Argent

Pour mettre un peu de poésie dans les débats sur les mots de la rémunération du travail

Par le travail, tu gagneras l’argent à la sueur de ton front… Et tu perdras ton temps à vouloir le gagner ! 
Et gare à la tentation de vouloir gagner du temps en compressant la semaine de 35 heures en quatre jours pour arranger les gens.
Comme tout le monde, je prendrai le train à la gare ou chercherai une place pour me garer, mais je m’égare … 

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Cadre

Un mot du travail : des jeunes ingénieurs des années 1950 à ceux qui choisissent aujourd’hui de déserter

Juin 1951
André, entouré de ses parents, reçoit son diplôme d’ingénieur. Sa mère dactylo et son père instituteur sont légitimement fiers de leur fils. La reconstruction de la France n’est pas terminée et André est rapidement recruté par la Société d’Etudes et de Travaux et est affecté sur un chantier en Bourgogne. Il épaulera le chef de chantier issu du rang car il maîtrise les toutes nouvelles techniques de béton armé. André découvre une communauté très soudée mais il s’y intègre aisément. A midi, sa gamelle est réchauffée au bain-marie avec celle des ouvriers. Au-delà des calculs qu’il effectue dans une caravane, en bottes et « bleu », il est très présent sur le chantier. Jour après jour, il a la satisfaction de voir que la construction du pont respecte globalement les délais impartis.

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Collaborateur

Un mot du travail : inclusif ou piégé ?

Il ne faisait pas bon se voir traiter de  “collaborateur” après 1945. Le DRH s’appelait alors Monsieur le Directeur du personnel et il avait des subordonnés. Ou plutôt des subordonnées. Aujourd’hui, il est devenu tout à fait honorable d’être le collaborateur d’une entreprise, d’un groupe, d’un média ou d’une institution. C’est le terme générique utilisé pour parler des salariés dans les histoires que l’on raconte aux managers pendant les grand messes de l’entreprise. Cependant, le mot est rare dans les paroles des personnes avec qui nous avons fait un récit de leur travail. Ceux qui l’utilisent sont cadres de direction ou experts RH. Ils disent “les collaborateurs” (ceux de l’entreprise), plutôt que “mes collaborateurs” (ceux avec qui ils travaillent). 

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Indicateurs 

Un mot du travail. Les indicateurs sont-ils des outils ou une malédiction ?

A partir des données lues sur le tableau de bord d’une voiture, pour ne prendre que cet exemple, chacun ajuste sa conduite en fonction de l’indicateur de vitesse, de niveau d’huile, de température du moteur. L’ensemble de ces indicateurs apportent une information à celui qui agit. Ils sont conçus pour orienter l’action.
Toute activité industrielle fonctionne sur ce mode avec de surcroît, des alarmes qui se déclenchent si les résultats mesurés dépassent une valeur considérée comme risquée et supposent une intervention spécifique.
La mesure est au centre du travail pour le réguler, le piloter à bon escient et le déploiement d’indicateurs dans cet esprit présente à l’évidence des vertus.

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KPI

Un mot du travail, acronyme anglais pour ICP, Indicateur Clé de Performance

Indicateur se dit KPI dans le discours moderne du management. Prononcer KaPiHaï  en un seul mot, que ce soit dans le monde de l’entreprise ou dans le domaine plus large de la gestion. Le KaPiHaï est aujourd’hui sorti du secteur privé pour venir contaminer la fonction publique en vue de mesurer, à cet endroit aussi, le déroulement des activités dans le sens attendu.
Indicateur se dit aussi indic du côté de la police. C’est celui qui renseigne, qui permet par les informations qu’il révèle, de venir à bout d’une investigation et de résoudre une énigme. Son statut est parfois ambigu car il  peut agir dans l’ombre, dans une  forme d’ambivalence jusqu’à, dans certains cas, la frontière de la légalité. Il s’appelle alors mouchard ou balance. Il faut bien reconnaître cette partie obscure de l’indicateur pour ne pas se faire prendre au piège de la magie apparente de cet instrument censé renseigner et guider l’action.

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Encadrement de proximité ou manager ?

Ni l’un ni l’autre dans les récits de travail. Ce sont pourtant des mots du travail.

Dans les récits de travail publiés sur notre site, les signataires utilisent rarement le terme “management” pour désigner leur hiérarchie, leurs subordonnés ou la manière dont leur organisation fonctionne. Quand ils le font, ils sont cadre dirigeant ou médecin chef de service, ou experts, notamment RH, syndicaliste ou étudiant intérimaire. Avec le mot “manager” (verbe ou substantif), on n’élargit guère ce petit cercle. Nos narrateurs préfèrent de loin les mots “organisation”, “chef”, “cadre” ou “responsable”. Ils ne sont pas fans non plus de “hiérarchie”. Est-ce une manière d’affirmer de l’autonomie dans leur travail ?

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Perruque

Un mot du travail en voie de disparition

Dans le langage de l’atelier, la perruque est une activité cachée. Celle de salariés qui travaillent pour leur propre compte, pendant leurs heures de travail, avec les matériaux et l’outillage de l’entreprise. On dénomme également perruque le produit fini, le bénéfice qui est retiré par le perruqueur. Selon les métiers et les régions, on entend parler de bricole, pinaille, bousille, casquette… L’histoire est souterraine, entre dissimulation et tolérance, entre vol de temps et compensation d’un salaire jugé trop faible, entre labeur et loisir, habitudes et transgressions, individualité et appartenance au groupe.

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