Mars – octobre 2020
Nous en étions convaincus, rien ne valait l’intimité d’une vraie rencontre pour faire émerger la parole des travailleurs, parler de son travail n’allant pas de soi. Et le confinement de mars est arrivé. La Compagnie Pourquoi se lever le matin ! s’est ainsi créée autour de nos téléphones, de nos écrans, et dans l’urgence de donner la parole au travail.
Déposer les statuts d’une association, organiser son assemblée générale, créer un blog, se prêtent bien au travail à distance. Discuter de notre travail, qui consiste à donner la parole … au travail, nous avons dû le faire aussi à distance, chacun depuis son territoire. Une entraide naturelle s’est mise en place au sein de la Compagnie : « tu manques de temps, si tu m’envoies le fichier audio de ton entretien, je peux te le transcrire ». Nous avons beaucoup discuté de notre travail d’interview et de mise en texte, chacun ayant sa manière de faire. Nous avons pratiqué des relectures croisées, activité demandant de construire des retours pour une personne précise : l’écrivant, c’est à dire le membre de la Compagnie qui a écrit le texte à partir de l’interview du narrateur. Au final, c’est cet écrivant qui décide de ce que l’on publie, après s’être mis d’accord avec le narrateur. Nos récits sont ainsi signé “parole de : prénom de l’écrivant, mise en texte avec : prénom du narrateur”.
Nos réunions « zooms » hebdomadaires étaient économes, en euros et en carbone. Elles étaient aussi une précieuse fenêtre ouverte sur nos lectures respectives, nos contacts épistolaires, nos projets… bref, sur le monde. Le 30 mars, nous avons écouté le texte d’Annie Ernaux « Monsieur le Président, je vous fais une lettre ». Dans la foulée, nous avons lu le contre-journal de confinement de Maryam Madjidi. Toutes deux parlaient si bien de ce que nous étions en train de faire : donner la parole à ceux que nous applaudissions le soir de nos fenêtres. Ils sont personnels hospitaliers, aide à domicile, ambulancier, facteur, ouvriers à l’usine, employés dans le commerce, technicien sur les voies du tramway… Leurs récits sont publiés dans le dossier Crise Sanitaire. Le travail à distance, bien qu’il ne concerne qu’un tiers de la population active, méritait une lecture transversale, sans pour autant laisser tomber le travail des « premiers de corvée ». Alors, nous avons regroupé ces textes dans le dossier Travailler à distance. Nous arrivions au 1er mai, avec « Un p’tit brin de muguet ? », et une chanson des « goguettes en trio mais à quatre”, pour se remonter le moral.
Une bonne nouvelle est arrivée avec la trêve estivale : le recueil de textes que Pierre avait lancé à l’automne, avec les soignants du pôle oncologie de la clinique de St Nazaire, allait pouvoir être édité en livre. Les financements étaient en bonne voie. Nous avons alors décidé, en accord avec l’éditeur, de publier au fil de l’été 20 extraits de ces textes sur notre site. Manière aussi pour nous de mettre le travail réel en écho au « Ségur de la santé ».
Septembre, la déferlante attendue de télétravail n’a pas eu lieu. Tous les travailleurs étaient priés de reprendre le chemin du boulot, physiquement. Nous travaillons sur une conclusion de notre chantier Travailler à distance : publier les textes en cours et en faire une synthèse. Octobre, la deuxième vague épidémique arrive. Plus question de clore ce chantier, la synthèse finale devient un billet intermédiaire sur ce que nous avons appris au fil des récits de travail à distance.
Nous appliquant à nous-mêmes ce que nous proposons aux narrateurs, nous livrons ci-dessous quelques paroles de travail de compagnons
En direct sur Zoom : comment créer un collectif sans se voir
Ce qui m’a le plus surpris, finalement, c’est la création de La Compagnie en tant que collectif de travail. Surpris et bouleversé… J’avais des a-priori sur le télétravail, même s’il ne m’était pas inconnu puisque je l’avais pratiqué et autorisé au cours de mon activité professionnelle. Mais j’avais toujours pensé que ce n’était qu’un pis-aller qui ne permettait vraiment pas le travail collectif, qui ne permettait pas de préserver les collectifs de travail !
