Il y a télétravail et télétravail

Frédéric, responsable marketing dans une société informatique

Parole du 6 mai 2020, mise en texte avec Roxane

Avant le 17 mars, au début de l’épidémie, ceux qui avaient des enfants pouvaient rester à la maison et les autres travailler sur place. Mais à partir du 17 mars, jour du confinement les bureaux ont été fermés et tout le monde a dû s’installer à la maison.

Ma société informatique, installée près de Nantes,  développe des logiciels graphiques pour aider les entreprises à décrire leur organisation et leur système d’information, ou concevoir des systèmes complexes tels que des trains ou des satellites. Je suis responsable de l’équipe marketing, notre rôle consiste à définir les messages autour des offres que l’on commercialise, de construire les supports de communication : sites web, plaquettes …, et de gérer les  évènements : conférences, salons, webinaires …, auxquels nous participons ou que nous organisons. Je  travaille en amont avec les services qui développent les logiciels afin de veiller à l’adéquation entre  produit et attentes des clients et utilisateurs. Les réunions se font en présentiel, autour d’une table mais  très régulièrement une personne ou deux sont à distance, selon les circonstances, soit parce qu’elles sont en télétravail, soit parce qu’elles sont basées dans une autre ville. Chaque semaine, je  participe aux réunions commerciales. On est sept, dont deux commerciaux qui travaillent à Toulouse et Paris. Et pour cette réunion, même ceux qui sont à Nantes, tout près donc, participent en visio. Il peut m’arriver aussi ponctuellement, pour des contraintes personnelles, de travailler depuis chez moi alors que j’habite tout près des locaux de mon entreprise. Chacun chez nous a cette possibilité quand ça l’arrange. Comme vous le voyez, j’avais déjà l’habitude avant le confinement, de travailler à distance, de chez moi ou depuis mon  bureau, avec des gens à Vancouver, Toulouse, Paris et des collègues en télétravail chez eux.  Tous les outils en place sont opérationnels à cet effet. Même la communication entre collègues, dans le même lieu, se fait souvent par écran : il nous arrive de ne pas être tous dans la même salle pour faire une réunion. Grâce à un système de visio et de canaux internes on peut créer autant d’échanges  qu’on le veut, soit au sujet du travail soit sur des motifs plus conviviaux, des conversations libres auxquelles on peut assister ou non. On a un canal sport, par exemple. N’importe qui peut créer un canal sur un sujet de son choix. 

Pendant le confinement, je travaille depuis chez moi, dans une pièce que j’ai pu aménager pour y être seul. J’ai trois filles. La plus grande est en école d’ingénieur, l’autre en 3° et la petite dernière en primaire. Elle, a besoin de nous.  Mon épouse, qui travaille  dans un magasin, a été mise en chômage partiel, elle est plus présente que moi pour les filles lors des activités scolaires. J’habite une maison dans laquelle j’ai un espace à moi, avec  jardin, à dix minutes en voiture du bureau. C’est calme. Ici, je dois dire, les journées sont plus courtes. D’habitude au bureau je commençais à 8 h 30 pour accompagner les filles au car.  À la maison je m’installe à 9 h, parce que la plupart des collègues  commencent  à 9 h.  Je ressors dans la matinée pour dire bonjour à mes enfants et à ma femme. Vers  12 h 30 je fais à manger ou bien … c’est déjà prêt. On prend le repas  en famille, ce n’est pas  le cas d’habitude, et vers 14 h je reprends. Je m’accorde  une petite pause dans l’après-midi. Le soir, j’ai tendance à rester plus au bureau. Ici à la maison je coupe avec  le travail plus facilement. Cela fait que ma participation aux tâches domestiques ne change pas beaucoup. En temps normal, comme mon poste n’est pas très loin,  je rentre déjeuner chez moi et  j’ai l’habitude de préparer le repas de midi.

Quant aux contenus de mon travail, la relation client, rien n’a changé. Sinon que je ne vois plus mes collègues en direct, je ne me déplace plus pour poser une question à un untel dans un autre bureau ou lors d’une pause café. Dans mon équipe, on est  cinq dans le même lieu. C’est  pratique et plus naturel de pouvoir dialoguer en direct. C’est moins facile maintenant. En télétravail à la maison, quand je communique avec mes collègues, j’utilise tous les outils de contact numérique que nous avons déjà, jamais le simple téléphone. Tout se fait par le système de Visio de l’entreprise. Tout se passe sur écran.  Au final, même si mes journées sont plus courtes, elles sont plus denses, avec les yeux rivés sur mes écrans en permanence, même pour discuter avec mes collègues. En tant normal, le fait de changer de bureau pour aller voir un collègue, ou tout simplement tourner la tête pour discuter directement avec un collègue du bureau permet de respirer. En télétravail tout passe par une petite fenêtre dans laquelle on ne voit que le visage de face de notre interlocuteur. On le sait, dans un dialogue en présentiel, des tas d’informations passent aussi par la gestuelle, les regards, les attitudes, les  postures. 

Aujourd’hui la situation change, mon épouse a repris dans son magasin, elle prépare le déconfinement de lundi 11 mai. Pour moi, c’est différent. La consigne a été donnée à ceux qui le peuvent de rester chez eux et à ceux que cela arrange de venir au bureau. Moi je suis mitigé, d’un côté j’ai la chance d’être dans un environnement sympa, un espace à moi séparé, à la campagne. Je profite du printemps et de ma famille. On est cinq à la maison, je ne suis pas tout seul, j’ai des voisins que je peux croiser, je discute, je ne me sens pas  isolé. Je ne souffre pas du confinement tout en étant conscient que ce n’est pas  pareil pour tout le monde. D’un autre côté le fait de ne plus voir les collègues, en direct, me manque. Lorsque la possibilité sera donnée de revenir au bureau, je pense que j’y retournerai car je préfère être dans un environnement professionnel plutôt que de l’importer à la maison. Mais j’ai aussi pris un certain plaisir à travailler depuis chez moi. Probablement que je m’arrangerai pour faire plus souvent du télétravail. Là où c’était exceptionnel, avant le confinement, je pense que j’aimerais y consacrer au moins un ou deux jours par semaine de manière régulière. Mais pour le moment, on ne sait pas  trop comment cela va se passer. On navigue à vue. Il est possible que je sois amené à changer mon organisation, la semaine prochaine, je vais prendre le  relai scolaire avec la plus petite, elle ne retournera pas à l’école.

 Parole de Frédéric, le 6 mai 2020, mise en texte avec Roxane

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