De « Que sait-on du travail ? » à « Travailler mieux »

La suite de l’état des lieux, avec des propositions concrètes

Christine Erhel & Bruno Palier (dir.) Travailler mieux, Paris, PUF – La vie des idées, 2025, 221 p, 18 €

« Travailler mieux » vient à la suite du projet de médiation scientifique coordonné par Bruno Palier, dans le cadre d’un partenariat entre Sciences Po et le journal le Monde, qui a donné lieu en 2023 à la parution de « Que sait-on du travail? », état de l’art pluridisciplinaire des connaissances sur le travail, proposant 36 contributions de chercheuses et chercheurs en SHS.
Face aux difficultés rencontrées par les personnes au travail et parce que les travaux académiques identifient aussi des pistes d’amélioration, une deuxième séquence a été lancée depuis l’automne 2024, en partenariat avec la Vie des idées : rassembler des propositions concrètes en faveur de meilleures situations au travail. Le recueil de ces propositions est présenté dans « Travailler mieux », dont François nous propose ici une note de lecture.


Dans l’introdution de « Travailler mieux », Bruno Palier écrit qu’après avoir formulé leurs constats, l’ensemble des contributeurs ont eu à coeur de « souligner les enjeux des transformations du travail liées à la digitalisation ou au changement climatiques » (p. 8). Ces enjeux s’avèrent d’autant plus forts que, par le biais de comparaisons internationales, les constats concernant la France leur apparaissaient plutôt alarmants. Quelles en étaient les causes ?

Continuer à lire … « De « Que sait-on du travail ? » à « Travailler mieux » »

Ouvrière d’usine !

Le livre est paru en 2010 aux éditions libertaires – 10€

 28 novembre, usine, accident. Le livre s’ouvre sur ce titre.
Puis quelques lignes dont voici la première.
«  Toutes les usines ont leurs odeurs. La mienne sent la chaussette sale. »
 Le ton est donné. Petits bruits d’un quotidien prolétaire est construit comme un puzzle, un assemblage de textes courts avec une date, un titre  suivi d’un paragraphe direct, factuel.
Sylviane Rosière a tenu ce journal comme une chronique de son quotidien d’ouvrière. A  à travers ce qu’elle écrit,  se découvrent en creux ses conditions de  vie au travail dans toute leur âpreté. Son usine au jour le jour se révèle dans ce qu’elle vit, qu’elle consigne dans les  brèves vignettes portées par ce qu’on imagine un carnet.
Son récit de travail se lit de bout en bout sans le lâcher, comme si nous étions à côté d’elle, avec ses indignations, ses moments de joie, ceux qui l’entourent comme Olivier «  qui revient  après une absence et qui travaille désormais les mâchoires serrées » ou Fafa  qui «  a apporté des chocolats ce matin ».
Autant d’échos d’un  vie, une vie du dehors une fois la journée de travail terminée, une vie avec les équipes pour répondre aux commandes qui viennent d’arriver, une vie avec  des collègues souvent amis, une vie avec des chefs. 
14 avril
Hier c’était mon anniversaire. Au travail j’avais mis les boissons et les gâteaux sur la table de contrôle. Le patron est passé, il a fait remarquer au régleur  que la table n’était pas un garde-manger.
P 81
Une poésie se dégage de ces pages, pudiques et vraies, sans jamais de jugement alambiqué. Une  parole sans fard par Sylviane Rosière, ouvrière d’usine !

Un recueil de récits du travail de communicant interne publié par l’Afci

Vient de paraitre : « À mots ouverts Tout ce que je veux vous dire sur mon métier, la communication interne »

Illustrés par les aquarelles de Bénédicte Tilloy, ces textes sensibles et incarnés révèlent la richesse et la complexité d’un métier encore trop souvent méconnu ou mal compris.
Le recueil s’ouvre sur un avant-propos de Jean-Marie Charpentier, administrateur de l’Afci, et se clôt par une analyse de Florence Osty, sociologue du travail

Dans le but de mettre au jour et en même temps de comprendre l’évolution de la communication interne et de ceux et celles qui en font leur métier, l’Afci (Association française de communication interne) a impulsé un atelier nommé Récits de métier. Son objectif était clair, sa méthode simple. Il s’agissait d’entrer dans le métier et de révéler ce que signifie travailler en communication interne dans les organisations.