Le confinement et le Covid ont bousculé nos plans de construction de La Compagnie : nous devions nous rencontrer à Paris entre futurs compagnons – pour moi pour la première fois – nous découvrir et nous apprivoiser en partageant nos points de vue et en apprenant à nous connaître. Tout cela est tombé à l’eau et pourtant l’association a été créée, les statuts déposés et les premiers travaux engagés sans attendre.
Et sept mois plus tard, La Compagnie existe, la complicité en son sein aussi. Nous savons nous donner des coups de main, nous remplacer si nécessaire, nous compléter, en bref construire ensemble un point de vue collectif fait de l’assemblage de travaux singuliers et personnels. Finalement je dois constater que nos « visios » régulières, nos échanges de mails, nos échanges téléphoniques m’ont permis d’intégrer un collectif, plutôt de participer à la création d’un véritable collectif dont je me sens réellement partie prenante et que je retrouve régulièrement avec un très grand plaisir. Malgré les images tremblotantes ou saccadées, les gros plans ou les paysages, les plongées ou contre-plongées, les coupures périodiques, j’ai l’impression de connaître tous les compagnons comme si nous avions construit notre collectif, dans des réunions « physiques », par des échanges individuels devant la machine à café, par des coups de main informels. Et de m’en sentir solidaire comme dans un collectif.
Finalement cette expérience bouleverse mes idées reçues sur le travail à distance, même si je ne peux m’empêcher de penser que le travail, plus que jamais collectif, exige aussi une proximité physique.
Olivier
Dix-huit heures, l’heure du rendez-vous sur Zoom : “Salut, la compagnie!”
Dix sept heures quarante cinq : préparer la tablette, y brancher les enceintes de mon ordinateur principal qui va juste servir à afficher la page de la Compagnie. J’ai relu les derniers mails, révisé les textes mis en ligne, pris quelques notes pour fixer trois ou quatre idées, deux ou trois questions à ne pas oublier.
Dix-sept heures cinquante-neuf : je clique sur le lien envoyé par Olivier. Le visage de ce dernier s’affiche sur l’écran. Il est sérieux derrière ses lunettes, dans la lumière jaune de son bureau. Salut amical. Bientôt, apparaissent Martine que sa caméra n’arrive pas à cadrer, Jacques, imperturbablement installé à sa table de travail, Roxane sous son plafond aux poutres apparentes, Pascal derrière qui apparaît une gravure énigmatique, François en plan serré, Vanessa dans un endroit indéfinissable et Christine en gros plan. C’est elle qui va dérouler l’ordre du jour. On est contents de se retrouver autour des sujets qui nous occupent.
J’ai mis l’écran en mode multi-fenêtres. Étrangeté d’une situation où j’ai la sensation d’être à la fois spectateur et acteur. Mes paroles, qui résonnent chez moi, n’ont pas le même timbre que celles des compagnons serrés sur ma tablette. Intervenir dans le fil de la discussion ressemble à une intrusion dans un cercle réuni ailleurs, loin du lieu où je me tiens. Mais je m’aperçois dans un coin de l’écran. Qu’est-ce que je fais là-bas alors que je suis ici ? Je me vois parler. C’est gênant. Je regarde ailleurs, essaie de me concentrer sur mon sujet, sors du cadre sans le faire exprès. J’ai du mal à savoir qui me répond. Qui parle ? Quelqu’un lève la main devant sa caméra pour demander la parole. On la donne… Par moments, il m’arrive de glisser un mot comme pour me parler à moi-même. Mais l’ordinateur ne fait pas la différence et retransmet tout indifféremment, y compris l’image de mon chat qui vient quémander une caresse. Cela donne des instants un peu cacophoniques. Mais on prend le temps. Rien ne presse. Si l’écran et le micro fonctionnent comme des filtres, faisant obstacle à la communication directe, ils servent aussi à focaliser, obligent à écouter jusqu’au bout.
