Parole du 15 novembre 2020, mise en texte avec Roxane. Post-scriptum au texte de Véronique du 15 Juin 2020 : “gérer des payes dans la cacophonie de la crise sanitaire”
Au premier confinement le président de la République avait balancé : «Tout le monde reste à la maison, en télétravail ou pas». À la suite du déconfinement, autour du 11 mai, j’ai repris le travail complètement au bureau. À mon grand soulagement. Au deuxième confinement le même président a dit : “Tout le monde travaille, avec une option sur le télétravail si c’est possible”. C’est devenu une obligation. Sauf pour les entreprises industrielles, métallurgiques et artisanales.
Dans notre branche, nous avons édité une charte télétravail. Je gère un service de paie, si bien que durant les périodes intenses, du 26 du mois au 15 du mois suivant, les employés viennent au bureau au moins trois jours et restent deux jours en télétravail. Les autres semaines, ils sont en télétravail pendant quatre jours et passent une journée au bureau. La charte distingue plusieurs cas : ceux qui n’ont pas de matériel informatique performant, ceux qui ont des problèmes avec la solitude, ceux qui n’ont pas beaucoup d’expérience et qui ont besoin d’être encadrés. Les managers peuvent rester au bureau, c’est ce que j’ai choisi pour ma part.
Donc rien ne change pour moi, je vais au bureau chaque matin et je rentre chez moi le soir.
En ce qui concerne les demandes de chômage partiel, qui nous avaient créé moult problèmes lors du premier confinement, tout est devenu plus facile dès lors que nous avons eu les codes d’accès aux services gouvernementaux et que ces derniers, par ailleurs, sont moins surchargés et répondent à nos appels.
Les entreprises n’ont pas fermé comme la première fois, hormis la restauration, le tourisme, l’hôtellerie, les petits commerçants. Les écoles sont ouvertes, plus d’arrêts pour garde d’enfant. Non, ce n’est pas le même confinement ! Donc, tout va mieux pour nous. Ça roule.
Sauf que beaucoup d’entreprises sont en très grande difficulté et certaines déposent déjà le bilan. Dans mes clients, j’ai une commerçante qui a commandé les collections d’hiver avec 50.000 euros à la clé. Cela risque de lui rester sur les bras. Des restaurants, pour répondre aux protocoles sanitaires, ont installé des plexiglass et bouleversé leur surface pour distancer les tables. Les auto-écoles ont acheté des housses spéciales pour les sièges qu’ils changent souvent, le gel, les masques… Ils sont de nouveau en arrêt de travail. Ça leur a coûté cher en euros et en espérance !
Un autre client travaille avec toute sa famille, dans son resto. Il a été obligé de désinscrire son fils de l’école de formation, devenue trop chère.
Mes clients sont énervés, ils ne veulent pas des propositions d’aide de l’État. Des aides, certes, qu’on ne trouve pas dans les autres pays européens, mais qui ne servent qu’à payer leurs salariés, mais pas le reste : les loyers, les fournisseurs… Ces entrepreneurs sont des travailleurs, qui veulent travailler !
Beaucoup d’entre eux pensaient que ces investissements leur permettraient de retravailler.
Ils sont dans une panade terrible, un marasme financier et humain.
Par ailleurs, en tant que prestataire de service, nos clients sont les entreprises. D’ici l’année prochaine, je pense qu’on va en perdre beaucoup. C’est l’effet maillon de la chaîne économique.
Parole de Véronique, du 15 novembre 2020, mise en texte avec Roxane