Continuer à lire … « Un recueil de récits du travail de communicant interne publié par l’Afci »

Manager et valoriser les travailleurs invisibles et leur activité

Un amphi-débat organisé le 11 février dernier par l’UODC

Assurer l’entretien quotidien des locaux de la ville de Paris, la gestion du parc automobile, l’achat des tenues de travail des quelque 50.00 agents… telles sont principales missions confiées aux services que dirige Marie-Pierre Auger : Immobilier, logistique et transports de la Ville de Paris.
Lors de sa prise de fonction, elle fait le constat que les personnes qui assurent ces missions essentielles s’avèrent « invisibles » tant pour leurs collègues que pour les Parisiens. Dès lors comment valoriser et encadrer ces agents au statut modeste ? Dans son intervention, Marie-Pierre Auger a mis l’accent sur deux priorités : la connaissance actualisée des activités quotidiennes des personnels et l’identification et la mise en œuvre de formations axées sur la promotion et le perfectionnement professionnel.

Continuer à lire … « Manager et valoriser les travailleurs invisibles et leur activité »

Et si on écoutait les experts du travail ? Ceux qui le font.

Alain Alphon-Layre intervenait lors du dernier amphi-débat proposé par l’UODC

Nos sociétés post-industrielles demeurent plus que jamais taraudées par la hantise du chômage et par le développement de « zones grises » du salariat, sources d’inégalités et de précarité. Aussi, à juste titre, les organisations syndicales y consacrent-elles l’essentiel de leurs engagements. Mais quid du contenu travail ? Faut-il valider inconditionnellement les termes de la subordination qui prive les salariés de toute initiative sur le sens et les modalités concrètes de leurs activités ?

Continuer à lire … « Et si on écoutait les experts du travail ? Ceux qui le font. »

Travailler sans patron – Mettre en pratique l’économie sociale et solidaire

Note de lecture

Folio 2024 9,40 €

En 1979, lors d’une conférence internationale sur l’autogestion Albert Meister dont l’autorité sur cette dynamique socio-économique était incontestée affirmait : « Je voudrais d’abord rappeler la dégradation extrêmement rapide de l’égalité dans toutes les expériences d’autogestion. [ … ] Malgré la formation de leurs membres, malgré l’animation et toutes les démarches de pédagogie nouvelle, malgré toutes les règles pour empêcher l’institutionnalisation, cette répétition des rapports sociaux de la société plus vaste se reproduit, se refait continuellement »[1]. Or, symétriquement, il observait que cet idéal égalitaire demeurait particulièrement présent.

Continuer à lire … « Travailler sans patron – Mettre en pratique l’économie sociale et solidaire »

“Pour les faits”de Géraldine Muhlmann

Le récit plutôt que le discours – note de lecture

Le livre de Géraldine Muhlmann “Pour les faits” est le lauréat de l’édition 2024 du prix du livre de l’Association Française de communication interne, l’Afci, partenaire de la Compagnie Pourquoi se lever le matin!

Éditions Les Belles Lettres 2023 – 9.90€

Dans un monde qui se “virtualise”, Géraldine Muhlmann en appelle à conserver un socle permettant de fabriquer du commun : les faits. Comment ? En ayant une approche fondée sur l’impartialité, celle qu’ont adoptée les journalistes depuis la création des grands journaux américains puis européens à la fin du XIXième siècle.

 Pourtant, la tendance semble être à une approche relativiste des faits, sur les réseaux sociaux notamment : “à chacun ses faits”. Chacun dans sa bulle, avec ses “amis” qui pensent la même chose que soi, on peut aller jusqu’à fabriquer des “faits alternatifs”(comme le fait l’entourage de Trump). Il y a aujourd’hui sur les réseaux sociaux une pratique à grande échelle des fake news. Au passage, on écarte ce que Max Weber appelait “les faits inconfortables”, ceux qui gênent pour continuer à raisonner en rond. 