Il est vingt heures. Rendez-vous est pris pour une prochaine visioconférence. En attendant, il y a de quoi faire… Salut à tous. Je coupe la connexion et me retrouve en tête à tête avec mon ordinateur.
Pierre
Notre rêve : rendre le travail plus visible dans le débat public
J’aimerais ici donner mon point de vue personnel sur ce que je ressens de mon activité au sein du groupe. En fin de compte, que faisons-nous à La Compagnie ? De l’information sur le travail réel, à la manière des reportages des journalistes ? Des entretiens pour approfondir et dévoiler les mystères du travail à la manière des sociologues ? De la littérature, en rédigeant des récits de travail à partir des mots de ceux qui nous confient ce qu’ils savent de leur activité ? En fait, rien de tout cela. Notre objectif est à la fois plus modeste et plus ambitieux. Nous poursuivons le rêve de faire parler de leur activité, en rendant leurs propos lisibles et intéressants pour quiconque, les gens que nous rencontrons. Des propos tenus à la première personne. Avec le rêve secret qu’à travers les textes publiés ce soit le travail réel qui s’exprime à travers leurs mots. Un rêve un peu fou… Les ergonomes savent bien que l’activité ne peut ainsi se dévoiler parce que ceux qui travaillent “ne savent pas ce qu’ils font”… Les psychanalystes en ajouteront une couche en mettant l’accent sur les processus inconscients à l’œuvre dans l’activité qui peuvent masquer une partie de celle-ci, dans des processus de défense par exemple. Nous nous mettons, malgré tout, délibérément “du côté du travail”, en sachant pertinemment que l’expression de celui-ci est difficile, voire impossible. Mais c’est notre “trip”. Chacun ses addictions… Et avec le secret espoir que, ce faisant, le travail réel entrera un peu plus dans le champ du débat public. Les observateurs les plus pertinents, pensons à Pierre-Yves Gomez ou à Alain Supiot, disent que le travail réel a disparu des écrans parce qu’à l’ère de la financiarisation et de la division internationale du travail sous l’égide des multinationales, celui-ci est devenu une marchandise (ce que l’on sait d’ailleurs depuis Marx, mais le phénomène s’est généralisé). Quant à ceux qui travaillent, ils sont devenus du “capital humain”. La vitrine du travail, malheureusement aussi pour les organisations syndicales, c’est l’emploi, pas le travail, dans une situation où le chômage modélise le champ. Alors, avons-nous fait progresser la visibilité du travail dans le débat public ? Aux visiteurs de notre site, aux abonnés de notre compte Twitter, à ceux de notre compte Linkedin de le dire. Les petits ruisseaux faisant, on le sait, les grandes rivières…
Jacques
Le travail comme “cure de jouvence »…
Ce projet de créer une compagnie m’a tout de suite enchantée.
Quelle plus belle manière que de faire ensemble pour valoriser et faire reconnaître tout ce travail dévalorisé, malmené sous couvert de tripalium !
Alors go : créons, inventons, accordons nos subjectivités faites de nos parcours, de nos âges, de nos métiers respectifs pour mettre en commun.
Le travail c’est l’amour rendu visible a écrit Khalil Gibran. Dans cette compagnie, l’entraide, l’humour, la critique constructive sont de mise. Notre travail c’est de faire avancer ce dernier en le mettant sur le devant de la scène et de faire sortir de l’ombre tous ceux et toutes celles qui, en coulisse, le font jour après jour avec passion, non sans interrogation.
Oui! Les conditions de travail peuvent être délétères, mais le travail, ce travail réel, lui est développemental, il est bon pour la santé, un peu comme une cure de jouvence.
Mettre en récit, mettre des mots sur tous ces savoir-faire, ces expertises, c’est de mon point de vue, mettre sur le devant de la scène le travail humain,
La compagnie est comme un corps de métier qui œuvre sans plus de prétention à diffuser un message : la centralité du travail dans nos vies. Le travail sous toutes ses formes…
Vanessa
Une brève carte postale de la Ferme des lettres.
