est devenu tout à fait honorable d’être le collaborateur d’une entreprise, d’un groupe, d’un média ou d’une institution. C’est le terme générique utilisé pour parler des salariés dans les histoires que l’on raconte aux managers pendant les grand messes de l’entreprise. Cependant, le mot est rare dans les paroles des personnes avec qui nous avons fait un récit de leur travail. Ceux qui l’utilisent sont cadres de direction ou experts RH. Ils disent “les collaborateurs” (ceux de l’entreprise), plutôt que “mes collaborateurs” (ceux avec qui ils travaillent). 

Continuer à lire … « Collaborateur »