Continuer à lire … « “Pour les faits”de Géraldine Muhlmann »

Le bras long du travail : conditions de travail et comportements électoraux

Une étude de Thomas Coutrot démontrant des liens  entre manque d’autonomie ou impossibilité d’agir sur son travail et abstention ou vote FN

La crise de la démocratie peut-elle trouver une part de son explication dans les évolutions du travail,  et pas seulement du côté de l’emploi, du pouvoir d’achat et de la dégradation des services publics ?  C’est la question que pose l’économiste Thomas Coutrot dans cette étude publiée par l’IRES « Le bras long du travail – conditions de travail et comportements électoraux ». La réponse est nette.

Continuer à lire … « Le bras long du travail : conditions de travail et comportements électoraux »

Pour en finir avec le Machin

Les désarrois d’un consultant en management, un livre de Norbert Alter

Notre ami Jean-Marie Charpentier a chroniqué le dernier livre de Norbert Alter dans la revue CFDT Cadres, c’est ici. Nous ne pouvons que vous en conseiller la lecture (de la chronique de Jean-Marie et du livre de Norbert Alter). D’abord, c’est drolatique au possible. Il s’agit d’une fiction écrite à la première personne qui se lit comme un roman. Vous vous y retrouverez forcément, surtout si vous avez eu, de près ou de loin, à subir les affres des solutions toutes faites des « consultants-valises » sur votre lieu de travail. Vous savez, ces brillants sujets, formés dans les business schools ou les écoles d’ingénieurs, qui arrivent dans les entreprises avec des solutions pré-construites,  déjà formatées sous forme de « slides », sans rien connaître du contexte ni de ce que pensent les intéressés de leur activité et encore moins des solutions bricolées qu’ils ont déjà mises en place pour faire le travail …. Et qui font miroiter l’organisation idéale…. Norbert Alter les attend au tournant « au Karcher »…. et, mine de rien, synthétise la plupart de ses découvertes de sociologue.  Un livre distrayant et une véritable œuvre de (grand) chercheur en sociologie. Merci Norbert de cette bouffée de fraîcheur et de science. »

EPR Flamanville, un chantier sous tensions

Note de lecture : comment un grand projet se heurte, entre autres raisons, aux conditions techniques, humaines et sociales de réalisation du travail 

Sous la direction de Jean-Charles Risbec, avec Jack Tord et Jean-François Sobecki – Éditions du Croquant, avril 2023

L’EPR1 de Flamanville bat tous les records. Puissance électrique la plus importante pour un réacteur nucléaire en France, promesse d’une sûreté nucléaire et d’une rentabilité économique accrues, mais aussi allongement considérable de la durée de construction par rapport aux prévisions, médiatisation des malfaçons et inflation des coûts : à l’origine du projet en 2004, la mise en service était annoncée en 2012 mais elle ne devrait avoir lieu, après de nombreux reports, qu’en 2024, si tout va bien ; quant à l’estimation initiale de 3,4 milliards d’euros, elle a été revue à la hausse à de nombreuses reprises ; en 2022, EDF a avancé un montant de 13,2 milliards…

Continuer à lire … « EPR Flamanville, un chantier sous tensions »

Santé et travail, paroles de chômeurs

Note de lecture de cet ouvrage qui va a rebours de bien des idées reçues sur les chômeurs.

Dominique Lhuilier, Dominique Gelpe, Anne-Marie Waser (Sous la direction de), Editions Éres, collection Clinique du travail, Toulouse, 2024, 316 p., 23 €.
Continuer à lire … « Santé et travail, paroles de chômeurs »

J’ai pris une claque

Avec le film Petites mains (sous-titré : La lutte avec classe), sorti le 1er mai, tout un symbole !

Je suis ressortie de la salle le cœur gros comme ça avec l’impression d’avoir reçu une grande claque.