C’est dans une petite salle que Yvan, le libraire de Lafrançaise, village du Quercy, nous a accueillis vendredi soir. Trois ou quatre chaises attendaient les trois ou quatre auditeurs. Pas plus, peut-être moins, venus nous écouter Martine et moi. Dans le cadre de notre résidence d’auteur nous avions accepté de faire une intervention pour clore cette semaine d’écriture pour le moins prolixe. Expérience étonnante.
Nous avions convenu que nous parlerions à tour de rôle, entre autres choses de La Compagnie Pourquoi se lever le matin ! Dans la journée j’avais préparé des arguments en allant revisiter notre site. Et en m’écoutant parler, j’ai pris conscience que je partageais avec mes compagnes, compagnons au moins une valeur, sinon plus, le travail. Le travail comme un développement de soi, comme lieu de socialisation et de production de biens ou services destinés aux autres. Le travail qui, pour être autre chose qu’une répétition de tâches harassantes et destructrices, demande de la reconnaissance verticale et horizontale.
Mais ce n’est pas tout, j’ai revécu ce que je vivais lors des rencontres Zoom. Dès que j’ai pu maîtriser cette foutue machine, c’est -à -dire faire en sorte que le wifi arrive correctement sur ma tablette. Cela a demandé le temps de chercher, d’acheter et de programmer l’appareil qui va bien … Alors j’ai pu converser avec les compagnons… Alors s’est posée la question : où est ma place ?… Alors j’ai vu Christine initiatrice qui pilote, Pierre, Olivier, Jacques, François qui produisent des textes de réflexion, des liens, des citations et que sais-je encore. Et moi ? Qu’est-ce que j’apporte à la compagnie? Qu’est-ce que je peux donner en temps ? Autant de questions chargées de culpabilité. La seule réponse satisfaisante que j’ai trouvée c’est de faire accepter et accepter moi-même que ma place, mes actions, dans cette compagnie ne peuvent être que celles de produire des textes-entretiens et d’être présente le plus possible aux « Zoom », puisque maintenant je peux donner à voir aisément mon plafond à la française (sic).
Roxane
Entrer dans le cercle en mode 2.0
….la seule façon de lutter contre la peste, c’est l’honnêteté. […] Je ne sais pas ce qu’elle est en général. Mais dans mon cas, je sais qu’elle consiste à faire mon métier.» Albert Camus, La peste, p. 151
Dans un univers professionnel dont le leitmotiv était : « Il y a les missions techniques et les besognes administratives » (sic), j’ai eu très tôt une responsabilité de fait : celle d’accompagner des équipes de secrétaires-assistantes. Celles-ci étaient confrontées aux exigences, souvent contradictoires, d’ingénieurs dont elles ignoraient la réalité de leurs activités. Quelques modestes initiatives : visites d’une cave coopérative modernisée, d’un barrage écrêteur de crues… ont permis à ces secrétaires-assistantes de saisir un peu le sens de leur travail quotidien. Plus tard, j’ai eu l’opportunité d’analyser le travail d’une grande variété de métiers présents au sein du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation et de faciliter l’identification de leurs futures missions. Parallèlement à ces études de prospective, j’ai eu la chance d’être intégré à une équipe de recherche dédiée à l’analyse du travail dans les organisations productives. Ce collectif pluridisciplinaire demeure encore aujourd’hui pour moi un lieu « ressource » particulièrement fécond.
L’invitation de Jacques à rejoindre « La Compagnie… » ne pouvait donc que susciter mon accord. Mettre en confiance, non seulement pour écouter mais pour comprendre les tours de main qui permettent à celles et ceux qui travaillent de faire face au quotidien, n’est-ce pas la posture d’un chercheur en sciences sociales qui s’emploie à appréhender la singularité du travail d’autrui et à la faire connaître ?
Le confinement m’a contraint à remplacer les rencontres en « face à face » par des échanges à distance. Grâce au protocole d’entretien, la confiance s’installait aisément. Pour ma part, je n’ai pas ressenti de gêne particulière d’autant que j’avais pratiqué plusieurs fois dans ma carrière cette modalité de recueil d’entretiens.