Des histoires parallèles se croisent. Le travail réel des femmes de chambre dans les suites du palace et celui de celles qui font le piquet de grève  devant le palace ; les femmes de chambres, les internes (en CDI) et les externes, (en sous-traitance) ; les amours, les vies de couple, les vies familiales des personnels / personnages ;  la femme de chambre expérimentée (interne), qui jamais ne fait grève et qui doit s’enquiquiner à former une petite jeune qui vient d’arriver (externe), embauchée pour « casser la grève » ; le bagagiste qui a la chance de plus que tripler son salaire car il est en contact avec le riche client (« 500€ pour changer la chaîne de la télé ») et les femmes de chambre, invisibles, qui ne gagnent que 12€ par « unité » de 45 minutes ; le client qui débourse « 16€ pour un coca, 74€ pour un sandwich club de pain de mie » ou l’équivalent, pour une nuit, du salaire annuel d’une femme de chambre ; la « vieille » femme de chambre qui fait tout pour dégoûter la jeune qui vient d’arriver : « Mais qu’est-ce tu fous là ? », sous-entendu, à ton âge, tu ferai mieux de retourner à l’école, conseil que cette dernière finira d’ailleurs par suivre.   

Continuer à lire … « J’ai pris une claque »

Mal travail – Le choix des élites

Un livre de François Ruffin, nourri de paroles qui entrent en résonance avec nos récits de travail

Si l’auteur écrit avec la verve du journaliste, il s’exprime ici à partir de son travail de parlementaire, dans sa circonscription, sur le terrain, et à l’Assemblée nationale sur le sujet de la Branche AT-MP de la Sécurité sociale, avec ses auditions et ses nombreuses lectures. Il y a beaucoup de travail dans ce livre du député-reporter. Puissent tous nos parlementaire et leurs équipes enquêter ainsi et maîtriser aussi finement les dossiers qui leur sont confiés ! Le livre commence par un constat : la fierté craque.

Continuer à lire … « Mal travail – Le choix des élites »

Santé et travail, paroles de chômeurs

Dominique Lhuillier, Dominique Gelpe et Anne-Marie Waser présentaient leur ouvrage le 27 mars dernier au CNAM

Les médias évoquent de manière récurrente les difficultés rencontrées par nombre de branches professionnelles pour pourvoir des emplois vacants. Ils rappellent parallèlement que le taux de chômage demeure en France supérieur à 8% de la population active. « Suffirait-il de traverser la rue », ou de : « Faire le tour des brasseries installées en front de mer pour obtenir un emploi » ? Mais que savons-nous du vécu professionnel et personnel des personnes en quête d’emploi sachant que 40 % d’entre eux ne sont pas indemnisées. Cet angle mort conforte la diffusion d’idées reçues sur leurs situations : ils seraient des « tire au flanc », des « assistés profitant de la solidarité nationale », … Dès lors, ces représentations légitiment aux yeux du grand public le développement de normes destinées à réduire les droits des demandeurs d’emploi à une prise en charge.

Continuer à lire … « Santé et travail, paroles de chômeurs »

Révéler le métier par son récit

La démarche de la Compagnie Pourquoi se lever le matin ! fait école

L’association française de communication interne (Afci) https://www.afci.asso.fr/ qui réunit les communicants internes de nombreuses entreprises françaises vient de démarrer un atelier visant à collecter des récits de métiers de ses adhérents. Vincent Brulois, administrateur de l’Afci, présente ici la méthode de recueil et de production des récits de métier de communicants. Elle est basée sur la méthode mise au point par La Compagnie Pourquoi se lever le matin !

Continuer à lire … « Révéler le métier par son récit »

Mémoire ouvrière en Val d’Aubois – Journal de recherche

Note de lecture

A la lecture du titre, nombre de lecteurs pourront assez légitimement se poser deux questions. D’une part, en quoi un ouvrage destiné à rendre compte d’une  mémoire ouvrière peut-il apporter une contribution significative à un champ dont la bibliographie s’avère fort abondante voire redondante ? D’autre part, où situer le Val d’Aubois ? Dans les Vosges frappées par la désindustrialisation ou dans le Massif central en lien avec l’épuisement de quelque mine ? C’est le sous-titre qui nous éclaire sur l’originalité du propos, conforté dans l’introduction par l’explicitation du projet de Laurent Aucher : « Saisir la sociologie en actes : tel est, me semble-t-il, le premier intérêt de ce carnet » (p.17). L’auteur affirme donc vouloir révéler les conditions très concrètes de son travail de chercheur en sciences sociales. Tel un modeste artisan fier des outils qu’il a lui-même fabriqués, il nous conduit dans les coulisses de son enquête. 