J’ai été confronté, du fait de la crise sanitaire, à un temps de socialisation en mode virtuel. Grâce à « Zoom », j’ai pu rejoindre un cercle stimulant et chaleureux. Cependant «Google Drive » demeure encore un dispositif froid. Point trop de technologies donc !
Ecouter sans voir avec l’exigence de mettre en récit les témoignages recueillis aurait pu être une épreuve. Le confinement a paradoxalement favorisé ces temps où les clameurs du quotidien ont fait place aux bruissements des feuilles de ma cour parisienne.
François
Le dilemme des pronoms : “Je” ou “Nous” ?
Martine est partie quelques jours en résidence d’auteur et m’a passé la main pour travailler avec Corine – directrice d’une maison des associations. Cette dernière a demandé à ce que l’on rabote sérieusement les marques d’oralité dans la première version de son récit écrit. Me voilà tâtonnant, essayant, hésitant, me disant que je vais aller écouter le fichier audio … quand je réalise que Corine ne s’exprime qu’avec des « nous ». Je vais donc peigner les pronoms au fil du texte, et conjuguer en « je » quand il me semble que cela correspond à ce qu’elle exprime.
Le lendemain, nous partageons le projet de texte sur Zoom. Le registre plus formel de l’écriture lui convient. Nous rectifions en ligne deux points que j’avais mal compris. Mais les « je » l’embarrassent. Elle a le sentiment qu’elle s’approprie ainsi le travail de son équipe. Alors nous en discutons. C’est bien ce que j’avais perçu de sa manière de manager le travail. Nous imaginons le lecteur pour qui un « nous » peut être compris comme le point de vue de l’institution plutôt que celui de son travail à elle. Dernier aller-retour. Elle a encore un peu l’impression de s’accaparer un travail qui n’est pas le sien. Finalement, elle me donne son accord pour publier cette version.
Christine
Moi, ce que j’aime, car je suis curieuse, c’est le petit détail
« La Compagnie Pourquoi se lever le matin ! » son titre a vite fait l’unanimité. Il coule de source, pour moi car, en ce qui me concerne, certains matins, je me lève pour aller au travail, ou parfois pour travailler chez moi ; le vendredi, je pars m’occuper de mes petits-enfants et d’autres jours de ma maman ; je me lève aussi pour aller faire du soutien en français, bénévolement ; ou encore pour écrire la biographie de mon père ou travailler sur les textes de la Compagnie.
Le titre de cette association colle très bien à son objet car nous ne rencontrons pas que des salariés mais aussi des étudiants en pleine préparation de concours, des lycéens ou encore des bénévoles qui s’escriment pour donner des cours de qi gong en ligne et, malheureusement aussi, des personnes en recherche d’emploi.
Chacun ses astuces pour trouver son interlocuteur, sa technique pour lui poser des questions, sa façon de faire pour retranscrire l’entretien, le mettre en mot puis demander à un autre compagnon (ou à la cantonade) de relire le texte.
Moi, ce que j’aime, car je suis curieuse, c’est le petit détail qui permettra au lecteur de bien comprendre pourquoi mon interlocuteur se lève, matin après matin, chaque jour de la semaine ou le week-end.
Notre compagnie créée en pleine crise de Corona Virus, rencontrer une personne « en vrai » sera tellement mieux… après ! Les mimiques que je ne vois pas quand je fais ou si peu en visio un entretien par téléphone, les sons autres que les mots (soupir, rire de gorge, froissement du tissu) que je n’entends pas à travers le haut-parleur de mon ordinateur, les traits du visage que je distingue mal (yeux cernés, fossette), et aussi, tout simplement les odeurs, l’attitude corporelle… la main tendue, moite, froide ou chaude. Tant de signes non verbaux et pourtant significatifs !
Quand nous nous réunissons en visio, cette présence me manque aussi. Je ne connais pas tous les compagnons et j’aimerai tant que l’on se réunisse autour d’une table pour partager notre travail, un verre puis un repas.
Martine