Continuer à lire … « Mémoire ouvrière en Val d’Aubois – Journal de recherche »

Le travail à l’épreuve de la pandémie

Écouter le podcast de la conférence APSE du 12 décembre, visualiser le support de présentation

Le mardi 12 décembre 2023 à Paris au Café du Pont-Neuf mais également en ligne, François Granier a présenté son ouvrage « Le travail à l’épreuve de la pandémie – Scénarios pour demain » paru aux éditions « Raison et Passions », en septembre 2023. Plus de vingt-cinq participants étaient assis à l’étage du Café du Pont Neuf à Paris alors qu’une vingtaine étaient « en ligne ». En introduction, Jacques Viers a présenté les finalités de l’association « La Compagnie. Pourquoi se lever le matin ! » et rappelé ses méthodes de recueil de récits de travail. François a présenté son ouvrage de manière très pédagogique en projetant des extraits des 55 récits de travail qu’il a analysés. Il a aussi évoqué les coulisses de la fabrication du livre avec les membres de la Compagnie et débattu de l’approche sociologique qu’il a utilisée pour construire l’ouvrage: l’analyse culturelle des organisations (Sainsaulieu- Piotet). Il a également discuté les scénarios proposés dans l »ouvrage.

L’enregistrement de la conférence et du débat est en ligne, ici, sur le site de l’APSE. Nous vous proposons de l’écouter en visualisant le support utilisé pour la conférence.
L’ouvrage est toujours disponible : commande en ligne auprès de la Compagnie Pourquoi se lever le matin !

Nous poursuivons le débat lors de la prochaine MasterClass de l’ITMD. Inscription en ligne.

Le travail à l’épreuve de la pandémie

Une interview de François Granier, à lire sur le site de « Non Fiction »

Le vécu des travailleurs, les revendications d’autonomie et les questions qu’a pu susciter le télétravail, les difficultés des entreprises pour répondre à ces évolutions, les « futurs possibles » : 5 questions posées à François, auxquelles il répond dans l’interview publiée ce 7 janvier par le site « Non fiction ».

Le travail à l’épreuve de la pandémie

On en parle sur « Babélio »

 » Le confinement de mars 2020 et les avatars qui lui ont succédé ont généré nombre d’études et de recherches sur la question du travail comme expérience existentielle, comme activité groupale ou individuelle. L’espace de travail, par exemple, s’est imposé comme un objet d’étude de premier plan qui a intéressé les sociologues des organisations, les psychologues du travail, les ergonomes, les chercheurs en sciences de gestion… Les travaux sont pléthoriques sans que tous atteignent pour autant une scientificité à la hauteur de leurs ambitions et prétentions. Dans ce contexte de surabondance éditoriale, la publication le travail à l’épreuve de la pandémie. Scénarios pour demain portée par François Granier, sociologue confirmé se référant au courant de l’analyse culturelle des organisations instituée par le regretté Renaud Sainsaulieu, apporte un souffle inédit au coeur de cette production somme-toute conventionnelle. »

Travail et management : une approche éthique et humaniste

La Fabrique des mondes communs : réconcilier le travail, le management et la démocratie un livre de Pierre-Olivier Monteil

 Ce livre, qui faisait partie de la sélection du Prix Afci 2023 1, est une véritable référence sur le tripode travail-management-démocratie. J’ai été enthousiasmé par sa lecture. L’auteur s’intéresse à la manière dont le management des entreprises influe sur le processus de socialisation des salariés : comment celui-ci peut-il humaniser et émanciper au lieu de déshumaniser et infantiliser, comme il tend à le faire actuellement. Comment pourrait-il contribuer à former des citoyens responsables et participatifs ?

Continuer à lire … « Travail et management : une approche éthique et humaniste »

L’évaluation ergologique. Ce que les chiffres ne montrent pas

Un ouvrage d’Ingrid Dromard.

Une note de lecture proposée par Serge, où l’on retrouve les questions de l’invisibilité du travail réel pour l’organisation et de la vanité de la gouvernance par les nombres. Questions qui traversent le récit de Virginie, agent d’accueil dans une CPAM, le « terrain » de recherche de l’autrice du livre.

Octarès éditions – 26€

Développée sous l’instigation du philosophe Yves Schwartz, la démarche ergologique  se fonde sur un dialogue et une confrontation heuristique entre des savoirs  hétérogènes mais néanmoins commensurables : des savoirs « institués » (académiques) d’un côté ; des savoirs d’expérience, « investis » dans les situations de  travail de l’autre. L’évaluation dite ergologique au cœur de cet ouvrage se réfère à  cette démarche pour montrer ce qui dans l’activité de travailleurs au sein d’une  Caisse d’Allocations Familiales est irréductible aux objectifs chiffrés et aux critères  de la commande publique. C’est sur ce terrain institutionnel que l’autrice a mené une  recherche doctorale dont cet ouvrage est le prolongement. Cette évaluation qualitative se veut complémentaire des évaluations quantitatives ayant cours habituellement  dans les organisations de travail.

Continuer à lire … « L’évaluation ergologique. Ce que les chiffres ne montrent pas »

Pouvoir faire un beau travail – Une revendication professionnelle

Un livre de Jean-Philippe Bouilloud

Editions Érès, 2023, 161 p, 20 €

Quel professionnel n’a pas été, au terme d’une semaine d’activités, traversé par des sentiments opposés. Pour certains, c’est la satisfaction d’avoir pu les réaliser conformément à l’idéal du métier. En revanche, pour d’autres, ce qui domine c’est l’amertume d’avoir dû sacrifier la qualité sous la pression d’une hiérarchie attachée à des procédures obsolètes ou d’actionnaires privilégiant la rentabilité. Pour Jean-Philippe Bouilloud, la crise de sens qui se manifeste par des démissions
mais aussi par un « exil intérieur » (Jaccard, 2010) trouve ses racines les plus profondes dans l’érosion de l’esthétique du travail (p. 8).

Continuer à lire … « Pouvoir faire un beau travail – Une revendication professionnelle »

La rentrée qui n’aurait pas dû avoir lieu

Septembre 2023 : les « faux-départs » à la retraite

Nés entre 1961 et 1965, carrière longue, métier pénible ou épargnant du temps, il va leur falloir cotiser quelques mois supplémentaires pour toucher leur retraite à taux plein. Pour ceux qui avaient anticipé leur départ, il va falloir retourner au travail. Ils ont quitté leur entreprise, pris leur carton d’affaires, organisé le pot, versé des larmes (ou pas) et rendu leurs clés. Leur poste a parfois été supprimé. Pour Olivier et Patrick, la réforme des retraites signifie un retour brutal au travail. Un reportage de Martine Abat à (re)écouter sur France Cuture (29 minutes). C’est dans « les pieds sur terre », une émission sans blabla, qui donne la parole aux personnes.

Ce que révèle le boom des néo-artisans

Un éclairage sur le travail des artisans de Salers

Une quinzaine d’artisans de Salers nous ont confié leurs paroles, mises en récits dans ce dossier. Beaucoup d’entre eux avaient pris ce virage bien avant que l’on parle de la crise du sens du travail, ils en parlent dans leurs récits.The Conversation nous propose un éclairage sur leur travail.

Continuer à lire … « Ce que révèle le boom des néo-artisans »

Pourquoi doit-on encore travailler ?

Débat avec les économistes Pierre-Yves Gomez et Thomas Coutrot, sur les enjeux du travail aujourd’hui

Le Collège des Bernardin, qui a organisé ce débat le 27 avril dernier, en propose la vidéo en ligne sur sa chaîne YouTube. Une heure à la fin de laquelle on se dit : ‘c’est déjà fini! »

Les deux intervenants écornent quelques idées reçues, notamment sur le fait que l’on travaillerait de moins en moins au cours d’une vie, que des outils performants suffiraient à préserver la santé, que les travailleurs ne seraient pas capables d’évaluer la qualité de leur travail, ou que ce seraient les normes qui feraient marcher les entreprises alors que c’est l’activité réelle déployée par les travailleurs, souvent envers et contre ces normes, telles que le taylorisme et ses avatars contemporains.

Continuer à lire … « Pourquoi doit-on encore travailler ? »